Ce mois-ci :
– Aide aux Profs diffuse sur le web une demande d’audience à François Hollande dans le cadre de son souhait de développer l’esprit d’entreprise de l’école à l’université, afin que cela ne prenne pas la forme d’un énième enseignement ;
– L’interview de Jean-Marc Malard, professeurs des écoles et artiste-peintre ;
– Focus sur le métier d’assistant(e) familial(e), une reconversion que choisissent des enseignantes ;
– SUD-Education s’inquiète de la dégradation des conditions de travail dans l’Education nationale, au vu des orientations stratégiques 2012/2013 adoptées le 10 octobre 2012 par le CHSCT ministériel.
Article de Rémi Boyer
Durant la campagne présidentielle, de nombreuses personnalités du Parti arrivé au pouvoir en mai 2012 avaient été réceptives à notre engagement associatif bénévole en faveur des formes de reconversion professionnelle des enseignants. Nous avions pu rencontrer grâce à l’un de nos partenaires, le Sgen-Cfdt, François Hollande lui-même, en lui remettant l’ouvrage Enseignants et mobilité professionnelle au Salon Européen de l’Education, alors qu’il était accompagné de Vincent Peillon, Bruno Julliard, Claude Lelièvre entre autres.
Fin août 2012, les conseillers de Vincent Peillon devenus Ministre, Jean-Paul Delahaye (Conseiller Spécial devenu DGESCO), Bernard Lejeune (Conseiller social devenu Directeur Adjoint de Vincent Peillon), nous avaient accordé une heure de leur précieux temps.
Lors du Salon Européen de l’Education de novembre 2012, nous avions pu de nouveau échanger avec Benjamin Marteau (Chef de cabinet adjoint de Vincent Peillon) et Jean-Paul Delahaye, lesquels nous avaient indiqué que les secondes carrières ne faisaient pas (encore) partie des chantiers prioritaires (1: Refondation de la formation des enseignants 2: Recrutement de 60 000 enseignants sur 5 ans 3: Développement de l’Ecole Numérique).
Lors du dernier colloque de l’AFAE en mars 2013 à Lille, nous avons pu entrer en contact avec Yannick Tenne, ancien conseiller du Ministre, en renouvelant notre demande d’attirer l’attention de Vincent Peillon sur les formes de mobilité professionnelle des enseignants hors enseignement, après une carrière plus ou moins longue et parfois épuisante.
Aide aux Profs, depuis le 18 juillet 2006, anime au quotidien tous les soirs à distance un dispositif à l’écoute des difficultés et des projets de reconversion de 6 000 enseignants à ce jour (de plus de 5 000 écoles, collèges, lycées), et a demandé audience au Président de la République au sujet de tous ces enseignants créatifs qui s’engagent dans une démarche entrepreneuriale, en auto-entrepreneurs, alors que leur administration freine leurs projets, refuse de plus en plus leurs demandes d’indemnité volontaire de départ pour créer des Eurl ou des Sarl.
Comment promettre le changement et le redressement productif en France si l’intendance ne suit pas ?
Aide aux Profs espère que François Hollande et ses conseillers seront aussi attentifs à ce que nous proposons que durant la campagne présidentielle où tant de choses ont été promises aux français.
Aide aux Profs soutient aussi la démarche amorcée par Grégoire Leclercq et Didier Barbet, de la Fédération des Autoentrepreneurs (60 000 adhérents), l’un de nos partenaires depuis 2009, et qui se bat pour que ce régime puisse être préservé, alors qu’il est actuellement menacé sous la pression de lobbies influents.
Si le Gouvernement de ce pays tient vraiment à soutenir les créatifs de ce pays, ceux qui prennent des risques pour entreprendre, il est temps de le montrer, en faisant sauter les verrous et les carcans qui entravent ceux qui souhaitent répondre favorablement à cette volonté de faciliter la création d’entreprises et de contribuer ainsi à réduire enfin ce chômage qui ne cesse d’augmenter depuis 23 mois en France, en développant en parallèle l’esprit d’engagement et l’optimisme qui manquent tellement aux générations qui se succèdent, dans cette crise politico-économico-financière qui n’en finit pas.
