Les deux associations de parents d’élèves, Fcpe et Peep, prennent position contre la régionalisation de l’orientation imposée par le projet de loi sur la formation. Une position confortée par l’analyse de JY Rochex dans une tribune du Monde.
« La fermeture annoncée des Centres d’Information et d’Orientation, de même que le transfert du personnel des directions régionales de l’Onisep aux Régions, provoquent une très forte inquiétude chez les parents d’élèves », écrit la Peep dans un communiqué. « En effet, les CIO permettent, tout au long de l’année, aux parents et aux jeunes d’obtenir des informations et des conseils de la part de professionnels de l’orientation, que des plateformes numériques ne pourraient que très partiellement remplacer. Par ailleurs, le transfert des DRONISEP aux régions risque de « régionaliser au détriment du national » l’information sur les filières d’enseignement du supérieur alors même que les choix de formation se font au niveau national ». La Peep, deuxième association de parents d’élèves, demande » une véritable réflexion soit menée, à partir des besoins d’informations et d’accompagnement des élèves et leurs familles, afin de garantir une orientation de qualité pour tous et sur tout le territoire ».
Même décision du coté de la Fcpe. « Cette nouvelle disposition fait peser sur l’ONISEP le risque du démantèlement de son réseau. A cela s’ajoutent les questions relatives à l’égal accès de tous les jeunes à une information complète et de qualité en tous points du territoire. Parallèlement, l’avenir des CIO est rendu encore plus incertain. La FCPE s’oppose à ce démantèlement progressif d’un service public de l’orientation qui méritait d’être renforcé nationalement ».
La disparition des CIO est aussi critiquée par Jean Yves Rochex dans une tribune donnée dans Le Monde. « La dévolution d’une partie des missions et personnels de l’ONISEP aux Régions ne peut que jeter un doute sur le statut et l’objectivité de l’information qui serait diffusée aux élèves et aux adultes, chaque région ne pouvant qu’être tentée de faire prévaloir ses orientations en matière de formation ; elle risque également de soumettre cette information à la logique économiste à court-terme de l’adéquation formation-emploi », écrit JY Rochex. » La logique sous-jacente à ces mesures qui sépareraient radicalement le travail des psychologues dans l’enseignement secondaire de l’information et du choix portant sur les filières et les carrières professionnelles est une conception de l’orientation totalement dépassée, datant d’un très ancien monde, et qui se résumerait à l’équation connaissance de soi, de ses résultats et aptitudes + information = choix éclairé et durable. Cette conception, très individualiste, tend à faire de chaque élève, dès l’enseignement secondaire, un simple consommateur de formation, un autoentrepreneur de son propre avenir, auquel il suffirait de connaître et de promouvoir ses talents, aptitudes et intérêts et de disposer d’informations fiables pour « choisir son avenir professionnel »… Ce modèle est largement illusoire et s’il existe, il correspond d’abord à un type d’élève socialement privilégié… Ce modèle privilégie les plus privilégiés et pénalise les plus démunis ; il repose sur une conception individualisante de la psychologie et du développement des enfants et adolescents qui appauvrit l’un et l’autre, en pensant et traitant de manière isolée la question des apprentissages et du rapport au savoir et celle du rapport à l’avenir, celles du développement des sujets et des cadres sociaux dans lesquels il s’opère ».