Le gouvernement pourrait annoncer un allègement des protocoles scolaires à l’issue d’un « conseil de défense » le 12 juin. Quels points pourraient être allégés et quelles conséquences pour les enseignants ?
A l’issue d’un conseil de défense
« On va probablement le faire », a déclaré JM Blanquer le 10 juin sur RTL. « On a un conseil de défense vendredi et c’est ce jour qu’on pourra prendre les mesures d’allègement qui auront vocation à s’appliquer en juin ».
Depuis plusieurs jours des pressions s’exercent en faveur d’un allègement des protocoles sanitaires. Un nouvel avis du conseil scientifique Covid 19 publié le 11 juin estime que » la circulation du virus en France a été fortement ralentie et que l’épidémie est contrôlée avec cependant un virus qui continue de circuler ». Aussi le conseil nuance cette vision optimiste : « Cette situation n’exclut pas une reprise de l’épidémie, qui pourrait intervenir ces prochaines semaines ou mois ». Si l’épidémie est sous controle, alors l’allègement devient possible. Le conseil valide le projet de loi sur la sortie de l’état d’urgence.
Précédemment, le 7 juin le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait parlé d’allègement des protocoles scolaires mais dans les marges. Il était question des récréations et de la cantine. Ces mesures n’auraient pas d’effet important sur le nombre d’élèves réunis en classe. Il avançait une nouvelle théorie : en cas de 2ème vague, « il faudra probablement laisser tourner le Covid dans la population jeune et essayer de protéger, avec leur accord, les plus fragiles, malades, précaires ou âgés ».
Alléger la distanciation et le nettoyage
Le premier ministre a clairement lié le 28 mai le redémarrage économique à l’accueil des élèves en classe. C’est donc bien l’augmentation du nombre des élèves en classe qui est recherchée par le gouvernement. Par conséquent des mesures marginales ne changeraient pas grand chose et ne sont pas attendues.
Pour relever les effectifs dans les écoles et établissements il n’y a que deux leviers possibles. Il faut lever les deux blocages que sont le nettoyage quotidien des locaux utilisés et la distanciation entre les élèves.
Le nettoyage oblige à doubler ou tripler le nombre de salles pour un même groupe d’élèves. Et les établissements ne peuvent ouvrir de groupes qu’autant qu’ils ont de salles nettoyées. La distanciation (un mètre entre élèves) limite le nombre d’élèves en classe , entre 10 et 15 selon la taille de la salle de classe.
JM Blanquer évoque la levée de la limitation à 15 élèves par salle. Mais celle ci n’est plus dans le protocole. Il s’agirait plutôt de ne plus limiter la distanciation entre les élèves ou de la réduire.
Mais cette mesure seule ne permettrait pas de relever le nombre d’élèves accueillis. Est nécessaire aussi de supprimer les nettoyages quotidiens des salles pour pouvoir accueillir plus d’élèves.
Ces deux mesures sont risquées. Chaque jour des écoles ferment suite à la découverte de cas de Covid 19. Cela veut dire que le virus circule toujours notamment dans les écoles. Abaisser le niveau des règles sanitaires pourrait entrainer une relance de l’épidémie dont les effets se verraient seulement en juillet…
Pour les enseignants , ces mesures impliqueraient une reprise du travail risquée pour les dernières semaines de l’année. C’est aussi l’obligation de refaire tout l’aménagement des locaux et toute l’organisation de l’école. Ainsi à Paris, 200 directeurs se plaignent le 11 juin de « maltraitance institutionnelle » du fait des injonctions et de la remise en question de l’organisation des écoles.
Mais un tel allègement correspond aussi aux attentes de nombreux enseignants. Le protocole pénalise fortement les enseignements en maternelle. Partout il pèse sur la vie de la classe.
F Jarraud