http://www.aideauxprofs.org/UserFiles/AAP_FH.pdf
Interview réalisée par Alexandra Mazzilli
Ce mois-ci, Aide aux Profs vous propose de rencontrer un professeur des écoles assez atypique. Jean-Marc Malard, la cinquantaine bien trempée, réalise des peintures (par série) depuis une trentaine d’années. Si Jean-Marc ne se pose pas à proprement parler, la question d’une seconde carrière ou d’une évolution professionnelle dans le monde de la peinture, son parcours démontre malgré tout qu’il est possible, tout en restant enseignant à temps complet, d’avoir une activité plus ou moins rémunératrice et surtout autorisée, à côté de son emploi et en même temps, synonyme de plaisir et qui permet de mieux vivre son métier. Au détour d’un entretien très sympathique, il nous parle avec beaucoup de bon sens de sa profession et nous fait partager sa passion pour la peinture.
Pourquoi avoir choisi le métier d’enseignant ?
Je n’ai pas vraiment choisi ce métier par vocation. Je suis issu d’un milieu à la fois enseignant et artiste, ma mère était prof et elle m’a incité à me lancer dans cette voie. Après le bac, je suis entré en fac de droit, je m’y ennuyais alors j’ai passé le concours de l’Ecole Normale et je l’ai réussi en 1982. J’y ai étudié trois ans : c’était encore l’époque où en sortant, tu te sentais suffisamment préparé et solide pour affronter n’importe quelle classe, n’importe quels élèves. Malgré tout, c’est un boulot qui m’a plu parce que tu travailles avec des enfants, avec les « autres », tu transmets ce que tu sais mais surtout ce que tu es. De plus, c’est un métier qui permet de pouvoir passer une vingtaine d’heures par semaine dans une autre activité et ça, c’est quand même sacrément appréciable !
Quel a été votre parcours de carrière ?
Sur environ trente ans de carrière, j’en ai passé les deux tiers à faire des remplacements. C’est un choix personnel qui permet de ne pas connaître de routine et de se remettre en question régulièrement : tu rencontres beaucoup de gens en tournant dans les écoles, il y a moins de boulot administratif, ça permet d’avoir l’esprit libre pour être ce que tu es véritablement et enseigner ce que tu as à enseigner. Cette fonction permet d’éviter tout carcan administratif, dont je me satisfais mal. Beaucoup de gens du métier critiquent les remplaçants car nous sommes réputés pour avoir moins de boulot : mais pour moi, ces a priori manquent d’objectivité… Au bout de vingt ans, lorsque tu as ta classe et ton niveau depuis longtemps, tu t’installes dans une sorte de routine, le travail est prêt d’une année sur l’autre, tu n’as plus grand-chose à faire non plus ! En revanche, quand tu changes plusieurs fois par semaine, d’école, de classe, de niveau, d’élèves, de collègues, ta remise en question – remise en question à la fois de toi-même et de ton travail – est permanente. J’ai quand même eu des classes à l’année (j’ai d’ailleurs fait tout ce que l’on peut faire lorsqu’on est enseignant de primaire, y compris de l’enseignement spécialisé), le travail me semble plus ennuyeux au niveau de l’administratif mais plus reposant car c’est toi qui inspire tout, dans le fonctionnement de la classe, et ce, dès le début de l’année ; au bout de quelques semaines, les élèves sont donc rompus à ton fonctionnement. Quand on est remplaçant, il faut davantage s’adapter, on ne construit rien, ni les rituels de classe, ni les règles de vie relatives à la classe, ni la présentation des cahiers,…
Comment êtes-vous arrivé à la peinture ?
Au début tu ne sais pas pourquoi tu peins… Un jour à l’Ecole Normale, j’ai commencé à dessiner… C’était véritablement une contre-mesure, je voulais déjà échapper à certaines choses. Puis j’ai eu envie d’amener au bout mes dessins. J’ai eu envie d’aller plus loin, d’avoir plus d’espace et je suis rentré dans la peinture et l’apprentissage. Dès le début, je me suis imposé deux choses : être assidu et être sincère, vrai, authentique. Je ne voulais ne pas peindre pour de mauvaises raisons (l’ego, le fric, l’orgueil), je voulais servir la peinture mais ne pas m’en servir à des fins aléatoires et superficielles.
