Alors qu’au soir du 15 janvier l’Association des régions de France publiait un communiqué annonçant que » le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale ont donné leur accord pour que l’orientation puisse être confiée aux Régions », le 16 janvier les propos de l’ARF sont plus prudents. S’il semble bien que l’Etat et les régions se sont mis d’accord pour que celles ci aient la main sur l’apprentissage, l’orientation scolaire reste visiblement un point sensible où l’Etat s’engage avec précaution. Pour F Bonneau, vice président de l’ARF, interrogée par le Café pédagogique, il est question maintenant de nouvelles discussions avec l’Etat.
L’orientation un vieux sujet de discorde
Non seulement les régions restent pilotes pour l’apprentissage mais elles emportent aussi l’orientation scolaire. C’est ce qu’on pouvait déduire le 15 janvier du communiqué de l’ARF qui détaillait un nouveau financement pour l’apprentissage, un temps promis par le gouvernement aux branches professionnelles, et annonçait que le gouvernement était d’accord pour confier aux régions l’orientation.
Le 15 janvier l’ARF semblait etre en situation de clore un dossier ouvert depuis des années. On se rappelle les débats de 2012 – 2013 où les régions, dans le cadre de la nouvelle décentralisation, souhaitaient obtenir la compétence sur l’orientation. Au final le gouvernement d’alors a reculé devant la mobilisation syndicale et confié au nouveau Service régional d’orientation toute l’orientation sauf l’orientation scolaire. C’est ce débat qui resurgit, avec ces hésitations entre régions et Etat, qui semble plus délicat que celui de l’apprentissage.
L’apprentissage échappe aux branches professionnelles au profit des régions
Sur l’apprentissage, F Bonneau, vice président de l’Association des régions de France, interrogé par le Café pédagogique, confirme le communiqué du 15 janvier.
« Nous étions engagés dans un dispositif présenté par l’UIMM et le MEDEF de marchandisation de l’apprentissage. Nous avosn dit qu’il s’agit de formation initiale devant répondre aux besoins des jeunes., des territoires et des employeurs. Il fallait que la diversité de l’apprentissage soit prise en compte avec un référentiel national adapté aux réalités territoriales de chaque CFA de telle manière qu’on évite l’hyperconcentration au profit de quelques branches. Le passage au financement des CFA ne fonction du nombre de contrats accueillis a été proposé par le gouvernement mais conditionné par nous à une prise en compte concrète du coût réel d’un contrat.
Davantage d’alternance en LP
« On a demandé et il semble qu’on soit entendu », poursuit F Bonneau, qu’il y ait un pilotage de l’offre de formation sur les territoires. Les investissements pour l’apprentissage et les lycées professionnels (LP) se feront à partir d’une vision globale des besoins de formation professionnelle, avec une articulation intelligente entre offre d’apprentissage et offre LP. » F Bonneau évoque aussi une réforme de l’apprentissage avec modularisation et une révision des référentiels en lien avec les branches professionnelles.
Quels effets auront ces mesures sur les LP ? « On trouvera dans les LP plus fréquemment des formations en alternance. Les plateaux techniques seront partagés. On souhaite que les LP soient plsu encore en lien avec le milieu économique », explique F Bonneau.
« Le gouvernement disposé à étudier avec les régions le pilotage de l’orientation par les conseils régionaux »
L’orientation scolaire sera-t-elle confiée aux régions ? « Aujourd’hui les copsys disposent d’un temps très réduit pour prendre en compte l’orientation », explique F Bonneau. « Et ils souhaitent, avec le nouveau titre de psychologue, que la dimension psychologique soit davantage reconnue. L’accompagnement des jeunes dans leur orientation est insuffisant malgré les financement régionaux pour les salons, pour l’information numérisée etc.
Nous pensons que l’orientation a souvent laissé de coté l’information sur les métiers et sur l’alternance. Nous voulons une information de nature à permettre aux jeunes de mieux comprendre leur environnement économique. Et le gouvernement se dit disposé à étudier avec les régions le pilotage de l’orientation par les conseils régionaux. »
L’avenir des personnels d’orientation
Des personnels régionaux d’orientation seront ils déployés dans les établissements ? « Dans le cadre actuel de nos compétences nous voulons mobiliser les responsables économiques pour qu’ils se mettent à la disposition de l’information de la jeunesse », nous a dit F Bonneau. Il sera intéressant de donner aux enseignants les outils nécessaires à l’orientation . La partie psychologique appartient à l’Etat. Mais il y aura une place plus importante donnée aux métiers ». De quel statut dépendront les personnels d’orientation ? « On va y travailler avec l’Etat. La discussion s’ouvre. On va construire quelque chose qui préservera la part du psychologique mais sera associé à quelque chose tourné vers les métiers. Le fait de pouvoir rejoindre les personnels régionaux sera discuté avce l’Etat ».
François Bonneau a écarté tout risque « d’adéquationnisme » , un point soulevé par les syndicats et par exemple le Snes Fsu. « Quand on s’adresse à un élève de 3ème qui sera sur le marché de l’emploi dans 3 ans ou dans 10, on ne peut pas faire d’adéquationnisme », répond F Bonneau. « On tient compte du réel et des métiers de demain ».
De son coté le ministère de l’éducation nationale , interrogé par le Café pédagogique, nous a fait savoir qu’il ne confirmait pas la déclaration de l’ARF sur le passage de l’orientation scolaire aux régions.
François Jarraud