Coronavirus
Alain Bouvier : Avec le Covid-19, la privatisation de l’éducation ?
L’Ecole pourra t-elle rester comme avant après le Covid-19 ? Auteur d’un article précurseur au moment de la pandémie du H1N1 en 2009, Alain Bouvier, ancien membre du HCE, rédacteur en chef de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, analyse les effets que pourrait avoir le Covid-19 sur l’Ecole. Pour lui, c’est la fin de l’éducation nationale uniforme et un grand pas vers la privatisation.
Continuité pédagogique : A quoi joue JM Blanquer ?
Les vacances d’été vont-elles être amputées ? Alors qu’il a été incapable de préparer le système éducatif à la fermeture des écoles et a du se dédire régulièrement, alors que le suivi des élèves ne repose que sur la bonne volonté et l’investissement personnel des enseignants, JM Blanquer multiplie les propos provocateurs envers les enseignants. Propos qui commencent à se transformer en circulaires sur le terrain.
La réduction des congés d’été rendue possible par la loi d’urgence
Les propos de JM Blanquer le 18 mars évoquant la possibilité de réduire les vacances d’été suite à l’épidémie sont-il si hypothétiques que cela ? La mise en place du confinement et la loi d’urgence en débat en ce moment à l’Assemble ouvrent de nouvelles perspectives.
Une année blanche pour l’Ecole ?
La réouverture des écoles c’est en mai ou en juin ? C’est la question que se pose le recteur d’Aix Marseille, Bernard Beignier, dans La Provence. « Au retour des vacances scolaires de printemps, il faudra faire le point de la crise sanitaire. Si elle se prolonge ou pas. Il faudra alors s’adapter. Plusieurs hypothèses sont étudiées actuellement au cabinet du ministre, mais je ne peux vous en dire plus. La grande énigme reste le mois de mai. Si nous pouvons faire notre rentrée début mai, on peut envisager de fonctionner comme une année ordinaire. Dans le cas contraire, il faudra revoir notre fonctionnement », dit-il. Dans ce second cas c’est le bac lui-même qui serait menacé. S’il est maintenant quasi officiel que le confinement sera renouvelé, l’hypothèse d’une année blanche pour l’école française serait une première. En 1968, les élèves avaient manqué seulement une partie de mai et parfois de juin. Le recteur semble marqué un certain scepticisme sur la continuité pédagogique et un enseignement à distance pour lequel son ministre affirme que tout est prêt..
Qui décide des outils de la continuité pédagogique ?
Alors que les enseignants se débrouillent comme ils peuvent pour assurer la « continuité pédagogique », alors que les outils institutionnels sont souvent inaccessibles, le ministère rappelle que ce ne sont pas les enseignants mais leur hiérarchie qui décide. « L’heure est à faciliter le maintien d’un pilotage cohérent des établissements, en évitant de perturber autant que possible la continuité des politiques documentaire et numérique qu’ils conduisent », écrit la direction du numérique éducatif dans un message du 19 mars envoyé aux éditeurs privés de ressources numériques. . « Cela suppose de se focaliser sur les outils maîtrisés et choisis, non seulement par les enseignants et élèves utilisateurs, mais aussi par les établissements et les équipes d’accompagnement des DANE et des territoires…Dans ce contexte, l’offre des éditeurs doit maintenir le strict respect des règles de choix par les établissements… L’établissement doit rester, plus que jamais, maître de ses choix et pilote ». Face aux élèves ce ne sont pourtant pas les « établissements » , formule qui évite d’utiliser le mot hiérarchie, qui essaient d’éviter le décrochage mais les seuls enseignants qui, souvent , utilisent des plateformes privées parce que les élèves les connaissent ou tout simplement parce qu’elles fonctionnent. Ce rappel à l’ordre semble dérisoire dans la situation actuelle où les professeurs, les élèves et les parents doivent inventer une autre façon de faire école. Nul doute que ces derniers fassent autant de cas de cette injonction ministérielle que les éditeurs privés destinataires du message…
Coronavirus : Les enseignants devront assurer des permanences
« Le principe c’est que les adultes sont au travail ». JM Blanquer a présenté la 14 mars les mesures prises pour assurer la « continuité pédagogique » et la garde des enfants de soignants. Alors que des situations très différentes sont en train de se mettre en place selon les départements ou les circonscriptions, la circulaire du ministère ne dit rien des obligations des enseignants et le ministre renvoie aux inspecteurs (IEN) et aux chefs d’établissements. Pour la continuité pédagogique, la circulaire semble miser davantage sur le papier que sur le numérique. Les écoles et les collèges devront garder les enfants de soignants inscrits chez eux.
