Par Alexandra Mazzilli de l’association Aide aux Profs
Ce mois-ci :
– Enseignants auto-entrepreneurs : pourquoi sont-ils si nombreux ?
– Aide aux Profs vous présente des parcours réussis de créatrices et créateurs d’entreprises
– Le témoignage d’Ambre Gorget, toute jeune auto-entrepreneuse qui vient de lancer son activité…
Professeur et entrepreneur… Voici une association de termes et d’activités que l’on considérait comme impossible et improbable, il n’y a encore pas si longtemps. La loi du 13 juillet 1983 expliquait clairement que les fonctionnaires quels qu’ils soient ne pouvaient « exercer à titre professionnel une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit ». Pourtant, des dérogations sont apparues, complétées par la création du régime de l’auto-entreprise. De fait, l’instauration du statut d’auto-entrepreneur en janvier 2009, permet à tous, y compris aux fonctionnaires dont les enseignants font partie, de créer, dans le cadre d’une toute petite entreprise une activité industrielle, commerciale, libérale ou artisanale. Les enseignants en sont très friands… La question légitime que nous pouvons nous poser est donc : quels sont les raisons de ce succès ?
Le rapport au temps, les vacances scolaires…
Contrairement aux idées reçues, les enseignants n’ont pas plus de temps que les autres fonctionnaires ou que les autres salariés du privé car même s’ils ne font pas 35 heures effectives devant les élèves, il faut néanmoins tenir compte des heures de préparation, de corrections, des réunions pédagogiques, des rencontres avec les parents, de la paperasserie administrative,… Néanmoins, surtout lorsqu’on enseigne au collège et qu’on a des plages horaires de disponibles en dehors des temps de présence devant les élèves pour faire tout cela, il semble plus facile à un enseignant de se dégager du temps pour une seconde activité. Dans les textes et officiellement, l’auto-entreprise créée avec une autorisation de la hiérarchie d’un cumul d’activités ne doit pas demander à l’auto-entrepreneur plus de six heures d’activités par semaine : le décret du 20 janvier 2011 le précise (le cumul d’activités sans obligation de démissionner est autorisé si l’activité exercée ne dépasse pas six heures en moyenne par semaine). Concrètement et dans les faits, une organisation de trois heures le mercredi après-midi et trois heures le samedi matin qui constituent des créneaux disponibles dans la semaine d’un enseignant ou une heure par soir après la classe suffiraient à se lancer dans l’aventure… Pour compléter, les enseignants disposent en effet de quelques semaines de vacances supplémentaires qui peuvent leur permettre de mieux s’organiser et de mieux répartir la charge de travail de l’activité entreprise ou de préparation des enseignements sur l’année…
La sécurité de la double-activité et de la mise en dispo et la « facilité » des démarches et la sécurité
Pour commencer, il est vrai que d’opter pour le cumul d’activités est une possibilité avantageuse car elle permet de tester un projet sans perdre son salaire… Si l’entreprise se développe, il est ensuite possible de lâcher le métier d’enseignant. Attention, le cumul d’activités accessoires n’est possible qu’à plein temps : si un prof crée une auto-entreprise à mi-temps au moins, il devra démissionner au bout de deux ans s’il veut poursuivre l’activité. Une fois l’entreprise lancée, l’enseignant qui souhaiterait la faire évoluer peut tout à fait se mettre en disponibilité afin de se concentrer sur son activité entrepreneuriale. De même, si un jour l’entreprise flanche, il sera toujours possible de réintégrer le corps enseignant pour continuer à s’assurer des revenus corrects. N’oubliez pas ! Même si vous décidez de sauter le pas, il est vraiment essentiel de conserver des marges de sécurité, il serait déraisonnable de quitter la sécurité du statut sans penser à préserver ses arrières.
Par ailleurs, la simplicité du régime de l’auto-entrepreneur peut intéresser un enseignant qui souhaite exercer une activité complémentaire, car il rend plus accessible la formalité de déclaration d’activité de l’entreprise ainsi que le calcul et le paiement des charges sociales et fiscales. Il s’agit au départ, deux mois environ avant la date de création prévue d’envoyer une demande de cumul d’activités à sa hiérarchie. Puis, il suffit de s’immatriculer en ligne sur le site l’autoentrepreneur.fr : http://www.lautoentrepreneur.fr/ A partir de là, il ne reste plus qu’à lancer et développer son activité. Attention ! Simplicité des démarches ne signifie pas simplicité de la gestion de l’entreprise. Les CCI le disent, le taux d’échec reste important avant les cinq première années, surtout lorsque le créateur d’activité n’est pas accompagné. Se lancer en tant qu’auto-entrepreneur nécessite de la réflexion et une bonne dose de préparation. Nombre d’auto-entrepreneurs échouent faute de préparation et de réel dynamisme commercial. Nous ne dirons jamais assez combien la prospection de clientèle est primordiale ainsi que la création d’un véritable réseau professionnel.
