A la Une : Comment améliorer l’Ecole ?
L’Ecole peut-elle s’améliorer et si oui comment ? Si l’on en croit Anthony S. Bryk, ou encore B Jacob, les tentatives faites pour améliorer les systèmes éducatifs ont surtout apporté des désillusions. Alors que le ministre réunit un « conseil scientifique » censé apporter les « bonnes pratiques » au soleil du pilotage par les résultats, le débat scientifique est déjà ailleurs. C’etsce que montre la dernière livraison de la revue Education & didactique (volume 11 numéro 2, Presses universitaires de Rennes) qui apporte un éclairage nouveau. Elle fait dialoguer Anthony S Brik ( à travers un texte fondateur traduit en français) avec des chercheurs français et pas des moindres ; D Meuret, P Rayou, A Tiberghien, A tricot, M Toullec-Théry). Le concept de « communauté d’amélioration » introduit par A S Bryk est ici éclairé par l’apport des chercheurs français. Bien loin de la généralisation de « bonnes pratiques » imposées aux établissements, le débat se situe sur l’accompagnement des enseignants ou des communautés enseignantes. Il est vrai qu’on est là à des lieues de la gestion de l’éducation nationale…
Politique
2018, année charnière
L’année 2017 aura finalement été celle du détricotage des mesures adoptées depuis 2012. 2018 s’annonce comme une année qui posera les premiers jalons d’une réforme de fond appliquée à partir de 2019. Année charnière ce sera aussi une année de ruptures et donc une année difficile pour le ministre.
SOS Conseil scientifique
Action. Réaction. Vous avez un problème avec un élève ? Le conseil scientifique nommé par JM Blanquer le 10 janvier vous donnera la réponse à appliquer immédiatement selon un protocole bien défini. C’est ce qu’a expliqué, très sérieusement, Stanislas Dehaene, président du nouveau Conseil scientifique de l’éducation nationale, en présence de JM Blanquer le 10 janvier. Le Conseil se mêlera des interventions dans la classe, de la formation des enseignants et aussi des manuels. Une nouvelle époque commence ?
La FSU « inquiète » de Blanquer
« Nous sommes assez inquiets des discours du ministre, de l’état d’esprit qu’il développe envers le système éducatif ». Le 11 janvier, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, a fait devant les syndicats de la fédération, la liste des griefs envers JM Blanquer. La FSU dénonce le scientisme du ministre, le gel salarial, la multiplication des chantiers ouverts et la sélection instaurée à l’entrée des universités. Elle annonce des actions dès février et une mobilisation nationale en mars.
Les régions veulent l’apprentissage et l’orientation
« Inacceptable ». Pour Hervé Morin, président de l’association des régions de France, la politique gouvernementale sur l’apprentissage est désastreuse. L’ARF craint notamment la séparation entre un apprentissage donné au patronat et les formations des lycées professionnels alors que la fusion serait nécessaire. L’ARF revendique aussi l’orientation scolaire.
Ecole : Ce que veulent les Français
« Ce que veulent les Français » c’est le titre retenu par L’Express pour un sondage Ifop portant sur un millier de personnes seulement. Toute une partie est consacrée à l’Ecole. Elle montre que le gouvernement a pris soin de prendre les français dans le sens du poil. La semaine de 4 jours est plébiscitée par 69% des Français. L’interdiction du portable par 82%. Le retour du redoublement par 79%. L’Ifop sonde même sur la réforme du bac, dont on ignore pourtant le contenu ! 83% des Français sont pour une réforme. 73% dees Français sont pour la sélection à l’entrée en université mais le taux chute à 59% pour les 18-24 ans plus directement intéressés. L’enquête montre aussi que 67% des Français sont satisfaits de l’école, un taux en hausse par rapport aux années Sarkozy (2011). Surtout 81% des moins de 35 ans, davantage en âge d’avoir des enfants scolarisés, sont satisfaits. La masse des insatisfaits se trouve chez les retraités : 85% d’insatisfaits…
Laïcité : Blanquer nomme les membres du Comité des sages
Qui fera partie du Comité des sages ayant à traiter des questions de laïcité qui sera réuni par JM Blanquer lundi 8 janvier ? Selon des informations recueillies par le Café pédagogique, le Comité compterait 13 membres. Le dosage est subtil entre les différentes conceptions qui s’opposent sur cette question. Le ministre veut réunir à la fois des partisans d’une laïcité « ouverte » et « fermée ». Il a totalement écarté l’école sociologique plus critique sur la « laïcité à la française ». Une décision critiquée par l’historien C Lelièvre.