Pour moi, l’art, c’est une façon différente de percevoir les choses, de voir la réalité et de la mettre en scène. Un artiste c’est quelqu’un qui a un moment de sa vie s’aperçoit que sa réalité est différente… Il existe une manière universelle de voir les choses mais quand tu grandis, les épreuves t’apprennent et te font réaliser que ta réalité à toi est bien différente. L’art c’est un moyen de se trouver, de se comprendre et de se réaliser. A partir de là, on peut apprendre : on apprend la technique pour mieux s’en affranchir ; le but, c’est d’acquérir une technique, de se former pour réussir à l’oublier, elle ne devient plus qu’un instrument, un outil pour t’aider à déverser ce que tu es. Le but suprême en art reste la liberté : l’idée est de déverser tout ce que tu as en toi. Et c’est là qu’apparaît un « style »: il arrive quand tu es prêt. Il ne se construit pas, ni ne s’invente, il naît…
Avez-vous suivi un apprentissage, une formation pour vous perfectionner ?
J’ai commencé par six ans d’apprentissage en autodidacte. Tout seul, le soir, de dix-neuf heures à minuit… J’y ai laissé beaucoup de temps et de sacrifices. Puis j’ai rencontré Jean-Marie Estève il y a vingt ans. C’est un architecte, un décorateur et un prof d’arts plastiques. J’ai bossé un an et demi avec lui, presque huit heures par jour, c’était énorme. Il m’a appris à bosser et à tenir un crayon. Pendant vingt-cinq ans, j’ai travaillé sans relâche, non stop plusieurs fois par semaine. J’ai mené de multiples explorations, de techniques, de sujets, de matières : j’ai réalisé des séries abstraites, des séries figuratives, de l’art japonais, des séries sur mes autres passions, les arts martiaux ou le jazz, j’ai fait beaucoup de portraits de jazz et cela allait de pair avec le jazz que je jouais avec les copains… C’était vraiment des explorations : chaque série était une piste de travail, le sujet n’est plus qu’un prétexte à peindre, il n’a pas d’importance en soi…
Il y a cinq ans, j’avais toujours des toiles dans la tête mais je m’essoufflais (les portraits, je les maîtrisais mais ça ne me remplissait plus, par exemple). J’avais le chemin mais je ne trouvais pas le but. Au bout de ces vingt-cinq ans là, je me suis retrouvé au bout de quelque chose. Ces cinq dernières années, ça a été comme une retraite par rapport à la peinture puis une renaissance… Une maturation est là, il me faut maintenant trouver comment l’exprimer. Dans la forme est ressorti ce que j’avais fait au début mais avec dans le fond quelque chose de plus solide, plus de technique et plus de maturité à la fois. J’arrive à m’approcher de ce que j’essaie d’exprimer depuis toujours : j’essaie de représenter la réalité d’une chose, en en montrant toutes les dimensions, la dimension matérielle, la dimension intellectuelle et la dimension spirituelle.
Aujourd’hui, je ne peux toujours pas détacher la figuration de l’abstraction, finalement, ces deux voies ne sont pas si éloignées que ça l’une de l’autre. Ce serait me priver de l’une ou de l’autre alors aujourd’hui j’essaie d’associer les deux, à la fois la liberté de l’abstraction et la précision du figuratif, qui donne des rails, des indices, des repères…. Mais c’est quelque chose qui t’appartient. Et libre au spectateur de s’approprier ton œuvre comme il l’entend…
En ce moment : je peins quand je le sens, je ne me force pas. Quand ce sont des séries, c’est plus simple, une œuvre entraîne l’autre. Mais en ce moment, je suis attentif à ce qui se passe en moi, à ce que je suis et j’essaie de répondre à cela. Ainsi, j’ai réalisé deux toiles d’une nouvelle série où j’étais très serein, très paisible. La troisième, au contraire, exprime une colère que j’ai aujourd’hui dépassée, et le tableau m’y replonge… Il n’est pas achevé, il faut le rendre « présentable »… Mais c’est la règle… Aller au bout, et continuer…
Pourquoi travaillez-vous par série ?