Avant de se lancer dans l’auto-entreprise ou la création de son activité, il est important :
– de trouver une bonne idée ;
– d’avoir les compétences de la développer ;
– de disposer d’un réseau suffisant de compétences complémentaires pour être épaulé ;
– d’avoir beaucoup d’énergie, d’être très motivé et productif, avec une grande réactivité, beaucoup de disponibilité, de patience aussi ;
– de savoir concevoir son business plan pour convaincre les banques si l’on a besoin d’un prêt ;
– de réaliser différentes démarches administratives pour mettre en œuvre l’activité au-delà de la simple déclaration ;
– de cibler son public ;
– de cerner son rayon d’action ;
– de définir ses tarifs ;
– de bâtir son plan de communication (n’hésitez pas pour se faire à vous procurer l’ouvrage de Sylvie Gilibert et Olivier Creusy intitulé Réaliser son plan de communication en 48 heures) ;
– de savoir concevoir ses outils de communication ;
– de négocier des partenariats,
– de savoir pérenniser son activité.
Les secteurs d’activité couverts par l’auto-entreprise, le besoin de faire et de voir autre chose
Bien souvent, les enseignants qui se lancent dans la création d’entreprises évoquent le besoin de faire autre chose, de voir autre chose ou de donner la pleine mesure à un talent personnel (peinture, écriture, créations artistiques diverses,…), même si les préoccupations financières ne sont pas étrangères au choix d’un cumul d’activités. Ainsi le régime de l’auto-entrepreneur est-il réservé à des petites activités qui ne dépassent pas un certain seuil fixé par le code général des impôts (81 500 ou 32 600 euros, selon la nature de l’activité exercée). Il est donc adapté pour une activité de nature complémentaire ou « accessoire » comme le souligne le décret du 2 mai 2007, modifié par le décret du 20 janvier 2011, qui liste une série d’activités qu’un fonctionnaire peut exercer dans le cadre d’une entreprise unipersonnelle. Aucune limitation de durée, il faudra simplement choisir au bout de deux ou trois ans entre son activité entrepreneuriale ou sons statut de fonctionnaire et finir par démissionner ou se mettre en dispo).
Les activités accessoiressont les suivantes :
· expertises ou consultations auprès d’une société ou d’un organisme privé ;
· enseignement ;
· formation ;
· petits travaux ménagers réalisés chez les particuliers ;
· production d’œuvres de l’esprit ;
· activité de conjoint collaborateur au sein d’une entreprise commerciale ou artisanale.
En 2011, cette liste a été étendue aux activités sportives, aux activités d’encadrement et d’animation (par exemple pour les enseignants), ainsi qu’aux services à la personne.
Voici quelques exemples d’activités considérées comme accessoires :
· enseignement de la langue française ;
· écrivain public ;
· conseil et formation en informatique ;
· traducteur-interprète ;
· restauration chez des particuliers ;
· coaching ;
· conseil en comportement animalier ;
· élevage de chiens ;
· exploitant agricole…
Et si jamais vous manquer encore d’idée pour vous lancer dans un projet, vous pouvez vous référer au site extrêmement bien fait de l’APCE ou Agence Pour la Création d’Entreprises : http://www.apce.com/ En plus d’être une mine d’or pour vous aider à réfléchir et monter votre projet de création, étape par étape, le site propose une page d’idées pour entreprendre, 1001 idées pour entreprendre ( http://www.apce.com/pid986/1001-idees-pour-entreprendre.html), alors n’hésitez plus !
Depuis 2006, Aide aux Profs a rencontré et accompagné un grand nombre d’enseignants dans leur reconversion. Tous les mois, nous vous présentons des enseignants qui ont achevé leur reconversion ou qui sont en cours de reconversion. Nombre d’entre eux ont fait le choix de la création d’entreprise et certains ont particulièrement bien réussi dans leur projet, faisant même évoluer leur micro-entreprise vers une structure plus développée.
