Le Conseil supérieur de l’éducation a adopté le 19 septembre une déclaration demandant la suppression de la note de vie scolaire par 58 voix pour contre 1 et 2 abstentions. Le ministère saisira en urgence le Conseil supérieur des programmes de cette suppression. Il reste encore quelques étapes pour faire mourir la bête.
Une mesure Robien. La note de vie scolaire a été instituée au collège par une circulaire publiée au B.O. du 29 juin 2006 en application de la loi d’orientation de 2005. Elle est attribuée par le chef d’établissement en concertation avec le professeur principal et le Cpe chaque trimestre de la 6ème à la 3ème. Elle évalue 4 choses : l’assiduité, le respect du règlement intérieur, « la participation de l’élève à la vie de l’établissement » et l’obtention de l’Assr et de l’attestation de formation aux premiers secours. Ces deux derniers aspects peuvent donner des points supplémentaires. « La note de vie scolaire est prise en compte pour l’obtention du diplôme national du brevet, dans les mêmes conditions que les résultats aux disciplines évaluées en contrôle en cours de formation. Elle est la moyenne affectée d’un coefficient 1 des notes de vie scolaire obtenues par l’élève chaque trimestre en classe de troisième ».
Une note contestée. Les reproches adressés au dispositif relèvent à la fois de la pédagogie et de la vie des établissements. D’un coté, la note est perçue comme un retour à la note de discipline qui transformait en points inclus dans la moyenne les fautes de comportements ce qui est dénoncé par une partie des enseignants. Ils craignent l’injustice inhérente à l’évaluation de comportements. L’évaluation pourra-t-elle être justifiée clairement aux familles ? Mais la note soulève un autre tabou : celui du monopole de la notation par les enseignants. Dans les établissements, il n’est pas rare que la note oppose les enseignants et la direction, le professeur principal à son équipe, ou les personnels de vie scolaire. On aura compris que les pratiques de notation sont très variables d’un établissement à l’autre. Est-ce normal pour un diplôme national sensé être identique ? En 2007, la Fcpe avait dressé un « bêtisier » de la note de vie scolaire montrant une grande irrégularité d’un établissement à l’autre pour une note qui entre finalement dans l’évaluation d’un examen national.
Sa suppression fait l’objet d’une surenchère syndicale depuis la rentrée. Le 5 septembre, la FSU annonce sa « suppression », la nouvelle loi d’orientation n’ayant pas reconduit la note. Elle n’a plus d’existence réglementaire sauf dans le décret organisant le brevet. La FSU déclare avoir obtenu du ministre la promesse de sa suppression. Le même jour, le Se-Unsa et le Snpden envoient un courrier à V. Peillon demandant la suppression de la note de vie scolaire en troisième. Quant au ministère, interrogé par le Café pédagogique, il expliquait que la suppression « est une demande du Snes » mais que « rien n’a été décidé ».
Finalement syndicats, parents et élèves se sont réunis pour demander la suppression effective. Il reste à légaliser la procédure ce qui va encore demander du temps : passage au conseil supérieur des programmes (CSP) qui sera nommé fin septembre, rédaction du décret et cheminement légal. Le ministère s’est engagé à ce que l’avis du CSP soit rendu avant la fin 2013. Les syndicats FSU, Cgt, FO, Solidaires, Sud et Snalc ont demandé au ministère un gel de la note en attendant cet avis. C’est que les bulletins, eux, n’attendent pas.
Snes
http://www.snes.edu/Suppression-de-la-note-de-vie.html
Se-unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article5912
L’analyse par des enseignants
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2006/tribun[…]
« Le ministère programme la séparation du temps des élèves en trois parties : un tronc commun ; des enseignements complémentaires différenciés ; des activités de renforcement (soutien, tutorat, aide personnalisée…) », annonce Sud Education dans son communiqué de rentrée.
Le syndicat estime que « un tronc commun, cela veut dire des branches distinctes ». Il craint une croissance des hiérarchisations et par suite des inégalités entre options. Une éventualité qui est écartée par V. Peillon dans l’entretien qu’il nous a accordé : « il faut aussi faire attention aux effets pervers des bonnes intentions, car chaque fois qu’on introduit de la différenciation dans le système, il y a un risque qu’elle soit utilisée pour recréer des filières », dit-il.
Sud Education voit d’un mauvais oeil les activités de renforcement. « L’extériorisation hors de la classe du traitement de la difficulté scolaire… a été mise en œuvre au primaire et au lycée (aide personnalisée). Dans les deux cas, c’est un échec », estime le syndicat.
Communiqué
http://www.sudeducation.org/Rentree-2013-Austerite-regressions.html
Sur le site du Café
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