Pour moi, une série est nécessaire pour réussir à explorer entièrement un thème. J’ai fait plusieurs séries sur des thèmes « passion » (jazz, symbolisme, arts martiaux,…) qui constituent tout autant de pistes que tu explores pour t’approprier des choses, ce n’est pas en une toile que je me suis approprié le portait, la peinture à l’encre japonaise ou la calligraphie. Cela me permet d’explorer différents thèmes mais également plusieurs techniques : je peins sur toiles, sur bois, j’utilise des lasures, toutes les peintures, tous les supports (peintures murales, peintures sur toiles de jute par exemple),… Dans la série jazz, j’ai fait des toiles classiques à l’huile, c’est un thème que j’ai exploré sur un grand nombre de toiles ; selon les thèmes, en même temps, il peut y avoir des pistes dans les pistes : dans la série arts martiaux, j’ai appris à utiliser le bois et les lasures. Tout cela demande beaucoup de travail mais c’est aussi pour moi la définition de la liberté infinie. Une liberté magique, parfois angoissante… Sur chaque support, il y a tout un monde vierge à créer. On ne peut pas tricher avec soi-même.
Souhaitez-vous quitter l’école pour vous reconvertir définitivement et entièrement dans la peinture et vivre de votre passion ?
Je ne peins pas pour fuir l’école. La peinture, la musique, les arts martiaux, l’écriture servent la même chose : ce sont des chemins différents tournés vers le même but. Je ne peins pas pour quitter l’école, l’idée, c’est de quitter l’école pour peindre. Arrêter l’école, ça me permet de baigner dans la peinture mais l’important c’est d’y prendre plaisir et d’avancer quelle que soit la discipline (je ressens la même chose lorsque je pratique mon art de prédilection, l’aïkibudo).
Vous exposez ? Vous vendez ? Souhaitez-vous vivre de cette activité ?
Je n’ai plus fait aucune exposition depuis cinq ans. Ça ne m’apporte rien, au contraire, j’ai l’impression de perdre du temps et de l’argent lorsque je fais des expos. Mon monde, c’est l’atelier. Authentique, sans concession, pur et entier. Or, le monde de l’expo, c’est un peu le contraire : c’est le monde du commerce, de l’apparence, de l’ego. Ca ne m’intéresse plus. Je n’ai plus les armes ni l’envie de jouer ce jeu-là. J’ai fait des expos car j’avais besoin d’argent mais je n’ai aucun intérêt à vendre trois cents euros une toile sur laquelle j’ai passé quarante heures. A chaque fois que j’arrive au bout d’une nouvelle série, quand elle est aboutie et si elle est aboutie, je vois comment la présenter et à qui la présenter. Je réalise également des travaux sur commande mais je ne cherche pas forcément à vendre lorsque je rentre dans mon atelier. J’ai également réalisé une grande fresque chez un particulier. Je pourrais vivre de ma peinture mais il faudrait que je consacre une partie de ce que je fais aux peintures de Provence, en espérant qu’il me reste assez d’énergie et d’envie pour faire quelque chose de plus personnel par la suite. Cela me réclamerait six heures de peinture par jour au minimum… J’aurais peur d’y perdre la passion qui m’anime actuellement ! Malgré tout, je mets mes œuvres en vente et je réponds aux différentes commandes.
Son site Internet :
http://jmmalard1.free.fr/indexchoix.html
Son blog :
http://malard.canalblog.com/
Fort de votre expérience de peintre, comment menez-vous vos séances d’arts visuels ?
Sur mes remplacements longs j’ai amené les enfants à faire des trucs de fou, comme par exemple des autoportraits au calque (selon la technique de J-A-D. Ingres, peintre français néo-classique à cheval sur les XVIIIè et XIXè siècles) ou de grandes fresques murales dans la cour de l’école. Aux enfants, j’essaie d’abord de leur donner le goût et la liberté de ce que peut apporter l’art, même si bien sûr, ça passe d’abord par des contraintes techniques et par un apprentissage de ces techniques. Les Instructions Officielles sur les arts visuels et la musique sont bien faites, je les maîtrise bien mais pour pouvoir les appliquer, ce n’est pas une grande connaissance de l’histoire de l’art qui t’aide, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. En ce moment, dans ma classe de grande section, nous bossons sur le thème d’un feu d’artifice avec des silhouettes de corps peintes.