Coronavirus : Les enseignants face aux nouvelles contradictions du ministre
15 mars – JM Blanquer est-il encore ministre de l’éducation nationale ? Après l’annonce le 14 mars que « en moyenne » la moitié des enseignants devrait rejoindre les établissements lundi 16, le ministre de l’éducation nationale tient des propos nettement plus mesurés le 15 mars. Entre ces deux moments , l’intervention du premier ministre qui invite à réduire au minimum les déplacements. Le ministre semble en dehors du gouvernement et incapable d’en comprendre l’action.
De la continuité pédagogique à l’enseignement à distance
La première journée de continuité pédagogique a été marquée par une série de pannes des espaces numériques de travail (ENT) et des plateformes privées. Quant aux sites du CNED ils ont été souvent inaccessibles. Tous ces tracas sont finalement plutôt le signe d’une évolution dont on a du mal à distinguer le terme. Alors que la perspective d’une fermeture des écoles plus longue qu’annoncé se dessine, la crise du coronavirus pourrait bien marquer l’Ecole plus profondément que ce que l’on croyait.
Fermeture de toutes les écoles et les établissements scolaires
C’est une décision historique et un soulagement. Annoncée par E Macron le 12 mars au soir, la fermeture de toutes les écoles et tous les établissements scolaires a été commentée un peu plus tard par JM Blanquer. Pour le ministre, tout est prêt : « nous y sommes préparés ». Mais pourquoi cette fermeture ? Que vont faire les enseignants et les élèves ? Est-on vraiment prêt ?
Coronavirus : Enfin des consignes claires de rester chez soi
Il aura fallu trois jours à l’éducation nationale pour donner des consignes claires et conformes aux consignes gouvernementales. Après les propos de JM BLanquer le 13 mars , où il prévoyait que la moitié des enseignants soient dans les écoles et établissements à partir du 16 mars, le 14 mars le ministre annonçait encore que 10% des enseignants auraient à venir. Finalement il a fini par prendre en compte les consigne claires données par le premier ministre le 15 mars en fin d’après midi. Dans une lettre aux recteurs et dans la FAQ mise en ligne sur le site du ministère, JM Blanquer revient sur tout ce qu’il a dit. Ne doivent venir dans les écoles et établissements que des enseignants volontaires pour accueillir les enfants des soignants là où il y en a.
Coronavirus : Les syndicats obtiennent les clarifications du ministre
Bien loin de s’aligner sur le discours gouvernemental, JM Blanquer a bien tenté d’imposer ses propres vues sur l’Ecole face au coronavirus. Les syndicats ont réussi à obtenir que le ministre respecte les consignes gouvernementales et aussi ses propres engagements.
Coronavirus : De la fermeture au confinement ?
L’arrêté fermant les établissements scolaires en fixe le terme au 29 mars. L’impréparation du pays face à l’épidémie, la gravité de celle-ci , pourraient conduire au confinement. L’arrêté publié au JO du 15 mars fermant les écoles et établissements scolaires en fixe le terme au 29 mars. Cette date pourrait être prolongée si nécessaire par un autre texte. Les bars, restaurants et commerces sont fermés eux jusqu’au 15 avril. Un nouveau texte publié au JO du 16 mars détaille les commerces qui peuvent rester ouverts.
Coronavirus : Une nouvelle circulaire
Le BO du 12 mars publie un « plan de prévention et de gestion Covid-19 » qui se fixe comme objectif de « donner aux services déconcentrés, aux inspecteurs de l’éducation nationale, aux directeurs d’école et aux chefs d’établissement les consignes à mettre en oeuvre en fonction de l’évolution de la situation ». Alors que la décision de fermeture a été prise dans la précipitation et l’impréparation, ce texte donne l’illusion d’un controle bureaucratique sur un phénomène naturel d’une ampleur qui échappe à l’administration.
