Comment maintenir une scénarisation des cours malgré le confinement ? Mélanie Fenaert, professeure de SVT au lycée Blaise Pascal à Orsay (91) donne du travail à ses élèves à la semaine et procède uniquement à des évaluations formatives. Pour repérer les élèves décrocheurs, l’enseignante utilise le parcours Eléa qui permet de « compléter au fur et à mesure un tableau de suivi et de repérer rapidement qui ne fait pas le travail demandé ». Crée en 2016, la plateforme Elea rend possible la mise à disposition de parcours pédagogiques scénarisés et différenciés pour les élèves. « Le but n’est pas de sanctionner, mais de repérer, solliciter, encourager, et faire remonter au professeur principal qui lui a une vue d’ensemble », souligne l’enseignante.
Quels sont les outils utilisés depuis le confinement ?
J’utilise l’ENT et deux applications reliées : Pronote et Pearltrees. Heureusement, en début de semaine, ces deux sites étaient accessibles directement ! Pronote me permet de remplir le cahier de texte et le contenu de la séance presque comme en temps normal, Pearltrees permet de partager des documents, liens, vidéos…
J’ai créé des forums dans l’ENT, au cas où, et proposé des classes virtuelles à mes 2des et Premières spécialité. Ils ont voté pour un rythme de 1h/semaine pour les 2des, deux fois 1h/semaine pour les Premières. Le travail donné est réalisé dans la semaine, à leur rythme. Les classes virtuelles seront consacrées à leurs questions, explications de ma part, corrections, activités de groupe…
J’ai réinvesti une plateforme Moodle créée par l’académie de Versailles, Elea, pour créer des parcours de formation pour les élèves. Il s’agit d’une succession d’activités scénarisées, entre notions, vidéos, documents, petits exercices d’évaluation. Les élèves ont un poly à compléter au fil de leur parcours Elea, avec des schémas, tableaux, définitions… Ce sera leur trace écrite.
Quelles séquences faites-vous actuellement avec vos lycéens ?
En 2de, on allait juste démarrer le thème Procréation et sexualité, donc il va se dérouler dès le début à distance. Pour les Premières spécialités, nous avons fait un TP conséquent sur les enzymes juste avant le confinement, avec compte-rendu à terminer. La fin de chapitre se déroule presque comme d‘habitude, avec des vidéos de notions, des exercices, des flashcards à créer. Nous allons aborder la tectonique des plaques à distance : une partie des manipulations ne sera pas réalisable, mais nous allons beaucoup nous appuyer sur des logiciels comme Tectoglob3D, GoogleEarth, des sites de microscopie (celui de Frédéric Labaune pour les roches) et des animations. Je pense aussi utiliser Elea pour les Premières.
Quels sont les retours des élèves ?
Pour l’instant ça a l’air d’aller en SVT, ce sont les outils que nous utilisons habituellement (sauf Elea, mais pas trop de souci jusqu’ici). Certains parviennent à bien s’organiser, et à conserver un équilibre travail/repos. Ceux-là trouvent presque que les SVT c’est trop facile ! Mais j’ai eu aussi plusieurs retours d’élèves débordés par l’ensemble du travail à effectuer sur la semaine, avec éventuellement des soucis de connexion, ou perdus entre tous les outils proposés par leurs enseignants.
Des conseils à donner ?
Garder ses outils habituels, ou investir des outils institutionnels en cohérence avec l’équipe pédagogique. Partager, mutualiser les ressources avec d’autres collègues de la même discipline, dans ou hors établissement. Ne pas trop en demander, en tout cas moins que d’habitude ! On ne peut pas calquer son enseignement à distance sur ce que l’on fait habituellement, des adaptations sont nécessaires.
Comment évaluez-vous en cette période ?
Mes évaluations sont surtout formatives : quiz, jeux (LearningApps est une bonne source, voir aussi les escape games virtuels sur S’cape), QCM associés à Elea ou à Pronote. J’envisage aussi des activités de groupe (étude de documents, activité exploitant un logiciel…), soit à distance soit en classe virtuelle, évaluées par compétences (comme d’habitude en fait). Peut-être une évaluation-bilan avant les vacances, mais la mise en œuvre est à définir.
Comment pensez-vous repérer des élèves décrocheurs ?
Le parcours Elea permet un suivi fin de l’avancement de chacun, de même pour les QCM Pronote. Cela me permet de compléter au fur et à mesure un tableau de suivi et de repérer rapidement qui ne fait pas le travail demandé, n’assiste pas aux classes virtuelles, etc. Le but n’est pas de sanctionner, mais de repérer, solliciter, encourager, et faire remonter au professeur principal qui lui a une vue d’ensemble.
Quels sont les moyens pour lutter contre le décrochage scolaire sans les cours ?
Cela doit se réfléchir en équipe, notamment avec le professeur principal et le CPE. Ils peuvent contacter la famille et l’élève pour comprendre sa situation et trouver des moyens de l’aider. Dans tous les cas, les encouragements et la bienveillance sont de mise. Parier aussi sur le collectif, encourager l’entraide (ce n’est pas tricher !), proposer des travaux de groupe, possibles même à distance grâce aux nombreux outils numériques collaboratifs.
Entretien par Julien Cabioch
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