Neuvième jour de grève, quatrième depuis début janvier. Le collectif Touche pas ma zep demande beaucoup à ses militants et sans doute trop. Si l’inquiétude demeure dans les lycées ex zep, la lassitude et l’essoufflement pointent. La manifestation nationale n’a réuni qu’environ 300 personnes. Et déjà une nouvelle grève est annoncée le 27 janvier, veille de primaire..
Une lettre à F Hollande
« Bordéliser la primaire ». La formule est apparue le 3 janvier dans le collectif à l’occasion de la première journée de grève. Elle semble être encore dans certaines têtes car la date du 27 janvier renvoie au calendrier politique de la primaire…
« On a une ministre qui ne nous reçoit pas, qui n’est plus en exercice.. On va taper au dessus », nous a dit David Pijouan, animateur du collectif Touche pas ma zep. Le collectif a décidé d’envoyer une lettre ouverte à François Hollande. « Il faut faire un décret. On l’attend depuis 2015 », précise t-il. Le collectif demande toujours une nouvelle carte de l’éducation prioritaire incluant les lycées.
Ce qui me motive ce sont les élèves
Dans le cortège parisien quelques élèves et environ 300 professeurs franciliens et quelques marseillais venus en soutien. « C’est ma 4ème journée de grève depuis début janvier et ça commence à faire mal », nous a dit Natalia Luna Sagredo, professeure d’espagnol au lycée R Rolland de Goussainville (95). « Ce qui me motive ce sont les élèves. Si on n’a moins de moyens on n’y arrivera plus. Avec 30 élèves par classe on a déjà du mal. On a des problèmes de matériel. On manque même de chaises ! » Le lycée n’a pas encore reçu sa dotation horaire pour 2017 (DHG) et s’inquiète d’une possible réduction. « Je travaille dans ce lycée depuis 12 ans. Je l’ai demandé. Je viens moi même d’un lycée Zep et je m’y sens beaucoup plus utile qu’ailleurs ».
Justement des élèves se sont glissés dans le cortège, bruyamment comme ceux du lycée de Creil Montataire, ou discrètement comme Yael et sa copine, seules représentantes du lycée G Braque d’Argenteuil. « On a déjà du mal à suivre à 30 élèves par classe alors si on n’est plus nombreux c’est la catastrophe », explique Yael.
Des lycées oubliés ?
Jessica Greaux enseigne la santé environnement au lycée professionnel Mendès France de Villiers le Bel depuis 6 ans. « Les conditions sont inacceptables actuellement et on veut nous supprimer des moyens ! » s’indigne -t-elle. « On est un lycée oublié avec beaucoup de difficultés », estime-t-elle. « Si on double les effectifs par classe ce ne sera pas possible d’enseigner ». La DHG 2017 est arrivée dans ce lycée et elle est en légère hausse. Mais pour ces enseignants seule une carte de l’éducation prioritaire semble donner une vraie garantie.
Il faut très froid mais les manifestants sont déterminés. C’est toute la misère des lycées zep qui défile.
François Jarraud