En quoi un falbab favorise-t-il la créativité des élèves ? Christophe Noullez, enseignant de technologie au collège Rep+ Louise Michel de Clichy sous bois (93) est au cœur de cet espace innovant mis à disposition des écoliers et des collégiens. Avec 4 imprimantes 3D, des découpeuses laser et vinyle et de nombreux robots, l’enceinte de co-construction rencontre un vif succès. Côté projet, on appréciera la modélisation de la métropole du futur et des missions en anglais pour le robot « ozobot ». Egalement formateur pour les professeurs des écoles, Christophe Noullez expliquera sa démarche au forum des enseignants innovants à Paris.
Quel projet allez-vous présenter au forum des enseignants innovants ?
Le collège Louise Michel a ouvert un FabLab dans son enceinte. En plus d’ouvrir un espace de créativité pour les élèves du collège, de s’ouvrir à l’environnement local pour co-construire les savoirs, un des objectifs majeurs de ce tiers-lieu a été de créer une liaison avec les écoles maternelles et primaires du réseau REP +. Aujourd’hui, les outils numériques du FabLab sont au cœur de projets de cycle 3 et d’une progression robotique sur tous les cycles. Depuis 3ans, presque tous les professeurs du premier et second degré ont été initié à l’impression 3D et à la robotique. Ces mêmes professeurs ont pu concevoir et réaliser du matériel pédagogique au sein du « FabLabLM ».
Pourquoi est-ce important selon vous de proposer des projets courts aux écoles ?
Les années précédentes, les projets étaient menés d’octobre à mars. En partie dû à une pause de 2 mois pour finir les impressions 3D, les élèves de CM2 avaient oublié les précédentes séances. Cette année, j’ai autant de classes de primaire avec qui je fais une liaison CM2/6ème mais la durée est plus courte (maximum 7 semaines). Je constate une application constante dans la durée et des rendus bien meilleurs.
Comment s’organise le fablab ouvert dans votre établissement ?
Le FabLab de l’établissement est géré par 6 professeurs, tous bénévoles et de matières différentes (technologies, mathématiques et physique-chimie). En plus de ses professeurs qui sont présents de 3h à 6 heures sur les 8 heures d’ouverture hors temps scolaire (16h-19h le lundi et mardi, 14h-16h le mercredi), nous avons recruté un assistant pédagogique avec des formations numériques pour pouvoir être les 8 heures d’ouvertures au FabLab et avoir 9 heures de présence dans les écoles primaires et maternelles pour faire des projets en liaison avec la démarche Fablab.
Le Fablab est équipé de 4 imprimantes 3D, d’une découpe vinyle, d’une découpeuse laser, de cartes électroniques programmables, de nombreux robots et d’une partie outils à main pour le travail de projet manuel comme la réalisation de meuble ou étagères à partir de palettes.
Depuis 3 ans, de nombreux projets ont pu y être mené avec différents acteurs locaux : élèves, parents d’élèves, collectivités locales, écoles primaires et maternelles, lycée, associations, entreprises.
Menez-vous des projets pluridisciplinaires autour de l’impression 3D et de la programmation ? Pouvez-vous nous donner des exemples de projets.
Cette année, le premier projet de liaison a été autour de la modélisation de la métropole du futur. Lors de la conception de celle-ci, les élèves ont pu simuler la voiture autonome avec le robot « ozobot » et ont pu modéliser et imprimer en 3D leur tour idéal pour représenter un quartier d’affaires futuriste. Le deuxième projet est un projet de réalisations d’un plateau de jeu avec des missions en anglais pour programmer le robot « ozobot ». Les élèves apprennent la programmation avec l’acquisition d’un vocabulaire anglophone sur les notions de déplacements, de préposition de lieu et de construction d’une phrase simple.
L’année dernière, avec l’aide de l’assistant pédagogique numérique, nous avons réalisé dans une classe de CM1 un projet annuel sur la conception et impression 3D d’une manette de jeux vidéo puis la conception et réalisation d’un jeu vidéo sur Scratch.
Comment sont évalués vos élèves au cours du projet ?
Concernant les projets de liaisons, nous évaluons de trois façons différentes. Chaque projet étant lié à des connaissances du programme, chaque professeur les évalue à la fin de chaque séquence. Chaque travail final est partagé avec l’autre classe et une évaluation par les pairs est effectuée. A la fin du projet, nous leur proposons une auto-évaluation sur les acquis et compétences mis en œuvre durant le projet.
Dans un avenir proche, pour tout travail effectuer au Fablab, nous allons mettre en place une solution open-badges pour mettre en avant les compétences informelles et les connaissances et savoirs faires sur les outils technos-numériques avec un degré de maitrise allant du niveau 1 au niveau d’expert pour que des élèves puissent être capable de valider le niveau 1 d’un utilisateur (adulte ou enfant).
Vous mettez en place une dynamique de réseau entre école et collège. Quels sont vos rapports avec les professeurs des écoles du secteur ? Comment se déroulent ces sessions de formation ?
Mes rapports avec les enseignants du secteur sont excellents. Cette année, j’ai réussi à avoir 2 heures intégrées dans mon emploi du temps pour ce travail de liaisons avec les classes mais aussi de rencontres et de co-construction de projets avec le Fablab. Concernant les formations, elles peuvent être pendant leur temps de formation qu’ils peuvent avoir lors des semaines rep +, sur du temps personnel lors de formations organisées par le Fablab ou une démarche personnelle de venir pendant les horaires d’ouverture pour réaliser un projet.
Entretien par Julien Cabioch
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