En maternelle, ce qui me lasse, c’est qu’il y a trop de contraintes temporelles, de thèmes imposés (mais qui permettent accessoirement aux enfants d’accéder au temps et à la notion de cycle) : Noël, la galette, les crêpes, Pâques, les fêtes des mères et des pères,… Quand j’ai des élèves sur le long terme, pour un remplacement, j’essaie d’abord de leur faire comprendre ce qu’est l’art. En général, pendant la première séance d’art, on parle mais on ne touche pas un crayon. J’essaie de les amener à enlever toutes les idées reçues, toutes les inhibitions, les faux prétextes,… Avant de leur dire comment tenir le crayon, c’est plus important de leur dire quoi regarder, comment regarder et comment se l’approprier. L’idéal, c’est de réussir à faire naitre un projet qui vient d’eux. Le reste n’a pas d’importance : le seul but, pour moi, c’est qu’ils arrivent à produire une œuvre qui leur appartiennent et qu’ils en soient contents. Qu’ils ressentent ce bien-être du travail accompli, que nous-mêmes n’arrivons jamais à avoir à la sortie d’une journée d’école.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur l’école de la République ?
Pour moi, l’enseignement, c’est un art aussi. Il s’agit transmettre ce qu’on est et ce qu’on sait. Malheureusement, le système veut formater les enseignants… On les submerge, on veut les contrôler, on est obligé de montrer patte blanche, sinon, c’est la sanction immédiate. Le souci au plus haut niveau, c’est de contrôler ce qu’on est, ce qu’on dit, ce qu’on fait et comment on le fait. Si les enseignants sont formatés, alors les élèves le sont aussi et c’est toute la société qui est plus docile… On ne se rebelle plus, on abêtit les élèves qui ensuite regardent des programmes de téléréalité quand ils sont adultes ! A l’école, on n’enseigne plus vraiment à avoir d’esprit critique, à réfléchir par soi-même, à se poser des questions. En tant qu’enseignants, on a perdu l’estime, la considération et le respect de la population et, comme si cela n’était pas suffisant, la confiance de notre hiérarchie. A partir d’un certain nombre d’années, on a l’impression d’avoir fait le tour de la question. On ne nous donne pas les moyens de nous épanouir. On nous donne gratis du boulot en plus, des paperasseries administratives, mais ça ne nous apporte rien (sauf quand même quand ce sont véritablement les enfants qui en profitent, pour des heures de soutien ou des projets classes de découverte,…). Pour moi, il y a là une exploitation malsaine et malhonnête de la part de notre hiérarchie et de nos politiques qui se mettent en avant.
Je peins car je n’ai pas le moyen de me remplir et de m’épanouir dans mon métier. Beaucoup de collègues pratiquent d’autres activités, et bien souvent pas qu’en amateur : musique, peinture, écriture, théâtre, sport… Ils ne se réalisent pas non plus dans l’école donc ils fuient l’école. Et lorsqu’ils se réalisent en dehors de l’école, ils n’ont alors pas la possibilité d’en faire bénéficier l’école et ça c’est dommage. On rémunère de nombreux intervenants extérieurs alors que des profs mériteraient largement cet argent pour transmettre leurs différents talents. On est quand même dans un milieu de culture et d’ouverture d’esprit, mais l’Education Nationale, privilégiant des personnes extérieures, ne sait ni valoriser ni mener une politique efficace de gestion des ressources humaines, de ces personnes pleines de potentiels qui pourraient apporter beaucoup à l’école.
Vous avez découvert leurs portraits et leurs parcours dans nos numéros de mars et d’avril : Valérie et Anne-Audrey ont quitté l’enseignement pour s’épanouir dans le métier assez peu connu d’assistante familiale, un métier au service de la protection de l’enfance.
Ce mois-ci, Aide aux Profs s’intéresse de plus près à cette activité professionnelle, qui constitue une porte de reconversion à la fois intéressante et accessible quasiment à tous – à condition de se sentir motivé et d’en ressentir la vocation – et vous dévoile toutes les clés pour réussir, vous aussi, votre seconde carrière dans le domaine de l’accueil des enfants en difficulté. De plus, c’est un secteur qui est actuellement très en demande. Alors… Pourquoi pas vous ?
1- En quoi consiste le métier d’assistant(e) familial(e) ?
Un assistant familial accueille, en échange d’une rémunération, directement à son domicile, jour ET nuit, pour de courtes ou de plus longues périodes, des enfants de tous âges qui, pour des raisons diverses, ne peuvent rester dans leur propre famille. Dès lors, c’est à lui de prendre en charge le quotidien de l’enfant, de l’accueillir chaleureusement au sein de son propre foyer et de sa propre famille en prenant largement en compte ses besoins affectifs, physiques, éducatifs et relationnels. C’est à lui d’accompagner l’enfant pour l’aider à grandir et à se construire, en respectant son histoire personnelle et en attendant que le retour dans sa famille soit possible. Cela va bien au-delà d’un simple hébergement, il s’agit là d’un métier à forte responsabilité.
