Dans un long entretien accordé à Libération, la ministre d l’éducation nationale s’engage dans la campagne électorale. Elle s’apprête même à se rengager rue de Grenelle en cas de victoire de B Hamon.
Une ministre en campagne
» A chaque réforme que nous avons menée pour mieux prendre en compte la diversité des élèves (le dispositif «plus de maîtres que de classes», par exemple), l’opposition nous taclait : «Vous nivelez par le bas, c’est scandaleux.» Maintenant qu’ils dévoilent leurs programmes, tout est clair : leur solution pour «élever le niveau du système scolaire», partagée d’ailleurs par la droite et l’extrême droite, c’est de se débarrasser d’une partie des élèves le plus tôt possible ». Libération a interrogé le 7 février une ministre de l’éducation nationale particulièrement combative et engagée.
Incident à la Chambre
Cela s’est vu le 7 février à l’Assemblée nationale. Répondant à une question du député Républicains Frédéric Reiss sur l’annulation par le Conseil constitutionnel de l’autorisation d’ouverture d’une école hors contrat, N Vallaud Belkacem a répondu vertement. « Je vous ai entendu sur les bancs de l’Assemblée nationale très souvent déplorer le fait que puissent se développer dans certains territoires de notre pays des enseignements contraires aux valeurs de la République. Je vous ai entendu souvent déplorer que, sous le prétexte d’éduquer autrement des enfants, on puisse les embrigader dans telle ou telle religion. Alors, j’ai souhaité mieux contrôler l’ouverture des écoles hors contrat et c’est ce que je vous ai proposé de faire dans le cadre de la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté… Mesdames et messieurs les députés de l’opposition nationale, fidèles à votre double discours et à votre hypocrisie légendaire vous l’avez refusé. Vous vous y êtes opposés et avez saisi le Conseil constitutionnel. Cet article de la loi a donc été retoqué. Je le regrette. En ce qui me concerne, je continuerai de contrôler ces établissements ». Suite à ces porpos les députés Républicains ont quitté l’hémicycle.
Maintien rue de Grenelle ?
Dans l’entretien offert à Libération, la ministre souhaite revenir rue de Grenelle en cas de victoire de B Hamon. » Le meilleur service à rendre à l’Education nationale, au-delà des personnes, serait de lui consacrer un ministre durable qui conduise une politique cohérente sur le long terme car l’école, c’est du long terme . Ce qui fait le plus de mal à ce ministère, ce sont les va-et-vient, les retournements de situation permanents, qui ont désespéré les professeurs eux-mêmes. Ils ne sont pas rétifs à la réforme, mais ils exècrent ces allers-retours où on leur fait faire des choses pour leur expliquer cinq ans plus tard que c’est exactement le contraire qu’il fallait faire ». Ce qu’elle pourrait y faire c’est étendre la scolarité jusqu’à18 ans, une idée qu’elle avait déjà émise en septembre 2016.
F Jarraud