» La politique d’éducation prioritaire engagée en 2014 doit être évaluée dans son ensemble en 2019. Le ministère de l’Education nationale ne saurait se soustraire à cette évaluation prévue par la loi. Il ne saurait davantage l’escamoter en la déguisant en une initiative de communication tenant à l’écart l’ensemble des acteurs de l’éducation prioritaire ». A l’issue de sa 20ème Journée nationale, le 26 mai, l’Observatoire des Zones Prioritaires, une association regroupant des acteurs des réseaux d’éducation prioritaire, a à nouveau attiré l’attention de l’Education nationale sur l’avenir des Rep. L’OZP annonce la tenue d’assises de l’éducation prioritaire en 2019, avec ou sans le ministère…
» L’élection présidentielle de mai 2017 n’a pas seulement bouleversé les cadres traditionnels de la représentation politique, elle a fait apparaitre une pratique revendiquée du pouvoir-la verticalité- qui ne peut manquer d’interroger le sens et les conditions d’exercice de la citoyenneté au cœur de la tradition républicaine française », a déclaré Marc Douaire, le président de l’OZP le 26 mai. « Si la démocratie politique fondée sur l’élection est légitime, la démocratie sociale ne l’est pas moins. Le creusement des inégalités au sein de la société, la montée des discours prônant la peur, la stigmatisation de l’étranger, le repli hexagonal, la tentation de définir l’identité par l »’appartenance aux intégrismes religieux…interrogent et fragilisent le projet même de « Faire société ». La démagogie populiste ne saurait constituer ce projet citoyen ». La 20ème Journée nationale de l’OZP s’est donnée comme thème celui des « autonomies pour faire réussir tous les élèves ».
Marc Douaire a rappelé l’importance du travail effectué depuis 2012 : la création des 350 Rep+, la pondération de temps de service pour les enseignants, le référentiel et le recentrage sur la pédagogie, le dispositif plus de maitres que de classes au primaire, la reconnaissance des réseaux et des coordonnateurs, la création de postes de formateurs académiques et la formation des équipes enseignantes.
Depuis l’alternance politique de 2017, l’OZP s’interroge sur l’avenir de l’éducation prioritaire. » La mise en oeuvre des classes de Cp et Ce1 limitées à 12 élèves est engagée en Rep+ et , progressivement en Rep conformément aux engagements du candidat Macron. Cela a été engagée bien souvent en asséchant les moyens de remplacement du premier degré et en supprimant sans la moindre évaluation plus du tiers des postes engagés dans le dispositif « plus de maîtres que de classes ». Mais cette mesure phare ne saurait constituer à elle seule une politique d’éducation prioritaire. L’audience de l’OZP auprès du cabinet de JM.Blanquer le 20 avril dernier ne laisse pas d’interroger : le ministre de l’Education nationale a-t-il une politique d’éducation prioritaire et a -t-il intégré que l’histoire de celle-ci ne commence pas au mois de mai 2017 ? », affirme Marc Douaire.
» Aujourd’hui, si l’accent est mis fortement sur les premiers apprentissages à l’école élémentaire, la scolarisation des enfants de moins de 3 ans et la prise en compte du travail engagé depuis des années par les équipes des écoles maternelles sur le langage ou la socialisation des jeunes élèves , le travail de continuité école/collège, les projets de réseaux comme le travail en cycles semblent relégués à l’arrière- plan au profit d’un discours prônant le recours général à une forme scolaire traditionnelle voire archaïque », continue-t-il.
L’OZP rappelle que » les 10 dernières années ont permis de construire, dans un certain nombre de réseaux d’éducation prioritaire, des collectifs professionnels préfigurant l’évolution nécessaire de la professionnalité enseignante… L’émergence de ces collectifs est le fruit d’un travail persévérant d’équipes de réseaux, de formateurs, de cadres de l’institution. Il doit être reconnu, conforté, développé ».
Alors que 2019 doit voir, selon la loi, une évaluation de la politique d’éducation prioritaire engagée en 2014, l’OZp demande au ministère « d’engager le processus de préparation de cette évaluation nationale en présentant ses propositions de méthode et de calendrier. Une chose est sûre pour nous : cette évaluation ne saurait se faire sans la participation de l’ensemble des acteurs de l’éducation prioritaire ». L’OZP affirme sa volonté de réunir des assises de l’éducation prioritaire en 2019.
François Jarraud