Parmi les 3% d’élèves entrés en Segpa, la filière qui accueille des élèves ayant des difficultés d’apprentissage persistantes, seulement 37% obtiennent finalement un diplôme, affirme une nouvelle étude de la Depp, division des études du ministère de l’Education nationale. La filière semble incapable de garder des jeunes qui quittent massivement l’école dès le collège ou en fin de collège.
« Les Segpa sont une structure clé dans le traitement de la grande difficulté scolaire et la lutte contre le décrochage scolaire. Grâce à ce dispositif, les élèves bénéficient de méthodes pédagogiques spécifiques pour affronter les difficultés qu’ils rencontrent tout en préparant un projet professionnel ». En octobre 2015, N Vallaud Belkacem présentait ainsi la Segpa tout en affirmant qu’elle « doit aujourd’hui évoluer dans le cadre de la mise en place du nouveau cycle central et de la réforme du collège ».
Un an plus tard, le suivi des élèves entrés en Segpa en 2007, montre que si la filière arrive à diplômer 37% des élèves, ce qui n’est pas rien, la majorité sort de l’école sans diplôme.
Une pré destination sociale
Le plus frappant c’est que l’orientation en segpa semble avant tout dictée par la situation sociale des enfants. On a 4 fois plus de chances d’être élève en segpa quand on vit en foyer ou famille d’accueil, 2 fois plus quand on est immigré ou membre d’une fratrie nombreuse. Autrement dit la dimension ethnique est ébauchée par la Depp.
Mais on retiendra surtout ce que la Depp ne dit pas. La Note fait curieusement l’impasse sur l’origine sociale des élèves de Segpa. 73% des élèves de segpa viennent d’une CSP défavorisée contre 40% pour les collégiens hors segpa. Autrement dit, la segpa illustre les inégalités sociales dans l’Ecole.
Elles prennent racine dès l’école primaire : 97% des élèves de segpa entrent au collège avec une année de retard. Ce retard est acquis au primaire et pour la moitié des enfants au CP.
Seulement un jeune sur trois diplômé
Que deviennent-ils ces enfants ? La Note de la Depp montre la progression de leur scolarité. Seulement 85% atteignent la classe de 3ème : déjà 15% décrochent avant la fin du collège, pour les deux tiers avant d’avoir atteint 16 ans. Très peu d’élèves de segpa obtiennent le brevet : 1%.
Après la 3ème, 20% quittent l’école et 3 élèves sur 4 s’orientent en CAP. Finalement seulement 37% des jeunes passés par une segpa décrocheront un CAP ou un bac professionnel.
Des inégalités régionales qui interrogent l’Ecole
En effet, une dernière inégalité vient frapper ces enfants. Selon les académies le taux de diplomation varie du simple au double. Avec 29% seulement de jeunes accédant au Cap, les académies d’Aix Marseille et de Montpellier réussissent deux fois moins bien que Paris ou Créteil où 42% des jeunes y accèdent.
Lors de la réforme de la Segpa en 2015, le débat s’est porté sur la dimension inclusive du collège. La Note de la Depp apporte deux éclairages importants. Mettre à part les élèves en difficultés persistantes n’apporte pas une solution satisfaisante en terme de réussite scolaire. Et l’organisation même de l’Ecole contribue à creuser les inégalités sociales.
François Jarraud
La Note sur le devenir des élèves de segpa