Ce métier est régi par le Code de l’action sociale et des familles (article L.421-2) : « L’assistant familial est la personne qui, moyennant rémunération, accueille habituellement et de façon permanente des mineurs et des jeunes majeurs de moins de 21 ans à son domicile. Son activité s’insère dans un dispositif de protection de l’enfance, un dispositif médico-social ou un service d’accueil familial thérapeutique. (…) L’assistant familial constitue, avec l’ensemble des personnes résidant à son domicile, une famille d’accueil »
Le statut d’assistant familial : les assistants familiaux employés par le Département sont des agents non titulaires de droit public. Le développement et la professionnalisation de l’emploi d’assistant familial ont nécessité l’intervention du législateur à plusieurs reprises, notamment avec les lois de mai 1977 et de juillet 1992. Au départ, ces lois concernaient à l’époque le statut d’assistant maternel, le statut d’ASSFAM ayant été créé plus tard par la loi de 2005 mais elles s’appliquent aujourd’hui à celui d’assistant familial.
Mais c’est une loi récente, qui date du 27 juin 2005, qui a pleinement reconnu cette profession en créant un statut spécial et en édictant de nombreuses règles dans les domaines de l’agrément, de la formation, de l’intégration professionnelle et du droit du travail.
Pourquoi devenir assistant(e) familial(e) en général ? Et en particulier, pourquoi l’envisager comme une reconversion possible pour un enseignant ? Quelles sont les compétences transférables du métier d’enseignant pour le métier d’assistant familial ?
Si vous êtes disponible et intéressé par l’accompagnement d’un enfant et si vous souhaitez devenir un professionnel de l’accueil familial et travailler avec le soutien d’une équipe de professionnels chargés du suivi des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), ce métier est fait pour vous !
Pour les enseignants, cette reconversion peut être très intéressante car elle touche les enfants en difficultés comme on en rencontre dans toutes les classes, chaque année et nécessite de grandes connaissances dans le développement d’un enfant. La relation à développer est néanmoins différente et de ce fait, constitue un défi à réussir à chaque nouvel accueil.
Cette activité réclame des compétences très largement développées par les enseignants au cours de leur carrière : de la patience et de la disponibilité, l’esprit d’ouverture et de tolérance, la capacité d’écoute et de communication, le sens de la diplomatie, la capacité d’analyse, d’observation, de distanciation et de remise en cause, la discrétion, la neutralité et le respect du secret professionnel, l’aptitude à travailler en équipe (les équipes éducatives préparent très bien aux réunions de suivi des enfants accueillis),… L’assistant familial doit également être capable de prendre des notes et de restituer des écrits, ce que tout enseignant est amené à faire au sujet d’un enfant un jour ou l’autre. Les enseignants sont également très compétents en ce qui concerne l’évaluation (évaluation d’un élève, évaluation et retour sur une séance, évaluation d’un projet ou d’une mesure d’aide prise en classe,…) ; or, participer à l’évaluation de la situation de l’enfant et à l’évaluation de son projet fait partie intégrante des missions de l’assistant familial. Enfin, un enseignant est ouvert culturellement et pourra donc très aisément aider l’enfant accueilli à s’épanouir, à grandir, à s’intégrer et à se socialiser, à développer sa curiosité,… en lui proposant des activités adaptées à ses besoins et ses envies à l’extérieur ou à domicile, tout en favorisant son apprentissage de l’autonomie, en respectant ses différences et ses potentialités.
2- Comment devenir assistant(e) familial(e) ?
La première chose à faire est de vous renseigner auprès du Conseil Général de votre département (attention, il peut y avoir quelques changements selon les départements, dans le Var, par exemple, il faut se renseigner auprès du Service de Placement FamiliaL ou SDPF)et de consulter le site de l’UFNAFAAM (Union Fédérative Nationale des Associations de Famille d’Accueil et Assistantes Maternelles), à la rubrique « Assistant familial » : http://www.ufnafaam.fr/assistant-familial.html
Plusieurs onglets permettent véritablement de faire le tour de la question, le site est vraiment riche et très bien documenté. Souvent le Conseil Général du département organise des sessions d’informations auxquelles il est possible d’assister avant le lancement de la procédure. A l’issue des ces réunions d’informations, auxquelles il est nécessaire d’assister et pendant lesquelles des assistants familiaux viennent présenter leur métier et répondre aux diverses questions, un dossier de demande d’agrément est remis à celles et ceux qui le désirent (selon les départements, il est demandé au candidat de solliciter l’agrément par courrier).
