Changer le métier d’enseignant, ça veut dire quoi pour vous ? Si chaque enseignant a ses demandes particulières, il y a des revendications qui font écho. Verbatim de professeurs proches du Café…
Alexandra Mazzilli, professeure des écoles : « J’aimerais que ce métier retrouve de la considération aux yeux des gens et qu’on arrête de nous envoyer en permanence les vacances à la figure. Parce que la vérité c’est qu’on n’arrête jamais. Ca crée des tensions dans les couples. On corrige le soir et le week end. On reste tard à l’école pour préparer la classe. On y passe des heures et tout ça pour être traités de paresseux ! » Alexandra soulève aussi la question de la paye d’autant plus insuffisante que les heures de travail en sus des cours se multiplient. « Dans les 108 heures annualisées j’ai 6 heures pour recevoir les parents mais j’en ai déjà fait 10. Les réunions se multiplient. Il y en a sur les programmes, les APC, le prioritaire, les rythmes, les PPRE… » Alexandra se sent peu aidée et trompée par son institution. « Qu’on arrête de nous avoir comme on vient de le faire avec la journée de rattrapage ».
Jean-Pierre Gallerand, professeur de SVT en collège : « J’enseigne depuis 1977. J’ai vu se multiplier les réunions et les dispositifs : PAI et sa préparation, livret de compétences, réunion par discipline ». Il plaide pour un allègement des programmes, du nombre d’élèves par classe et une décharge d’une heure.
Jean-Michel Le Baut, professeur de français en lycée : « Mes attentes ? Qu’on mette du jeu dans le système, qu’on décadenasse, qu’on libère ! Exemple : qu’on cesse de nous emprisonner (comme les élèves) entre les murs des salles de cours et dans des grilles horaires d’emplois du temps hebdomadairement figés. Le numérique rend de toute façon ce système obsolète tant la relation pédagogique et les apprentissages se jouent désormais aussi (voire plus) en dehors de l’espace-temps éducatif traditionnel ». Autre exemple : qu’on cesse de nous enfermer (à vie ?) dans des catégories et des grades qui sont venus sanctionner un « niveau universitaire » à l’entrée dans la profession, mais qui ne tiennent guère compte des compétences développées et de l’investissement manifesté dans l’exercice du métier. Autre exemple : qu’on cesse de restreindre nos missions à des tâches (en gros : préparer des cours, faire cours, corriger des copies, remplir des bulletins) qui ne sont plus qu’une partie (et pas la plus intéressante) d’un métier désormais bien plus riche et complexe (ingénierie éducative, veille pédagogique et technologique, accompagnement des élèves, relations avec les parents ou le tissu local, travail d’équipe …).
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