Réformes du bac et du lycée
Lueurs sur le futur lycée
Les auditions de la commission Mathiot, en charge de la réforme du bac et du lycée, ont du bon. Petit à petit elles dévoilent le projet envisagé au ministère, même s’il reviendra au ministre de trancher en dernier recours. Le profil du nouveau lycée modulaire se dégage : réorganisé en 9 voies il sera fortement dégraissé. Environ un cinquième des heures d’enseignement en lycée pourraient disparaitre au profit d’une réforme qui devrait augmenter les inégalités entre filières, établissements et élèves. Elle pourrait introduire aussi des réformes de fonds attendues au ministère depuis longtemps comme l’annualisation.
Parcours Sup : Le dispositif déjà contesté
Dans dix jours le nouveau site Parcoursup, le remplaçant d’APB, ouvrira. JM Blanquer et F Vidal inaugurent le 12 janvier le Salon Postbac Ile de France. Mais des critiques se font entendre sur un dispositif qui marque une rupture avec des années de démocratisation de l’accès au supérieur.
Ugo Thomas (SGL) : » La sélection va aller croissant »
« On va indiquer nos lignes rouges ». Auditionné le 9 janvier par la Commission Mathiot avec d’autres organisations, le SGL sera reçu le 10 janvier par JM Blanquer. Lycéen en terminale ES à Nantes, Ugo Thomas préside le SGL, une organisation lycéenne récente qui a su s’imposer comme la plus représentative. Ouvert à une réforme du lycée, le SGL en est arrivé à fixer les points de désaccord. Il explique aussi son opposition à la réforme de l’orientation dans laquelle il voit une sélection déguisée.
Claude Lelièvre : Réforme du lycée : Vers un changement de modalité de différenciation ?
L’expansion d’un système généralisé d’enseignement tout au long de la cinquième République s’est accompagnée de nombreux changements qui portent – en dernière analyse – sur la modalité dominante de différenciation pour traiter les différences : différenciation des établissements, différenciation des filières, différenciation de la pédagogie, différenciation de cursus plus ou moins individualisés dans un contexte plus ou moins optionnel voire »modulaire ». Certes, l’ensemble de ces modalités de traitement des différences est toujours en œuvre, au moins de façon embryonnaire ou résiduelle. Mais ce qui est en cause, c’est le degré de généralisation de tel ou tel vecteur ou principe institutionnel de différenciation.
Lycée : Le Snes contre le « bac maison »
Dans un nouveau document le Snes dénonce « un bac maison et pas d’ambition ». Pour le Snes, les évaluations locales envisagées pour le bac » c’est le « bac maison », dont la valeur dépend de la réputation du lycée. Le bac en épreuves nationales et anonymes garantit l’égalité de traitement de tous les élèves.. Loin d’ouvrir le champ des apprentissages, le système des enseignements à la carte ou modulaire détermine précocement les destins scolaires et réduit les possibilités de choix ». Le syndicat évoque « l’abandon de certains enseignements ».
Loi Vidal : Des universités en résistance
Par 21 voix pour et une contre, le Conseil d’administration de paris 1 a décidé le 9 janvier de refuser de mettre en place la réforme sur l’orientation en université. Le conseil estime que « le gouvernement s’apprête à mettre en place une sélection qui ne dit aps son nom » et que « c’est un changement complet de la politique d’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur ». L’université estime aussi qu’elle n’a pas les moyens d’assurer la rentrée. Paris 1 n’est pas seule à aller en ce sens. D’autres univresités ont pris position contre la réforme par exemple Poitiers, Dijon, Aix-Marseille récemment. L’ASES, association des sociologues d el’enseignement supérieur, a lancé une pétition contre la sélection à l’université.
