Par François Jarraud
Alors que le ministère fait grand bruit des évaluations de CM2 dont le HCE a contesté le sérieux, des études contrarient l’efficacité de la gestion Chatel. Le niveau des élèves ne monte pas. C’est ce qu’établit contre vents et marées la nouvelle édition de l’Etat de l’école, une publication annuelle de la DEPP et une étude publiée par l’Insee.
« A la fin de l’école primaire, entre 2003 et 20009, les performances des élèves en compréhension de l’écrit marquent une grande stabilité. Près du tiers des élèves maîtrisent complètement les compétences en compréhension écrite fixées par les programmes. 13% sont en difficulté voire en grande difficulté ». Ces résultats basés sur l’étude d’un échantillon suivi annuellement par la Depp ne surprendront pas les enseignants. L’encadrement en baisse des élèves peut difficilement s’accompagner d’une hausse des résultats. La même stabilité se retrouve à l’âge de 15 ans dans les évaluations PISA entre 2000 et 2009, même si la proportion d’élèves peu performants a augmenté.
C’est pourtant ce que proclame le ministère en brandissant les données sorties des évaluations nationales de CM2 et CE1 imaginées par la Dgesco. Il y a donc deux regards différents jetés sur l’efficacité du système au sein de la même institution. C’est aussi pour cela qu’il faut saluer la publication de cet Etat de l’école…
L’état de l’Ecole
http://media.education.gouv.fr/file/etat21/19/3/EE-2011_199193.pdf
Les difficultés des élèves face à l’écrit augmentent
« Depuis une dizaine d’années, le pourcentage d’élèves en difficulté face à l’écrit a augmenté de manière significative et près d’un élève sur cinq est aujourd’hui concerné en début de 6e », affirme une étude publiée le 16 novembre par l’Insee. Cette étude menée par Jeanne-Marie Daussin, Saskia Keskpaik, Thierry Rocher de la Depp (ministère de l’éducation nationale) analyse les résultats de PISA, et des études CEDRE, LEC (Depp) et PIRLS.
« Si le niveau de compréhension de l’écrit des élèves moyens n’a pas évolué », poursuit l’étude, « la plupart des évaluations témoignent d’une aggravation des difficultés parmi les élèves les plus faibles. Alors que la maîtrise des mécanismes de base de la lecture reste stable, les compétences langagières (orthographe, vocabulaire, syntaxe) sont en baisse, ce qui explique l’aggravation du déficit de compréhension des textes écrits, parmi les élèves les plus faibles. En moyenne, les filles ont de meilleures performances que les garçons dans le domaine de la compréhension de l’écrit ; cet écart s’accroît dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE depuis une dizaine d’années. En France, le statut économique, social et culturel des parents explique aujourd’hui une plus grande part de la variation des scores des élèves qu’en moyenne dans l’ensemble des pays de l’OCDE. C’est dans les collèges en zones d’éducation prioritaire que l’augmentation des difficultés est la plus marquée : près d’un tiers de ces collégiens éprouvent des difficultés face à l’écrit, contre un quart il y a dix ans. Les élèves de ZEP d’aujourd’hui ne sont peut-être pas tout à fait comparables à ceux d’hier, toutefois la composition sociale de ces collèges semble plutôt stable ». Dans les zep le pourcentage d’élèves en difficulté d electure est passée de 21 à 31% de 1997 à 2007.
L’étude
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/FPORSOC11l_D1_Eleves.pdf
Angleterre : La remédiation doit se faire dans la classe
Les programmes de remédiation hors la classe ont-ils forcément un impact positif ? Non, affirme une étude réalisée par Maurin, Francois Keslair et Sansdra Mc Nally. Leur travail critique le programme de remédiation Special Educationnal Needs. L’étude critique la gestion décentralisée de SEN. Selon elle, le fait de participer ou non au SEN dépend prioritairement du niveau de l’école. Dans une école à haut niveau, les élèves moyens sont extraits de la classe et envoyés suivre la remédiation. Dans des écoles faibles ils ne le sont pas. Mais de toute façon, « le programme SEN n’a pas d’effet sur les performances des élèves ayant des difficultés modérées par rapport aux autres élèves de la même classe ». En effet, le fait d’extraire ces élèves de la classe permet aux meilleurs, restés en classe, d’aller plus vite et de creuser l’écart. L’étude montre donc que la remédiation doit se faire en classe.
Etude IZA
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