Créé début 2017 par des atsems isolées, le Collectif Atsem de France est surtout présent sur Facebook. En un an il a su réunir plus de 10 000 membres et se structurer régionalement. Le Collectif est un interlocuteur des syndicats et du ministère. Il entend jouer un rôle dans la réforme de la maternelle qui est en route. Gaëlle Lenotre, atsem dans le Var et administratrice du collectif, explique pourquoi le collectif veut participer aux prochaines Assises de la maternelle.
Où en êtes vous dans les échanges avec le ministère ?
On a rencontré en septembre 2017 le cabinet de JM Blanquer et celui de G Darmanin. On veut faire reconnaitre notre métier car notre travail est très méconnu. On déplore un manque de reconnaissance dans l’éducation nationale mais aussi parfois chez les parents même s’ils savent ce que notre travail donne auprès des enfants car on s’en occupe aussi au niveau affectif, des soins et éducatif. Notre métier a beaucoup changé avec la réforme des rythmes scolaires. C’est nous qui faisons les nouvelles activités périscolaires (NAP). On est au coeur des apprentissages.
Vous ne pensez pas que votre métier est davantage reconnu ?
Depuis 3 ans on en parle beaucoup plus. On fait partie de la communauté éducative. On est au coeur des ateliers. On aide les enfants en difficulté. On est aussi avec les enfants handicapés. On a un vrai métier éducatif. Mais sur le terrain on n’ets pas encore incluses dans l’organisation de l’école. On fait partie de l’équipe éducative mais ce n’est pas toujours reconnu sur le terrain. Un symbole de cette situation : nous n’avons pas droit au Pass Education.
Vous vous sentez remises en cause par l’abandon de la réforme des rythmes ?
Oui. Il y a trois ans les municipalités nous ont demandé de laisser l’entretien et on s’est retrouvées à faire des projets d’animation. Le métier s’est transformé sans qu’on y soit vraiment préparées. Avec le retour des 4 jours on nous dit maintenant de retourner au ménage en dehors des heures de classe. C’est un retour en arrière par rapport à ce qu’on a vécu qui était valorisant. C’est frustrant.
Vous demandez de participer aux Assises de la maternelle . Pourquoi ?
Tous les professionnels de la maternelle y seront. Nous voulons y être. On l’a demandé au cabinet de JM Blanquer et on attend sa réponse. On veut porter nos idées sur notre rôle au sein de la maternelle. On a des choses à dire.
Vous revendiquez quoi ?
ON veut une atsem à temps plein par classe. Il n’ets pas normal de mettre un enseignant seul avec 28 à 30 petits enfants. Comment faire une pédagogie qui aide tous les enfants dans cette situation ? Les enfants ont des besoins individuels même en GS. Il faut deux adultes par classe, l’enseignant qui donne la pédagogie à suivre et l’atsem qui est en soutien.
On a un rôle éducatif, on tient des ateliers, par exemple en graphisme ou en phonologie ou arts plastiques. Les enfants savent qu’on est là pour régler leurs soucis. C’est un role maternelle que n’a pas l’enseignante.
On veut aussi, comme les textes le disent, être entendues dans les écoles pour toutes les décisions alors qu’on n’est pas systématiquement invitées aux conseils d’école et aux réunions d »équipe. La profession a changé. Il faut que les enseignants le comprennent. On n’est pas contre l’éducation nationale . On veut être avec.
Vous avez une demande de formation ?
On voudrait que partout enseignants et atsem partagent des moments de formation. Qu’ils sachent comment travaille l’autre. J’ai travaillé avec des enseignants qui ignoraient ce qu’est une atsem.
Reconnaitre tout cela veut dire revoir la carrière ?
On est catégorie C. On demande, comme le souhaite le rapport Laurent, que soient reconnues nos responsabilités et donc on souhaite accéder à la catégorie B.
Le collectif se bat pour la reconnaissance du métier comme un vrai métier de la petite enfance. On veut travailler avec les enseignants pour l’école maternelle.
Propos recueillis par François Jarraud