Politique
Réforme de l’affectation et du recrutement des enseignants en vue
En pleine période des mutations, JM Blanquer vient de semer la poudre. Devant l’Assemblée nationale, JM Blanquer a annoncé une nouvelle fois une réforme du recrutement des enseignants. Il promet « une vision plus académique, plus proche du terrain » dans le recrutement et l’affectation. Il annonce aussi un prérecrutement des enseignants dès le lycée et une refonte des concours. Des propos qui font écho à des déclarations tenues cet été où il donnait aux chefs d’établissement la capacité de choisir les enseignants.
Orientation : Recadrage entre régions et Etat
Alors qu’au soir du 15 janvier l’Association des régions de France publiait un communiqué annonçant que » le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale ont donné leur accord pour que l’orientation puisse être confiée aux Régions », le 16 janvier les propos de l’ARF sont plus prudents. S’il semble bien que l’Etat et les régions se sont mis d’accord pour que celles ci aient la main sur l’apprentissage, l’orientation scolaire reste visiblement un point sensible où l’Etat s’engage avec précaution. Pour F Bonneau, vice président de l’ARF, interrogée par le Café pédagogique, il est question maintenant de nouvelles discussions avec l’Etat.
Lancement critiqué de Parcoursup
A 11 heures le 15 janvier, Parcoursup, la nouvelle plateforme d’orientation, ouvrira pour près de 900 000 lycéens et étudiants. Présentée par les ministres F Vidal et JM Blanquer comme « une procédure simple, juste et transparente », Parcoursup est dénoncée comme une rupture dans la démocratisation de l’enseignement supérieur par des enseignants comme des lycéens.
Quand Blanquer se Trump…
« J’aimerais que vous disiez que je ne dis pas que les neurosciences sont la solution à tout et que j’ai une vision mécaniste de l’éducation. Ce serait un énorme progrès en matière journalistique ». C’est la réponse publique de JM Blanquer, très courroucé, à une question du Café pédagogique posée lors du colloque e-Fran le 11 janvier. A l’origine de cette colère la question du Café qui demandait s’il n’y avait pas deux poids et deux mesures entre l’argent investi dans e-Fran et ses neurosciences (22 millions) et celui mis dans la recherche en sciences de l’éducation très utile de R. Goigoux (30 000 €). A vrai dire la question ne visait pas JM Blanquer. Il n’est pour rien dans e-Fran un projet lancé par la ministre précédente que le Café avait critiqué vertement à l’époque, avec d’ailleurs exactement la même question, sans s’attirer une crise de colère ministérielle. Mais, au lendemain de l’investiture du conseil scientifique où il s’était emporté contre les sciences de l’éducation, et devant l’avalanche de critiques visant son conseil, le ministre s’est senti visé. Au point de donner un bel exemple d’autoritarisme . C’est une première dans un ministère qui devrait être ouvert au débat d’idées : dicter à un média ce qu’il doit écrire. On va rassurer nos lecteurs : à moins que ce gouvernement n’interdise la presse libre, nous continuerons à informer les enseignants et les acteurs de l’école en toute indépendance.
Qui soutient Blanquer ?
Au classement général des 50 personnalités aimées par les Français, réalisé par l’Ifop, Jean Michel Blanquer stagne à la 35ème place avec 25% de bonne opinion, juste derrière Eric Woerth et devant Christian Estrosi. Le ministre a un peu moins d’avis défavorable que favorable, surtout il reste peu connu (pour 53% des français). PLus intéressant, l’analyse de la composition des avis favorables. Soutiennent JM Blanquer les plus jeunes (18-24 ans) et surtout les plus âgés (50 ans et plus). Le ministre a un score faible chez les jeunes parents (12% d’avis favorable chez les 25-34 ans). Socialement les soutiens proviennent des plus favorisés (cadres et professions libérales). Politiquement il est soutenu par les électeurs d’E Macron et F Fillon. C’est au Front national et chez les Insoumis que le ministre a le moins de succès.
Les syndicats
La FSU « inquiète » de Blanquer
« Nous sommes assez inquiets des discours du ministre, de l’état d’esprit qu’il développe envers le système éducatif ». Le 11 janvier, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, a fait devant les syndicats de la fédération, la liste des griefs envers JM Blanquer. La FSU dénonce le scientisme du ministre, le gel salarial, la multiplication des chantiers ouverts et la sélection instaurée à l’entrée des universités. Elle annonce des actions dès février et une mobilisation nationale en mars.