Nous vous les avons déjà présentés dans nos différentes pages, dans nos rubriques mensuelles ou sur le portail d’Aide aux Profs, certains sont maintenant des adhérents référents d’Aide aux Profs et vous invitent parfois à postuler pour remplir telle ou telle mission pour eux. Certains ont commencé par une auto-entreprise, d’autres ont de suite eu des visées plus ambitieuses. Quels qu’ils soient, encore enseignants en cumul d’activités, enseignants en disponibilité ou enseignants démissionnaires de l’Education Nationale, leur parcours est riche et invite à la confiance. Avec de la motivation et du bon sens, tout est possible !
– Gwendoline Perret a démissionné pour créer son agence de voyages et d’événementiel haut de gamme qui marche actuellement très bien : http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=recherche.asp et
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2012/136_SC.aspx
– Evelyne Auriol, enseignante d’histoire-géographie, accompagnée par Aide aux Profs a créé son auto-entreprise d’écrivain public, il y a un an, elle explique en détails comment elle s’y est prise : http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=recherche.asp et
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2012/138_SC.aspx
– Florence Esnault, enseignante qui a créé sa micro-entreprise d’entretien d’espaces verts et de bricolage :
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2012/135_SC.aspx
– Agnès Couturier, ancienne enseignante spécialisée en SEGPA a créé son entreprise pour devenir thérapeute praticienne EFT et experte en chrononutrition après 22 ans de carrière :
http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=recherche.asp
– Sonia Cottier, ancienne professeure des écoles a créé son auto-entreprise en réflexologie plantaire :
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2011/121_20.aspx
– Lise Schneider, professeure des écoles en disponibilité, a créé son cabinet de communication thérapeutique et de maïeusthésie :
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2013/140_SC.aspx
Ambre Gorget est enseignante depuis six ans. En juin, elle a choisi de se mettre en disponibilité afin de suivre son compagnon dans le sud-ouest. Il était trop tard pour une demande de mutation et qui plus est, elle souhaite revenir dans le Var d’ici quelques années mais a peur de ne pas y arriver car c’est un département dans lequel il est difficile de rentrer. Du coup, pour sa première rentrée scolaire sans rentrée depuis plusieurs années, elle se lance dans un vaste projet : créer une auto-entreprise pour donner des cours et vendre du matériel pédagogique. D’autres idées trottent dans sa tête mais la voici au tout début du parcours d’auto-entrepreneuse… Un témoignage vivant qui montre à tous, notamment aux enseignants qui n’osent pas ou qui manquent de confiance en eux, qu’ils sont tous capables de se mobiliser pour faire autre chose ou faire différemment.
1/ Quelles études as-tu suivies et pourquoi es-tu devenue enseignante ?
Je ne suis pas de celles qui voulaient être maîtresse depuis toujours. J’aime bien les enfants, mais j’aime plein d’autres choses aussi… Je voulais être journaliste, ou travailler dans l’informatique. Ou être traductrice d’espagnol, une langue que j’adore, ou pourquoi pas prof en collège.
J’ai eu une expérience malheureuse au lycée, quand mes parents ont voulu que je fasse ES option maths en pensant que ça m’aiderait à m’améliorer dans cette matière. Un carnage. Je me suis donc tournée vers l’option espagnol, à défaut de pouvoir migrer vers un bac L (toujours le forcing de mes parents !), langue que j’ai donc présentée en option au bac, et que j’ai continuée à la fac, avec une licence LLCE Espagnol.
Durant mon cursus universitaire, j’ai suivi diverses options, notamment FLE et préprofessionnalisation aux métiers de l’enseignement. C’est là, avec mon tout premier stage en maternelle, que j’ai eu le coup de foudre. Même si j’ai été cueillie avec un merveilleux « Dis, pourquoi t’as un grand nez ? ». J’ai su que je voudrais travailler avec des enfants, et à partir de là il n’a plus été question de journalisme ou d’informatique, je voulais devenir enseignante.
J’ai donc passé le concours, une première fois pour voir ce que ça donnait (des copains allaient le passer, moi je ne pensais pas obtenir ma licence cette année-là car je n’avais pas vraiment travaillé, mais j’y suis allée en me disant que ça me ferait de l’entraînement pour quand je le présenterais l’année suivante). J’ai été admissible, ce que j’ai trouvé encourageant, mais bien sûr je n’ai pas passé la barrière des oraux : je n’étais absolument pas préparée. J’avais réussi à décrocher ma licence, j’ai donc passé les tests d’entrée à l’IUFM et plus ou moins suivi une année de Master 1 LLCE Espagnol, en attendant de pouvoir faire mon année de PE1. Puis j’ai repassé le concours, et cette-fois ça a fonctionné.
