« La France se voit comme privée d’avenir. L’avenir c’est l’école. On doit à la jeunesse le meilleur. Ca ne peut pas se faire sans les entreprises ». Vendredi 18 octobre, Vincent Peillon a conclu son discours d’installation du Conseil national éducation économie (CNEE) par cet appel au redressement. Une idée reprise également par Jean Marc Ayrault qui a présenté le CNEE comme un acteur d’un combat économique autant qu’éducatif. Devant une assemblée composée de cadres du système éducatif et des membres du CNEE, les ministres ont décliné leurs attentes envers le CNEE. Bien des points restent encore à définir comme la mise en place des parcours des métiers mis en place de la 6ème à la terminale.
La composition du CNEE
Pour Jean-Cyril Spinetta, « la puissance d’un état réside d’abord dans les performances de son système éducatif ». Ancien directeur des lycées au ministère de l’éducation nationale, il a également mené une carrière de chef d’entreprise et c’est cette double casquette qui l’amène à la présidence du CNEE. Autour de lui se trouvent 5 grands chefs d’entreprise et 5 représentants des organisations d’employeurs, dont Pierre Gattaz, président du Medef et Jean-François Roubaud de la CGPME. Le Conseil compte également 10 représentants des salariés : 5 des grandes confédérations (Cfdt, Cftc, Cgc, Cgt et Fo) et 5 des syndicats enseignants (Snes, Sgen, Se-Unsa, Cgt et Snalc). La Fsu est peu représentée, Sud est absent. Le Snalc est par contre présent. Enfin s’ajoutent 4 représentants de 4 ministères, dont le patron de la Dgesco et 2 présidents de conseils régionaux, F Bonneau et J Auxiette.
Aider à la carte des formations pour JM Ayrault
C’est le thème de la puissance que reprend JM Ayrault pour justifier la création du CNEE. « Qui y-a-t-il en effet au coeur de la relation économie- éducation, sinon l’essentiel des questions que nous avons à affronter, pour redresser notre pays, pour retrouver la croissance mais aussi créer des emplois, offrir de nouvelles perspectives à la jeunesse, redonner à la France toute sa force, toute sa puissance ? » Le premier ministre attend du conseil qu’il « consolide le climat de confiance entre l’école et l’entreprise » et qu’il aide l’action officielle en ce qui concerne la prospective de l’emploi et l’établissement de la carte des formations. » Ce n’est désormais qu’après concertation avec les acteurs économiques et sociaux – et accord entre région et recteur – que les décisions d’ouverture ou de fermeture des formations seront arrêtées », précise-t-il. On attend de cette concertation une meilleure adaptation de l’offre de formation. Le conseil devra aussi développer l’esprit d’entreprendre « la mère de tout projet ». « Préparer les jeunes à l’entreprise, à y entrer mais aussi à la créer, la faire comprendre dans toutes ses dimensions et peut-être d’abord dans sa dimension humaine, à travers les relations sociales qu’elle implique et qui la fondent ».
Mettre en place le parcours des métiers
« Il y a une exigence absolue de donner aux jeunes une insertion professionnelle », explique Vincent Peillon. Pour cela, le ministre donne au CNEE comme premier objectif celui de l’orientation. « Le Cnee sera saisi pour inclure le parcours des métiers dans le socle que tous les élèves devront étudier ». Et pour cela le ministère a besoin des entreprises. V Peillon met les points sur les « i ». « Faire venir des professionnels dans les écoles, qui en a peur ? Permettre d’aller dans les entreprises c’est obligatoire dans le parcours ». « Il faut que le monde de l’éducation et celui de l’entreprise travaillent plus étroitement ensemble pour construire ce parcours ».
Interrogé par le Café pédagogique, le ministre précise qui aura en charge le parcours. Il sera « sous la responsabilité des professeurs en liaison avec les professionnels du monde de l’entreprise… Les enseignants doivent être accompagnés. On a besoin de compétences externes pour faire découvrir les métiers et lutter contre les stéréotypes ». V Peillon a promis que les enseignants seraient aidés pour la mise en place du parcours sans entrer dans le détail. Philippe Hayat, président de l’association 100 000 entrepreneurs, annonce l’ouverture avec le soutien du ministère, d’une plateforme proposant des ressources pédagogiques sur ces questions.
Faire dialoguer entreprises et écoles
Qu’en pensent ses membres ? Interrogé par le Café, Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa et membre du CNEE, rappelle que « l’économie gouverne le monde » et que « ça a du sens de donner aux futurs citoyens des outils pour décrypter le monde économique ». Il souligne le fait que le CNEE est un conseil éducation économie et non éducation entreprises. Mais faire bouger les mentalités sera forcément long.
Président de la région Centre, François Bonneau siège également au CNEE. « Nous attendons de ce conseil que la compétence régionale en matière de développement économique, de formation professionnelle puisse trouver les liaisons qui feront que, sans traumatisme, l’école puise vivre dans le monde d’aujourd’hui et préparer les jeunes aux métiers de demain ». Il espère qu’avec ce conseil on avance concrètement sur les chantiers de l’orientation. « On veut tenir notre place et faire en sorte qu’on puisse faire évoluer les structures pour que le parcours des métiers puisse s’inscrire dans une dynamique de la formation. On veut moins d’orientation subie. On a un rôle à jouer en matière de carte de formation et pour l’accompagnement à l’orientation ».
La loi d’orientation a bien donné aux régions des responsabilités pour la carte des formations. Elle a mis le développement de l’esprit d’initiative et la compétence à entreprendre dans les objectifs de l’école. Mais comment former les enseignants à faire entrer cet objectif dans les nombreuses « éducation à » qu’on leur impose déjà ?
Les entreprises se préparent
Ce sont les entreprises qui ont la réponse. Vincent Peillon était invité en fin d’après midi au lancement de « Entrepreneurs demain ! », une association créée par Philippe Hayat avec l’aide d’Yvon Gattaz, président de l’AJE. « On va intervenir dans les écoles, aider les élèves à monter leur projet », a promis P Hayat. « On va faire évoluer les mentalités dans les écoles ». L’association veut proposer une offre cohérente de contenus de sensibilisation à l’entrepreneuriat de la 6ème à bac +8. Les premiers documents seront prêts fin 2013. L’objectif c’est 9 millions d’élèves.
François Jarraud
Sur le site du Café
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