Lycée : Le Snes sur le sentier de la guerre
« Blitzkrieg ». Le mot est lâché par le Snes qui livre une analyse alarmante des réformes lancées par JM Blanquer. Le Snes réagit aussi vigoureusement sur la réforme de l’orientation. Alors que le ministre multiplie les petites phrases et va s’en prendre au noyau dur du pouvoir syndical, la procédure d’affectation, le ton est en train de monter…
Stéphane Crochet (Se Unsa) : Les 6 premiers mois de Blanquer sont « inquiétants »
» Bien que le ministre parle de confiance, ses éléments n’y sont pas ». Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa, le second syndicat enseignant, fait le bilan des six premiers mois de JM Blanquer en passant en revue les réformes de la maternelle à Parcoursup. Il craint » l’imposition de méthodes très mécaniques » au primaire. Il dénonce le manque de postes dans le second degré. Il est déçu par les dernières propositions sur la réforme du bac et du lycée. Le Se Unsa marque ses inquiétudes et envisage des actions communes avec les autres syndicats.
Bac et loi Vidal : Journée d’action le 1er février
» La mission Mathiot, sur la réforme du baccalauréat et de l’enseignement au lycée, va rendre son rapport…Celle-ci risque d’entériner la fin du baccalauréat comme diplôme national et 1er grade universitaire, la réduction du nombre d’épreuves terminales et des horaires disciplinaires. Nous craignons que cette réforme ne renforce les inégalités territoriales et sociales et nos organisations alertent les personnels, les jeunes et les familles sur la nécessité de réagir rapidement aux premières annonces ministérielles si elles confirment bien ces craintes ». Quant à la loi Vidal » Cette réforme instaure de fait une sélection pour l’accès à l’université d’une partie des jeunes et à terme pour toutes et tous ». Neuf organisations syndicales enseignantes et lycéennes, la Fsu, Cgt, FO, Sud, le SGL, Unef, Unl, Unl sd, appellent à des actions le 1er février contre la réforme du bac et Parcoursup. » Elles appellent les lycéen·nes, les étudiant·es, les personnels des universités et des lycées à se mobiliser le jeudi 1er février 2018, à se réunir, dès maintenant, en assemblée générale pour débattre des réformes, à se mobiliser sous toutes les formes décidées collectivement, y compris par la grève le 1er février, dans les universités et les lycées pour alerter sur les dangers des réformes en cours. »
Une intersyndicale contre Parcoursup
Neuf organisations, des syndicats enseignants comme la Fsu, la Ferc Cgt, la Fnec FO et la fédération Sud Education, des organisations lycéennes comme le SGL, l’UNL et l’UNL SD ainsi que l’UNEF, condamnent la nouvelle procédure d’orientation et dénoncent la sélection à l’entrée de l’université. Pour elles la mesure va engendrer « d’interminables listes d’attente ».
Conseil scientifique : Vision mécaniste selon le Snuipp
« La composition et les missions du nouveau conseil scientifique ne répondent pas aux enjeux éducatifs et laissent de côté les enseignants et des pans entiers de la recherche », estime le Snuipp après la mise en place du Conseil scientifique de l’éducation nationale par JM Blanquer.
Métier enseignant
Le gouvernement met en place le jour de carence
Le gouvernement a présenté le 16 janvier aux syndicats la circulaire rétablissant le jour de carence à compter du 1er janvier 2018. Institué sous Sarkozy pour réduire l’absentéisme des fonctionnaires, le jour de carence avait été supprimé par la gauche en 2012. Les syndicats protestent. Mais que sait-on des absences des enseignants et pourquoi rétablir cette journée ?
Nette dégradation des conditions de travail des enseignants
La moitié des enseignants ont déjà eu un arrêt de travail lié à leur activité professionnelle. 46% ont des problèmes de voix réguliers. Ce sont quelques uns de enseignements d’une vaste enquête sur les conditions de travail menée par le Se-Unsa. Pour le syndicat, « il est temps de parler des risques psychosociaux dans l’Education nationale ». Il veut obliger l’institution à « assurer sa mission de protection des personnels ».
La pénibilité du travail enseignant bientôt reconnue en Belgique
» Le décalage est trop important, explique-t-il. Quand vous avez 64-65 ans, les enfants ont toujours entre 6 ans et 18 ans, vous avez l’âge de leurs grands-parents, et c’est vrai que le décalage est tel que ça devient extrêmement difficile. » Missionné par le gouvernement, le député Laurent Henquet, ancien directeur d’école, a remis un rapport sur la pénibilité du travail enseignant. Pour lui , impossible de laisser les enseignants travailler jusqu’à 67 ans, précise la RTBF. Le métier est trop difficile. Le rapport a été demandé dans le cadre d ela réforme des pensions, le gouvernement souhaitant étendre l’âge de départ en retraite à 67 ans. Les enseignants devraient finalement effectuer deux années supplémentaires. En France plusieurs rapports parlementaires ont conclu à la pénibilité du travail enseignants sans affecter le régime de retraite.