2/ Quel a été ton parcours de carrière dans l’Education Nationale et pourquoi avoir choisi de te mettre en disponibilité ?
En sortant de l’IUFM, j’ai demandé un poste de remplaçante dans la circonscription de Saint-Maximin dans le Var : pas peur de la campagne, et très envie de me former par les remplacements avant d’avoir ma propre classe. Finalement, avec le statut de brigade, j’ai récupéré un CE1 à l’année, après avoir partagé la classe avec une prof en mi-temps thérapeutique les premières semaines. Ça a été une expérience extrêmement enrichissante et positive, même si je passais vraiment beaucoup d’heures à préparer la classe.
L’année suivante j’avais demandé ZIL pour bouger un peu plus, mais malheureusement je me suis retrouvée coincée dans un CM2 loin de chez moi, dans mon école de rattachement, de septembre à avril. Une classe difficile, des élèves pas très sympas, et bien sûr c’était l’année de l’inspection… Cette expérience m’a laissé un goût amer. Heureusement, j’ai fini l’année dans un CP à 17 élèves avec TBI, un régal.
Les trois années qui ont suivi, j’ai enfin pu bouger : j’étais TMBFC, puis TMB quand les FC ont disparu, mais avec les mêmes missions quasiment. Une classe différente tous les jours ou presque, des rencontres humaines merveilleuses tant dans les écoles qu’au sein de notre brigade FC, majoritairement masculine et animée d’un esprit différent de celui des adjoints qui sont dans les écoles et n’en sortent pas. C’est vrai qu’il y avait la route, mais le travail n’étant plus le même en terme de préparation, remplissage des livrets, réunions… j’ai pu en profiter pour me concentrer sur la relation élève/enseignant.
J’ai également eu trois profs stagiaires sous mon aile, avec l’impression d’être utilisée comme formatrice par la hiérarchie, sachant que j’étais à peine sortie de l’œuf moi-même (j’étais T3 pour mes deux premiers stagiaires !), et que bien sûr la fiche de paye ne prenait pas ça en compte… Mais j’ai joué le jeu, et fait comme j’ai pu : après tout, ça n’était pas la faute de ces pauvres stagiaires parachutés là sans parfois savoir à quoi pouvait bien ressembler un enfant de quatre ans, deux jours avant de les voir débarquer à 30 dans la classe !
Globalement, après 5 ans à vadrouiller dans tout le département et dans tous les niveaux de classe, je considère que j’ai appris beaucoup, et j’aime toujours autant ce métier, même si tout n’est pas rose.
Ce qui m’a motivée à demander une dispo n’a donc rien à voir avec un ras-le-bol ou une véritable envie de faire autre chose : juste que mon amoureux était bien loin de moi, et que j’avais la possibilité de le rejoindre sans avoir à démissionner ou à me faire muter (ce que je ne veux pas faire car je compte revenir dans le Var un jour ou l’autre, et nous savons tous que les places sont chères là-bas !).
3/ Aujourd’hui, en attendant de pouvoir éventuellement retrouver un poste dans l’Education Nationale, tu as décidé de te lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Parle-nous de tes motivations…
Je suis en disponibilité, et c’est une chance de pouvoir faire une pause dans sa carrière sans perdre son travail. Mais en attendant, il faut bien remplir le frigo. Je préfère voir le bon côté des choses en me disant que ça me permettra d’avoir des expériences de la « vraie vie », en plus de ce job de caissière que j’avais pour payer mes études. Trop souvent les enseignants ont, à tort ou à raison, la réputation de ne pas connaître la chance qu’ils ont d’être fonctionnaires, d’avoir la sécurité de l’emploi etc. Et c’est vrai que quand on n’a pas à chercher de boulot, la vie est quand même chouette.
L’auto-entreprenariat est a priori une des seules choses que l’on peut faire quand on est en dispo. Ça tombe bien, car ça laisse une sacrée liberté d’action, ce qui n’est pas sans me déplaire.
4/ Dans quel(s) domaine(s) souhaites-tu entreprendre et pourquoi ?
Je pense rester dans ce que je connais, c’est-à-dire l’enseignement. Je voudrais trouver des élèves à qui donner des cours particuliers, d’espagnol ou autre. Je suis assez curieuse de la relation qu’il peut y avoir en individuel avec un élève, c’est quelque chose qui manque dans les classes surchargées. Avoir un autre rapport avec l’apprenant, pouvoir vraiment faire quelque chose sur mesure… je pense que ça peut être positif et enrichissant pour moi (et pour l’élève bien sûr, hein).
