Les deux candidats à la primaire de la gauche ont présenté le 3 janvier leur programme pour l’élection présidentielle. L’école y tient dans les deux cas une place particulière. Tous deux sont pour poursuivre l’effort entrepris depuis 2012. Mais chacun apporte sa touche personnelle.
« Au cours des années qui viennent, la Nation devra poursuivre son effort en faveur de l’éducation et de la formation ; nous devons nous rassembler et nous mobiliser pour éviter qu’il soit remis en cause », affirme Vincent Peillon dans son programme présenté le 3 janvier. « La priorité à l’éducation doit être maintenue dans la durée… Plus encore que d’autres politiques, l’éducation exige le temps long et la continuité si l’on veut obtenir des résultats plutôt que se contenter d’effets d’annonce. Les pays qui ont réussi leur choc PISA ont conduit leur politique avec continuité sur dix ans, souvent plus », explique t-il.
V Peillon se fixe 4 objectifs pour l’Ecole qui sont dans la continuité de la loi de refondation. « Les priorités établies ces dernières années doivent être clairement réaffirmées. Amplifier le rééquilibrage des investissements en faveur du primaire, qui est moins doté. Favoriser la mixité sociale à l’école : comment vivre ensemble si nous élevons séparément nos enfants ? Nous devrons élargir les secteurs de recrutement à plusieurs collèges et demander à l’enseignement privé, par contractualisation, de prendre sa part dans le développement de la mixité scolaire. Donner plus à ceux qui ont moins : poursuivre la politique d’accueil des moins de trois ans, la mise en place du dispositif « plus de maîtres que de classes » et la réforme des dotations et des moyens de fonctionnement pour favoriser la réussite des établissements les plus en difficulté. Permettre aux équipes pédagogiques de ces établissements de mieux travailler dans la durée, avec plus d’autonomie et de reconnaissance. Améliorer la formation initiale et continue des enseignants ».
Mais il fixe aussi un nouveau cap. « J’engagerai une deuxième étape de la refondation de l’École de la République autour d’une articulation nouvelle entre le lycée et le premier cycle du supérieur (Bac -3 / Bac +3), visant à sécuriser les parcours des élèves et leurs choix d’orientation ».
Manuel Valls met davantage l’accent sur la revalorisation en cours des carrières des enseignants mais en échange d’une obligation de formation. » Après avoir recréé des postes, il est temps de revaloriser le statut des professeurs. Cela passera par une reconnaissance plus grande, y compris en termes de rémunération, de l’engagement et des efforts des enseignants pour améliorer les performances de leurs élèves. Il faut, aussi, leur redonner plus de liberté d’initiative pédagogique pour s’adapter à leurs classes, avec des inspecteurs qui doivent être de plus en plus des formateurs, des passeurs et des facilitateurs. Cela passera également par une formation continue qui en mérite enfin le nom : elle prendra la forme d’un stage obligatoire, chaque année, à raison d’une journée par trimestre et, tous les trois ou cinq ans d’une semaine de remise à niveau permettant à chaque enseignant de tirer parti des nouveautés, des acquis, des résultats de la recherche, des difficultés comme des échecs ».
Il développe son idée de la « nation éducative ». Cet effort éducatif passe pour lui par un service civique obligatoire pour tous les jeunes des deux sexes mais qui se passera selon des formules différentes selon les jeunes. « Il ne s’agit pas de faire passer tout le monde sous la même toise ; il faut que chacun donne quelque chose à la République. Il pourra prendre des formes diverses, adaptées à une société ouverte sur le monde, sur les langues, mais l’objectif sera commun : apprendre à vivre ensemble, se mettre sur le chemin de la citoyenneté, mettre un pied à l’étrier pour le monde du travail ».
L’ancien premier ministre propose aussi un service public de la petite enfance. » Lutter contre les inégalités commence dès le plus jeune âge. La socialisation et la scolarisation des jeunes enfants sont des priorités. Nous devons y répondre, notamment par la création d’un véritable service public d’accueil de la petite enfance et par la poursuite des efforts de scolarisation des enfants de moins de trois ans. »
François Jarraud