Ouverture des concours de Créteil et Versailles
Un arrêté publié au JO du 13 janvier ouvre les concours de recrutement de professeurs des écoles supplémentaires de Créteil et Versailles. Le nombre de postes n’est aps fixé. Les épreuves auront lieu les 19 et 20 avril. Ces concours à recrutement national permettent aux deux académies de combler les postes non pourvus par le concours académique ordinaire.
Concours de Créteil et Versailles
» La présente note de service précise les modalités d’organisation de deux concours externes publics supplémentaires distincts de recrutement de personnels enseignants du premier degré dans les académies de Créteil et de Versailles, au titre de la session de 2018″. Elle précise notamment le calendrier d’inscription (du mardi 6 février 2018, à partir de 12 heures, au mardi 6 mars 2018, 17 heures) et celui des épreuves : Épreuve écrite de français : jeudi 19 avril 2018 de 13 h à 17 h ; Épreuve écrite de mathématiques : vendredi 20 avril 2018 de 9 h à 13 h.
700 postes au concours des perdirs
Selon un arrêté publié le 14 janvier, 700 postes seront offerts en 2018 au concours de recrutement des personnels de direction.
Candidatures en école européenne
Une note de service publié eau BO du 11 janvier rappelle les conditions pour déposer une candidature à un poste en école européenne.
Privé : Répartition des postes aux concours des PE
Le Journal officiel du 19 janvier présente l arépartition académique des 800 postes offerts aux concours de professeurs des écoles du privé.
Devenir inspecteur sans concours
Deux notes de service publiées au B.O. du 18 janvier donnent les précisions pour intégrer le corps des IPR par titularisation directe, sans période de stage. Un autre texte montre comment être détaché pour 3 ans dans le corps des IEN.
Humour !
Humour et enseignement : La chaire est triste ?
» On pourrait se demander si l’école, l’enseignement, ne serait pas le dernier petit village gaulois qui échapperait à l’injonction à rire, dans cette société du comique, prégnante et bête, au nom, justement, d’une certaine éthique intellectuelle ». L’humour et l’enseignement n’irait pas ensemble, annonce Corinne François-Denève (Université de Bourgogne) dans cet ouvrage qui explore la relation humour – enseignement (La chaire est triste L’Harmattan). Pourtant l’humour a aussi une efficacité pédagogique. » De nos jours, c’est certainement le numérique qui porte le message le plus créatif en matière d’humour et d’enseignement », conclue t-elle, en interrogeant les princes du rire sur Twitter… Mais le livre passe à coté du vrai humour pédagogique.
Numérique
Bruno Devauchelle : Numérique, Gafam et intentions…
L’une des tâches éducatives les plus importantes est de faire percevoir et comprendre « l’intention » présente dans toutes les situations de la vie. De quoi parle-t-on ? Dans mon environnement quotidien je peux rencontrer des humains, des objets, des logiciels, des situations, des dispositifs, etc. Lorsqu’on les découvre pour la première fois, on se demande souvent « à quoi ça sert et comment ça fonctionne ». Quand on a pris l’habitude de l’utilisation, il arrive parfois qu’on en vienne à se questionner pour savoir ce que tous ces éléments font de moi, parfois à mon insu, quelle est l’intention présente mais non explicitée dont je dois m’accomoder. La revendication récente d’associations pour une limitation de la dérive addictive des iPhone et autres produits de la société Apple est l’occasion de se questionner sur les raisons, les intentions, qui poussent concepteurs et vendeurs de ces éléments à développer les produits et les argumentaires associés. Avec un cynisme étonnant, nombre de décideurs, actionnaires, responsables n’hésitent pas à dire qu’ils souhaitent développer l’addiction du public à leurs productions afin d’en tirer pour eux et pour leurs entreprises, le profit le plus important.
Bruno Devauchelle : Pourquoi croyons-nous dans le numérique ?
Lorsque l’on travaille dans et avec le monde scolaire, on est étonné de constater le nombre de croyances qui circulent dans les échanges entre enseignants, professionnels et l’effet de ces croyances sur les pratiques. La multiplication des ouvrages qui tentent de tordre de le cou à ce que l’on nomme des « mythes » tentent de lutter contre ces croyances en dénonçant ce que l’on peut appeler de « fausses vérités » (par opposition aux fausses informations). Quelques travaux de recherche commencent à s’intéresser à ces croyances mais il est toujours difficile d’avancer sur ce terrain qui se révèle très sensible dès lors que dans un entretien on tente de questionner ces croyances. Le monde du numérique n’échappe pas à ces croyances et André Tricot et Franck Amadieu, parmi d’autres, ont bien essayé de les présenter dans leur ouvrage paru il y a maintenant trois ans. Mais ce qu’ils ne décortiquent pas c’est le mécanisme de construction de ces croyances, leur mode de survivance et les possibilités de déconstruction de ces croyances.