Bac : Fin des épreuves de rattrapage
Nouveau bruit issu de la commission Mathiot, en charge de la réforme du bac, selon Le Figaro, le « deuxième groupe d’épreuves du bac, qui mobilise des dizaines de milliers d’enseignants en juillet ainsi que des centaines d’établissements scolaires, pourrait être remplacé par un examen attentif du livret scolaire de ces élèves tangents ». Une décision qui, selon Le Figaro, arrangerait les syndicats, à l’exception du Se Unsa attaché à des épreuves finales nationales. Et qui serait cohérente avec le malthusianisme affiché par le gouvernement dans l’accès du supérieur. Voilà encore une mesure pour éviter de créer des places dans le supérieur…
Collège
Réforme du brevet : Le détail des épreuves
Sans surprise, le B.O. du 4 janvier a publié la note de service sur l’organisation du brevet. Cette note est importante car elle fixe précisément le contenu des épreuves et tranche sur des questions importantes pour les enseignants comme la date du choix entre disciplines en sciences ou la prise en compte du cycle 4 ou de la seule année de 3ème.
Les sujets zéro du brevet
A peine définies au B.O. les épreuves du nouveau brevet sont disponibles sous forme de sujets zéro. Ceux ci ne concernent pour le moment que les épreuves de maths et de français des séries générales et professionnelles.
Segpa : Un appel de la FSU pour le maintien des structures
« La SEGPA est un outil efficace contre l’échec scolaire, elle produit des parcours de réussite, notamment vers la voie professionnelle, et permet de lutter efficacement contre le décrochage scolaire », affirme un appel lancé par la FSU le 11 janvier à la suite d’Etats généraux des Segpa. « Ne sacrifions pas les élèves qui ont besoin des structures actuelles. Les critères d’affectations dans les structures de l’enseignement adapté doivent être harmonisés nationalement », demande la Fsu. Les syndicats Fsu demandent au ministre de regarder ce qui se fait en Segpa et de reconnaitre le travail des enseignants, aux statuts très divers, qui interviennent en segpa. Le syndicat dénonce des différences importantes dans les rémunérations pour le même travail.
Métier enseignant
Le gel salarial en 2018
Etrennes. Deux décrets publiés au J.O. du 23 et du 31 décembre organisent le gel salarial pour 2018. Le premier texte réorganise les échéanciers d’application des nouvelles grilles indiciaires issues des accords PPCR. En clair la revalorisation salariale est repoussée d’un an , après 2018 (voir par exemple l’article 62). L’autre décret précise le calcul de l’indemnité compensatrice de la hausse de la CSG. La compensation n’est que partielle. Pour les enseignants 2018 sera l’année de la baisse du pouvoir d’achat et même de celle du net.
Promotions et listes d’aptitude
Plusieurs textes sont parus au J.O. et au B.O. Le BO du 4 janvier publie les notes relatives aux listes d’aptitude pour accéder aux corps des agrégés et certifiés (y compris PEPS). Deux notes traitent aussi de l’avancement des CE EPS et des PEGC. Une note porte sur l’intégration des AE et des CE d’EPS. Pour les personnels de direction, un arrêté fixe le taux de promotion à 7.33% en 2018. Une note précise les modalité sd’accès à la hors classe. Un arrêté fixe le taux de promotion des IEN à 30%.
Protection sociale : Le ministère met en concurrence la Mgen
Le BO du 4 janvier publie trois conventions relatives à la protection sociale complémentaire des personnels de l’éducation nationale. Comme prévu le ministère a décidé de mettre la MGEN en concurrence avec des assurances privées. En juillet dernier, Roland Berthilier, président de la Mgen, avait dénoncé cette décision. Pour lui, le nouveau cahier des charges est « plus assurantiel que mutualiste ». Il devrait supprimer des droits notamment pour les retraités et pour la dépendance. Il s’était étonné que l’éducation nationale définisse le cahier des charges « en l’absence totale des syndicats alors que dans le privé il y a concertation ». Il s’étonne aussi des prétentions de l’éducation nationale. « Comment l’employeur peut-il exiger autant de différence avec l’offre actuelle avec un apport financier de 0.3% quand dans le privé il est de 50% ? » Pour la MGEN le ministre détricote les solidarités.
L’élève
Les élèves étrangers font-ils baisser le niveau ?
Cela semble presque aller de soi. Alors que la ségrégation ethnique et sociale est un problème majeur pour le système éducatif français, l’équation « élèves étrangers égale baisse de niveau » semble bien établie. Elle ne joue d’ailleurs pas un rôle mineur dans la ségrégation croissante entre les établissements français. Mais est-elle vraiment établie ? Denis Fougère (Liepp Sc Po), Noémie Kiefer (PSE), Olivier Monso (Depp) et Claudine Pirus (Depp) y sont allés voir de plus près dans un article paru dans Education & formations. Résultat : » La corrélation négative brute que l’on observe entre la concentration d’enfants étrangers dans les classes et les scores des élèves de ces classes aux tests cognitifs passés en classe de sixième et de troisième est grandement réduite, voire annulée, par l’introduction de variables de contrôle ou d’effets fixes ».
