Effet en retour de l’actualité ? Alors que les tensions s’expriment dans les établissements scolaires, à l’occasion des débats houleux sur les récents attentats, le ministère revient sur la suppression implicite du dédoublement des heures de philo en sections technologiques. La « souplesse » accordée aux chefs d’établissement par la réforme Chatel a conduit, dans les faits, à condamner ces dédoublements dans une discipline à faible coefficient malgré des classes souvent très chargées. Changement de perspective devant une urgence sociale ? C’est ce qu’estime le groupe philo du SNES.
Dans un courrier du 15 janvier 2015 adressé aux recteurs, Bertrand Gaume, directeur de cabinet de N Vallaud-Belkacem, réaffirme l’importance du dédoublement des heures d’enseignement de la philosophie en classes technologiques. Sans « remettre en cause la nécessaire souplesse offerte aux établissements » par la réforme Chatel, le ministère souligne l’importance « particulière » du « travail en groupes à effectifs réduits dans les classes chargées des séries technologiques au regard de la singularité de la philosophie comme discipline » et « des besoins spécifiques » des élèves de ces séries.
Le groupe philosophie du SNES, qui publie le courrier, se félicite d’une « première consigne ministérielle conquise de haute lutte, alors que se prépare déjà dans les lycées la rentrée 2015 ». Pour les représentants du syndicat, « cette lettre doit être un appui pour garantir un horaire dédoublé hebdomadaire, dans toutes les classes visées ici. Mais cette première victoire doit également être un encouragement pour la suite, alors que l’opinion est plus que jamais convaincue de la nécessité de l’effort qui reste à faire dans le domaine de l’éducation. »
Peut-être peut-on espérer qu’après ce signal encourageant, les modalités d’enseignement et d’évaluation à l’examen pour ces classes pourront être révisées afin que le cours de philosophie ne devienne pas lettre morte à force de décalage à l’égard d’un public non disposé à l’élaboration conceptuelle abstraite sous ses formes classiques.
Jeanne-Claire Fumet
Lire l’article du groupe philosophie du SNES et la lettre aux recteurs