Lancée par le président de la Commission Culture et éducation de l’Assemblée nationale, le député En Marche Bruno Studer, la « mission d’information sur l’école dans la société numérique » ira plus loin que la question de l’instruction par et sur le numérique. Selon Bruno Studer, un ancien professeur d’histoire-géo en Rep, interrogé par le Café pédagogique, la mission travaillera prioritairement sur l’éducation aux médias. Elle devrait faire des propositions sur l’éducation morale et civique. Elle comprend 18 députés de toutes les formations sauf le FN, dont 10 En Marche.
Quels sont les axes de travail de la mission d’information sur l’école dans la société numérique ?
Il y en a 4. D’abord réfléchir à l’éducation au numérique et aux médias. Les questions des Fake News, du fonctionnement des réseaux sociaux, de la protection des données personnelles, du droit d’auteur entrent dans ce champ. On regardera dans quelle mesure l’éducation au numérique et aux médias peut être améliorée. Il y a peut être une éducation civique et morale à réinventer.
La mission réfléchira aussi sur l’instruction par le numérique. Il faudra voir comment il peut changer le métier enseignant. L’instruction par le numérique c’est une opportunité de s’interroger sur les méthodes d’enseignement.
Je pense par exemple à l’enseignement des langues. Les cours de langues doivent être révolutionnés. Cela se fait d’ailleurs déjà sur le terrain. Par exemple des professeurs utilisent Skype comme outil pédagogique. Ils organisent des cours en tandem avec l’étranger.
Quand il est bien utilisé le numérique peut permettre à l’école d’être plus efficace avec autant de moyens. Ca suppose une formation des enseignants et ce sera le 3ème axe de la mission.
Enfin il faudra évaluer ce qui a été fait en terme d’équipement des établissements. Les investissements ont ils été optimaux ?
Quelles seront vos méthodes de travail ?
Nous allons largement auditionner. Notamment les représentants des territoires, pour avoir un bon panorama des initiatives qui se sont empilées. On donnera la priorité à l’éducation aux médias et donc on interrogera les blogs de journalistes sur la question de l’éducation à l’esprit critique des jeunes.
J’ai enseigné en Rep et j’ai été frappé par l’importance de l’image et du son chez les jeunes. On peut tout manipuler. Si on perd le sens critique on finit par perdre le sens du vrai. Je me rappelle avoir eu à gérer les suites de l’attentat de 2015 en collège. C’était dur car on sentait l’influence des réseaux sociaux sur les élèves. J’ai vu comment fonctionnent les théories du complot. L’éducation aux médias est vraiment une priorité.
Pour cela on auditionnera et on lancera aussi un appel à contributions sur le site de l’Assemblée.
Le dernier rapport Pisa a interrogé l’efficacité du numérique en éducation. Qu’en pensez vous ?
Je ne dis pas que le numérique est la réponse à tout. Les fondamentaux c’est la base comme dit justement JM Blanquer. Le numérique est un outil et il faut lui rendre sa place. Quand JM Blanquer s’est prononcé sur le portable à l’école il a bien précisé que ce peut être un outil pédagogique. Ca peut être un outil d’amélioration de l’école. Ca n’est pas la solution à tout. J’ai envie que la mission apporte une sorte de déflagration dans le monde de l’éducation sur tous ces sujets.
Propos recueillis par François Jarraud