« Ce ne sont pas des cours mais des moments où les élèves sont confrontés à la langue ». Pour Paul J Kirrage, professeur d ‘anglais au collège Rep+ Maria Casarès de Rilleux-la-Pape (69) , comme pour Valentina Castillo Munoz, professeure au lycée Emile Roux de Confolens (17), la crise sanitaire change profondément la donne des cours de langues. Cependant tous deux peuvent s’appuyer sur des applications mobiles développées avant la crise pour garder le contact avec les élèves.
Des profs en réseau
Quand on les interroge sur leur enseignement depuis la fermeture des écoles, ce qui revient en premier c’est le souci de garder un collectif professionnel. « On se réunit virtuellement pour la continuité », explique Valentina. « On échange beaucoup entre collègues sur Whatsapp ou d’autres outils », explique Paul. « On a des rendez vous quotidiens et ça aide beaucoup à trouver des idées. On raconte ce qui marche pas et ce qui fonctionne ».
Une application sur smartphone en espagnol
A Confolens, Valentina Castillo Munoz avait développé avant la fermeture des écoles une application pour mobile en utilisant Glide App. « Tous les élèves ont l’application sur leur téléphone », explique t-elle. « Et par elle ils ont accès aux informations concernant la vie du lycée et aussi à celles de la continuité pédagogique ». Ce qui motive ce développement c’est que tous les élèves n’ont pas un ordinateur chacun chez eux et encore moins en période de télétravail.
« Sur leur application ils ont accès à tous les documents utilisés dans l’année et aussi à des traducteurs en ligne choisis par moi, des sites de compréhension orale, des outils d’entrainement style Quizlet ou Learning Apps. Ca leur permet de travailler en autonomie ».
Pour le moment les élèves font surtout de l’entrainement avec la possibilité de travailler en groupe. » Ils peuvent enregistrer une production orale à plusieurs. C’est important qu’ils gardent le lien entre eux », souligne Valentina. Aller plus loin et aborder de nouvelles séquences lui semble bien compliqué. Seule une évaluation formative est envisagée pour le moment. La grande crainte c’est le décrochage. « En temps normal on le voit déjà ». Mais pour le moment « les élèves répondent bien aux sollicitations ».
En Rep+ instaurer de nouveaux rituels
« On s’est mobilisé dès le vendredi 13 mars pour récupérer les adresses mail et les numéros de téléphone des élèves. On n’avait jusque là que ceux des parents », explique Paul J Kirrage. « On sait que dans ce collège Rep+ beaucoup d’élèves n’ont pas d’ordinateur chez eux ou alors qu’il est pris par les frères et sœurs qui ont du travail scolaire ou font du télétravail. Par conséquent il faut développer des activités sans ordinateur ».
« Il n’est pas question de remplacer l’école mais d’outiller lesélèves pour qu’ils puissent être face à de l’anglais régulièrement », dit-il. En s’appuyant sur pronotes, les élèves sont invités à voir des actualités en anglais, des points de grammaire avec des jeux. Une sorte de rituel s’est installé le matin où les élèves se connectent sur pronotes pour prendre connaissance du travail. « On a un espace de tchat où on se salue et on échange de façon rapide chaque matin », dit-il.
Avant la fermeture, Paul J Kirrage avait développé une application pour smartphone sur laquelle il pense s’appuyer pour construire de nouvelles séquences. « L’idée c’est de donner accès aux élèves aux outils du cours d’anglais dans un esprit de différenciation et d’autonomie », nous avait-il dit en septembre. « Les élèves trouvent dans l’application tout ce qui a été fait en classe. Par exemple les exercices faits en classe, mais aussi les photos anonymisées des erreurs relevées dans des devoirs ou des bonnes pages des devoirs. C’est un cahier de texte interactif très riche car le professeur lui indexe automatiquement les documents étudiés et produits de chaque séquence. Il va un pas plus loin en incluant l’application Duolingo, une application d’apprentissage de l’anglais gratuite qui est utilisée par une partie de ses collégiens. « J’ai intégré Duolingo pour que leurs jeux et leurs exercices puissent être reconnus et convertis en compétences. Quand ils font de l’anglais à la maison pour le plaisir je peux le voir et le récompenser ».
« Vu l’équipement des familles il faut intégrer que beaucoup d’élèves vont faire la partie numérique du travail demandé sur smartphone. Et qu’ils peuvent avoir sur le smartphone accès à des sons, des vidéos », explique t-il.
La crise sanitaire a changé profondément la situation scolaire. « Les élèves sont plus autonomes et gèrent eux-mêmes leur temps. Ils réfléchissent à comment faire leur travail dans le délai imposé par le professeur et leurs contraintes familiales. Ce sont parfois les moins scolaires que je vois me renvoyer leur formulaire 20 minutes après son dépôt ». Si tous les élèves ont pu être contactés depuis la fermeture du collège, le maintien du lien éducatif sera le grand défi des semaines de confinement à venir.
François Jarraud
Quand le cours d’espagnol devient projet communautaire