Education sexuelle : L’Unesco sort un guide
L’Unesco publie un nouveau guide d’éducation à la sexualité. « La publication pointe la nécessité d’offrir une éducation sexuelle complète et de qualité auprès des jeunes pour offrir un accès à des informations et des conseils sur le passage de l’enfance à l’âge adulte et sur les difficultés d’ordre physique, social et émotionnel auxquelles ils sont confrontés ; pour relever les défis posés par les questions de santé sexuelle et reproductive, qui sont particulièrement complexes durant la puberté comme l’accès à la contraception, la grossesse précoce, la violence fondée sur le genre, les IST et le VIH/SIDA » Mais le guide aborde aussi des questions « chaudes » pour beaucoup de pays comme l’homosexualité, encore interdite dans de nombreux états, la transmission du VIH ou le cyber-harcèlement.
Numérique
Bruno Devauchelle : Territoires, Ecole et réseaux sociaux
En ce début d’année 2018, le monde scolaire attend les arbitrages en matière de numérique à l’école : quid des ENT, du BYOD, des téléphones portables, des réseaux sociaux numériques, de l’intelligence artificielle… ? Au-delà de ces « avatars », il y a d’autres problématiques plus durables, plus transversales qui sont mises en question par ces moyens et objets techniques. L’une des plus ancienne et des plus vive est celle du territoire ou plutôt des territoires.
Bruno Devauchelle : Numérique, Gafam et intentions…
L’une des tâches éducatives les plus importantes est de faire percevoir et comprendre « l’intention » présente dans toutes les situations de la vie. De quoi parle-t-on ? Dans mon environnement quotidien je peux rencontrer des humains, des objets, des logiciels, des situations, des dispositifs, etc. Lorsqu’on les découvre pour la première fois, on se demande souvent « à quoi ça sert et comment ça fonctionne ». Quand on a pris l’habitude de l’utilisation, il arrive parfois qu’on en vienne à se questionner pour savoir ce que tous ces éléments font de moi, parfois à mon insu, quelle est l’intention présente mais non explicitée dont je dois m’accomoder. La revendication récente d’associations pour une limitation de la dérive addictive des iPhone et autres produits de la société Apple est l’occasion de se questionner sur les raisons, les intentions, qui poussent concepteurs et vendeurs de ces éléments à développer les produits et les argumentaires associés. Avec un cynisme étonnant, nombre de décideurs, actionnaires, responsables n’hésitent pas à dire qu’ils souhaitent développer l’addiction du public à leurs productions afin d’en tirer pour eux et pour leurs entreprises, le profit le plus important.
Intelligence artificielle, intelligence humaine
» La tentative mécaniste d’explication qui semble permise par l’informatique, nous l’avons parcourue depuis quarante années consacrée à l’éducation. Nous y avons cru à la première ère de l’Intelligence Artificielle entre 1980 et 1995. Nous en avons vu les limites en articulant ce que l’on en disait et nos pratiques d’enseignement », explique Bruno Devauchelle sur son blog. « Le retour en grâce de l’IA ne doit pas nous faire oublier ce qu’est en réalité l’IH, cette intelligence humaine qui est faite d’articulation constante entre subjectivité et objectivité, rationalité, intuition et irrationalité (ou plutôt incomplétude). »
La Quizinière : L’exerciseur de Canopé
Lancé cette semaine, le nouvel exerciseur de Canopé peut sembler un brin austère. Mais il permet de réaliser facilement des exercices interactifs pour ses élèves. La Quizinière est prévu pour lancer des évaluations faites à la maison ou en classe, le professeur recevant les copies dans sa boite mail. Celles ci sont corrigées automatiquement. L’exerciseur permet d’associer des questions ouvertes à des QCM et exercices à trou ou même des enregistrements audio. On peut associer différents documents nuémriques à l’exercice. Enfin les élèves int accès à leur copie après correction. Au total on compte 5 types de questions et 7 types de réponse avec tous types de support (image , vidéo etc.).