À part ça, je viens de signer un contrat d’apporteur d’affaire avec une maison d’édition bretonne, Hart éditions, qui vend des affiches pédagogiques. Je vais donc me mettre à la place de ces représentants que l’on voit de temps en temps dans les écoles, entre deux portes, en se faisant remplacer dans la cour si on est de surveillance… Sûrement une bonne leçon d’humilité en perspective ! Un pied dans l’école, sans y être vraiment.
Peut-être qu’un jour sauterai-je le pas moi aussi pour créer du matériel pédagogique, j’ai tellement d’idées avec ces années de remplacement ! Et sinon, je réfléchis aussi à des livres de littérature jeunesse. Mais ça n’est pas pour tout de suite.
4/ Concrètement, quelles actions et quelles démarches as-tu menées pour créer ton auto-entreprise ?
Je me suis renseignée sur internet et auprès de gens qui avaient déjà sauté le pas. Je suis allée à une réunion d’information de la Chambre de Commerce et d’Industrie (avant de savoir que mon profil relevait en fait de l’URSSAF), réunion qui ne m’a vraiment rien apporté, les informations étant nombreuses, vagues et finalement pas adaptées à ce que je voulais faire. J’ai quand même obtenu là-bas les coordonnées de l’ORIFF, un organisme de formation bien utile.
Après être allée à l’URSSAF pour m’immatriculer (j’ai appris entre-temps qu’on peut le faire directement sur lautoentrepreneur.fr, ça prend vraiment peu de temps, il faut juste bien savoir ce que l’on veut faire), et une fois reçu mon numéro de SIRET par l’INSEE, j’ai eu le droit de participer à une journée de formation sur l’auto-entreprenariat, organisée par l’ORIFF, et cette fois-ci ça a été vraiment intéressant, quoique dense.
5/ Quelles sont les difficultés auxquelles tu es confrontée ?
Le jargon fiscal ne m’étant pas familier, c’est surtout ça qui me fait peur. J’ai appris qu’il y aurait peut-être des frais auxquels je ne m’attendais pas (la CFE notamment, la Contribution Financière des Entreprises), alors que l’intérêt premier du statut d’auto-entrepreneur est que si on ne gagne rien, on ne paie rien.
A part ça, c’est sûrement le côté commercial qui va être difficile : je n’ai pas l’habitude d’avoir à vendre quelque chose.
6/ Comment envisages-tu les choses pour l’avenir ?
Pour l’instant je démarre tranquillement, on verra comment les différents pôles de mon activité évoluent, pour savoir si je dois laisser plus de place à l’un ou à l’autre. Mon compagnon a des revenus qui nous permettent de vivre même si je ne rapporte pas beaucoup de sous, c’est un sacré avantage car je n’ai pas autant de pression que quelqu’un qui n’aurait pas cette chance. Et puis je sais aussi que j’ai un métier, et un poste qui m’attend, qu’il me suffit de faire un signe pour rejoindre les rangs de l’Education Nationale, alors je m’estime chanceuse et je peux entreprendre sereinement !
Céline Maestri s’est prise de passion pour la pédagogie Montessori et l’utilise au maximum cette année dans sa classe de PS/MS pour lutter contre les difficultés scolaires et offrir des remédiations efficaces aux élèves qui en ont besoin. Elle regrette que dans l’Education Nationale, elle ne soit pas plus facile à mettre en œuvre, faute de moyens (le matériel est coûteux et Céline n’a pas eu encore de classe à l’année pour tester sur le long terme cette pédagogie) et décide alors de s’engager dans une activité d’auto-entrepreneuse afin de monter des ateliers Montessori et de proposer des stages et des séquences d’apprentissages aux enfants le mercredi, le samedi et pendant les vacances ainsi que des ateliers de soutien scolaire. A terme, si l’activité fonctionne bien, il se pourrait que Céline décide de quitter définitivement l’Education Nationale…
1/ Quelles études as-tu suivies et pourquoi es-tu devenue enseignante ?
J’ai un DEA en biologie. J’ai poursuivi mes études jusqu’à bac+5 parce que ça me passionnait mais l’envie d’être enseignante s’est fait sentir dès la licence (bac+3). Après le DEA, je ne me sentais pas le courage de commencer une thèse, alors j’ai enfin passé le CRPE. Je l’ai obtenu seulement au bout de la troisième fois, en 2007.
