Patrick Picard
Ca va vous paraître un peu bête, comme ça, mais figurez vous que cette direction de travail intéresse de plus en plus de gens, et pas parmi les plus bêtes.
Quand on regarde ce qui se pase à l’école, et qu’on cherche à faire mieux (au lieu de tenter de mettre à la porte le plus tôt possible tous ceux qui ne sont pas dans le moule), il y a plusieurs entrées : la didactique tente de comprendre comment faire que les savoirs puissent mieux pénétrer les petites têtes blondes (ou brunes), la sociologie regarde si par hasard certains ne seraient pas plus égaux que d’autres, la psychologie cherche à decrypter ce qui se passe dans la tête de chaque élève…
Mais les enseignants ? Au même titre que les caissiers, les pilotes de lignes ou les ambulancières, il doit bien se passer quelque chose dans leur tête à eux, pour qu’ils puissent supporter sans mollir les 6 heures en présence d’élèves braillards et indisciplinés, engager des rapports supportables avec leurs collègues de travail, se débrouiller avec leur maire, leur inspectrice, les parents d’élèves…
Les personnes savantes qui observent et théorisent tout ça appellent ça du nom bizarre d’ergonomie (ou de pyschologie ergonomique). En entendant ce mot là, on pense plutôt à la meilleure manière de fabriquer des sièges confortables ou des postes de travail adaptés aux travailleurs. Ben justement, c’est de ça que ça parle, l’ergonomie : d’adaptation du travailleur à tout ce qu’on lui demande de faire, pour que ça soit vivable.
Le papa de la discipline en France, il s’appelle Clot. Ou Leplat. Ou Durand. Ou Rabardel. Ou Amigues. Ou Faïta. Peu importe, ce ne sont pas des gars fiers. Vous pouvez retrouver l’histoire sur
http://www.ergonomie-self.org/spip/accueil.php3
Qu’est-ce que ça travaille pour ce qui est des enseignants ? Qu’au lieu de les considérer comme des réactionnaires à toute nouveauté, comme incapables de changement, il faudrait mieux commencer à s’intéresser à ce qu’ils font. A leur activité. Pour ça, les chercheurs inventent tout un tas d’outils, à partir d’entretiens, d’enregistrement, de vidéos, pour leur faire raconter ce qu’ils font, pourquoi ils le font, comment ils le font. Le pari, c’est qu’en réunissant plusieurs personnes qui font le même boulot, et en les accompagnant correctement avec quelqu’un de compétent (qui ne va pas jouer la psychanalyse sauvage sans le dire…), on va progressivement leur permettre d’élucider, de théoriser ce qui les rassemble, ce qu’ils font tous pareil (les pros appellent ça le genre) et aussi ce qu’ils font différemment, selon leur âge, leur expérience, leur engagement : leur style
En Français sérieux, c’est écrit ici :
http://www.cahiers-pedagogiques.com/art_imprim.php3?id_article=400
Côté enseignant, ça change un peu le rapport à la formation. Qui n’a pas vu rosir de plaisir une salle d’enseignants entrain d’écouter Frédéric Saujat (pas un père, plutôt un fils qui aurait réussi) n’a rien vu. Son propos ? « Quand vous demandez quelque chose à un enseignant, demandez-vous plutôt ce que ça lui demande… »
Quand il l’explique sérieusement, ça donne ça :
http://www.snuipp.fr/article2749.html
Alors, au Café, on a décidé de regarder de près cette histoire, juste pour creuser si ça ne pourrait pas être une piste féconde. Attention, n’allez pas croire que tout ce que vous avez croisé sous le vocable « Analyse de pratiques » soit de cette famille. Justement, il semble qu’il y ait parfois un mot qui désigne des choses bien différentes.
Du coup, le Café va essayer de vous rendre compte d’un séminaire (mot sérieux signifiant « rendez-vous à intervalles réguliers pour creuser un sujet ») organisé par l’INRP sur le « travail enseignant ».
Vous pouvez déjà regarder le menu ici :
http://ep.inrp.fr/EP/r_actualites/i18nlayer.2005-07-07.2442046913/fr
Et voir une première contribution là :
On en recause, promis.