Métier enseignant
L’offensive de la Cour des Comptes sur le statut des enseignants
Pour un coup efficace, il ne suffit pas d’avoir des idées. Il faut aussi avoir le bon outil politique et choisir le bon moment. C’est ce qu’applique la Cour des Comptes à propos du statut des professeurs du second degré. Les idées ont déjà été avancées par la Cour : annualiser les services, imposer la bivalence, fermer les petits établissements. L’outil c’est un référé publié le 11 mars adressé à JM Blanquer. L’attaque a lieu au bon moment, alors que JM Blanquer veut troquer « un nouveau métier enseignant » contre les 200 millions de la revalorisation 2021. Et surtout au moment où les enseignants semblent à genoux , prêts à accepter la perte de leur retraite.
Intégration des instituteurs dans le corps des PE
Le journal officiel dans ses éditions du 14 et du 15 mars a publié les textes fixant le nombre et la répartition des postes de professeur des écoles à pourvoir par liste d’aptitude ou concours interne. 100 postes sont offerts dans le public au concours interne dont 30 pour Mayotte et 1 pour la Polynésie. 750 postes sont proposés par liste d’aptutude dont 150 pour Mayotte et 37 pour la Polynésie. Dans le privé 7 postes au concours et 274 par liste d’aptitude.
Examens et concours reportés
L’Education nationale l’avait annoncé. Un arrêté publié le 18 mars le confirme : « La tenue des concours et examens nationaux de l’enseignement public et privé et des épreuves concourant au recrutement, à l’avancement et à la promotion des fonctionnaires et magistrats est suspendue » annonce le JO qui ajoute : « Ils peuvent être tenus à distance lorsque la nature des épreuves et les conditions de leur organisation le permettent ».
Evaluation des lycées
Le contre palmarès des lycées 2020
Parler des indicateurs des lycées dans le contexte actuel où ils sont tous fermés fait vraiment bizarre. Mais ils rouvriront et la question de leur réputation va se poser à nouveau. Alors connaissez-vous le lycée Louise Michel de Bobigny ? Ou le lycée Renoir de Bondy ? Non ? Ce sont pourtant parmi les meilleurs lycées de France selon le contre-palmarès du Café pédagogique. S’il est impossible d’enfermer la réalité du travail effectué dans les établissements dans des statistiques, il est possible d’utiliser les indicateurs de résultats des lycées publiés par le ministère de l’éducation nationale pour dévoiler des traces de ce travail. Encore faut-il vouloir les chercher. Parce qu’il y a plus de mérite à faire réussir les jeunes des quartiers populaire que de sélectionner parmi les bons élèves pour remplir ses terminales, le Café pédagogique exploite les statistiques ministérielles pour mettre en avant les lycées qui font vraiment réussir les jeunes qui ont besoin de l’éducation nationale. Et qui sont pourtant souvent si décriés.
Qu’est-ce qui fait la valeur d’un lycée ?
Qu’est-ce qui rend un lycée plus efficace qu’un autre ? En 2015, le rapport des inspecteurs généraux Brigitte Bajou, Fabienne Paulin?Moulard et Thierry Bossard vérifie la validité des indicateurs mis au point par la Depp. Mais il est surtout l’occasion d’une étude plus générale sur les valeurs du lycée où entrent l’architecture, les relations entre les adultes, les travaux donnés par les enseignants et un peu, quand même, les moyens. « La valeur ajoutée, positive ou négative, ne peut jamais être imputée à un seul élément déterminant », préviennent d’emblée les inspecteurs. Mais les facteurs sont les mêmes d’un lycée à l’autre, qu’il soit général ou professionnel.
Numérique
Bruno Devauchelle : A quoi servent les robots en éducation ?
Le robot fascine, la robotique émerveille ! L’histoire de l’automatisme et de son développement est d’abord l’histoire de la substitution de l’homme par la « machine ». Plutôt que de porter de l’eau dans des poches ou sacs étanches on a organisé l’adduction. De Salins les bains aux Salines royales d’Arc et Senans, via le saumoduc, on comprend l’ingéniosité de l’humain pour faire face à des tâches difficiles. Automatisation et mécanisation vont de pair et les robots, appelés d’abord automates, vont rapidement peupler notre imaginaire et celui des enfants. Le jouet s’inspire de cette fascination ou plutôt accompagne cet émerveillement que ce soit devant la représentation humaine ou quasi humaine (baigneurs, poupées, et autres) ou devant les automates et automatismes qui sont associés à ces objets (de la voix des poupées, aux trains électriques…). Pour l’enfant il s’agit de la représentation de l’humain adulte que l’on peut « dominer » parce que de forme adaptée à l’enfant.