C’est difficile de savoir pourquoi je suis devenue enseignante. Tout le monde pense connaître ce métier parce que tout le monde est allé à l’école. Je suppose que ce qui m’a donné envie de faire ce métier, c’est que j’ai de très bons souvenirs de ma scolarité et de mes instituteurs. Je me souviens de chacun d’entre eux de façon très précise, et j’ai pour certains d’entre eux, pour des raisons très diverses, une grande admiration.
2/ Quel a été ton parcours de carrière dans l’Education Nationale ?
CRPE en 2005 (en candidat libre) : admise sur liste complémentaire, non appelée
CRPE en 2006 (candidat libre) : encore admissible mais non admise
CRPE en 2007 (après un an de PE1 à l’IUFM de La Seyne) : admise (33ème !)
2007-2008 : PE2 à l’IUFM de La Seyne, stage filé en petite section à Carqueiranne.
2008-2009 : TRS à Lorgues (PS/MS + GS + CM2)
2009-2010 : MS/GS à Bormes les Mimosas
2010-2011 : Surnombre circonscription de Garéoult, congé maternité
2011-2012 : Surnombre Toulon2 puis congé parental, reprise en avril en MS/GS à Hyères
2012-2013 : surnombre à Hyères puis TRB circo de La Garde (à partir de février)
2013-2014 : PS/MS au Pradet, à mi-temps
3/ Aujourd’hui, tu souhaites devenir auto-entrepreneuse : quel a été ton déclic et pourquoi souhaites-tu quitter l’Education Nationale ?
J’ai suivi l’an dernier une formation à la pédagogie Montessori suite à la rencontre avec une maman qui s’y intéressait depuis longtemps. La découverte de cette autre façon de faire, d’enseigner, d’accompagner les enfants dans leurs apprentissages de façons très individualisée m’a réellement ouvert les yeux et l’esprit sur ma pratique quotidienne. J’ai réalisé que je pouvais vraiment aider des enfants en difficultés pour lesquels le schéma leçon/exercices d’application classique ne convenait pas. J’ai tout simplement découvert une autre façon d’aborder les choses, y compris les parties les plus rébarbatives du programme, en y prenant un réel plaisir et en voyant mes élèves se régaler eux aussi, et être fiers d’eux. Et encore, j’étais remplaçante donc je n’ai pu mettre en place que peu de choses car cette pédagogie demande un matériel très coûteux.
Je ne souhaite pas pour le moment quitter l’EN, j’ai demandé un mi-temps pour avoir du temps pour préparer ce projet et le mettre en place, pour continuer à me former et prendre mes marques avec cette nouvelle pédagogie dans des conditions idéales : petit groupe d’enfants, matériel et ambiance adéquats.
4/ Dans quel(s) domaine(s) souhaites-tu entreprendre et pourquoi ?
Je souhaite proposer des ateliers et des séances de soutien scolaire en suivant la pédagogie Montessori, parce que j’ai suivi l’an dernier une formation à la pédagogie Montessori et que j’ai envie d’appliquer cette façon de développer l’autonomie et les apprentissages, et de diffuser cette pédagogie qui me plait énormément.
5/ Concrètement, quelles actions et quelles démarches as-tu menées pour créer ton auto-entreprise ? Que te reste-t-il à faire ?
Je n’en suis encore qu’au début. Je viens d’envoyer à la DSDEN (via mon IEN) un dossier de demande d’autorisation de cumul d’activité avec un formulaire de déclaration de création d’entreprise.
Il me reste à faire ma déclaration d’auto-entreprise en ligne. C’est prévu pour début décembre, la déclaration ne pouvant être faite plus de 30 jours avant le début de l’activité (qui est prévue pour début janvier si j’ai reçu d’ici là l’autorisation de la hiérarchie).
Je vais aussi créer une page Facebook pour me faire connaître et faciliter la communication.
5/ Quelles sont les difficultés auxquelles tu es confrontée ?
Pour le moment aucune, j’espère que j’obtiendrai l’autorisation.
6/ Comment envisages-tu les choses pour l’avenir ?
C’est le grand saut pour moi ! Je suis confiante parce que je vais faire quelque chose qui me plait beaucoup et surtout qui me tient à cœur. C’est en plus un projet dans lequel je pourrai intégrer ma fille, et c’est très important pour moi.
J’espère pouvoir rester à mi-temps l’an prochain, en fonction des revenus produits par cette nouvelle activité.
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