Les conditions requises :
– Etre célibataire, en couple, avec ou sans enfants.
– Pouvoir accueillir à son domicile personnel, jour et nuit, un ou plusieurs enfants (dimensions, environnement, sécurité).
– Présenter les garanties nécessaires pour assurer le développement physique, intellectuel et affectif des enfants accueillis et posséder la maîtrise du français oral.
– Passer un examen médical afin de vérifier que l’état de santé du candidat et de sa famille permet d’accueillir des enfants.
– Obtenir l’agrément auprès du Conseil Général de son département et suivre les formations requises (une première formation de 60 heures pour préparer l’accueil du première enfant suivie d’une seconde formation obligatoire de 240 heuresà l’issue de laquelle l’obtention du Diplôme d’Etat n’est pas obligatoire (mais du coup, la demande d’agrément sera à renouveler tous les cinq ans).
– Pourvoir à l’obligation d’assurance.
Les démarches :
1/ Faire une demande d’agrément. Cette étape est indispensable pour exercer cette profession mais l’agrément ne garantit pas un emploi. Cet agrément est remis par un des services du Conseil Général de votre département, le service PMI de votre lieu d’habitation lequel a délégation du président du Conseil Général. Il vous revient ensuite de rechercher un employeur personne morale.
2/ L’enquête et l’évaluation. Suite à la demande d’agrément, des travailleurs sociaux (psychologues, assistants de services sociaux, puéricultrices,…) rencontrent le candidat et sa famille à son domicile ou à la PMI pour étudier sa motivation, discuter des conditions d’organisation de l’accueil et vérifier les critères d’agrément. Quelques semaines après l’enquête, une réponse est formulée à la demande d’agrément, favorable ou défavorable un recours est toujours possible. La réponse est formulée dans les trois mois qui suivent la demande d’agrément et les évaluations de l’équipe.
La formation : la durée de validation de l’agrément est de 5 ans renouvelable après une nouvelle évaluation et sous réserve d’avoir effectué les 240 heures de formation obligatoire. Une fois l’agrément obtenu, il faut trouver un employeur qui devra dans les 2 premiers mois de l’embauche faire suivre à l’assistant familial nouvellement agréé une formation de 60 heures dite formation préalable à l’accueil du premier enfant et lui faire signer un contrat de travail.
Attention ! Le salaire dépend de l’accueil mis en place (accueil intermittent, ponctuel ou continu) et du nombre d’enfants accueillis : les éléments de salaire comprennent les frais pour pourvoir aux besoins de l’enfant de manière forfaitaire (eau, électricité,…) ou au calcul des frais réels (vestiaire, transports, frais d’inscriptions en crèche, aux sorties de classe, aux activités sportives ou culturelles, argent de poche,…
Consulter une fiche récapitulative très bien faite sur le calcul de la rémunération d’un assistant familial sur le site du département de la Loire-Atlantique :
http://www.loire-atlantique.fr/jcms/cg_31480/la-remuneration[…]
Pour en savoir plus :
– Le site officiel des démarches à accomplir :
http://vosdroits.service-public.fr/F1260.xhtml
– Le site incontournable à consulter si vous envisagez cette reconversion (site officiel de l’UFNAFAAM) :
http://www.ufnafaam.fr/assistant-familial.html
– L’interview de Valérie Humbert en mars 2013 au Café Pédagogique :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2013[…]
– L’interview d’Anne-Audrey Brès en avril 2013 au Café Pédagogique :
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/201[…]
– Un témoignage intéressant même s’il date déjà de 2009 :
http://www.rue89.com/2009/09/01/nicole-assistante-familiale-pour-2[…]
– Une plaquette récapitulative du Conseil Général du Lot-et-Garonne très complète et très bien faite :
http://www.cg47.fr/fileadmin/Documents/Photos/action_sociale/profe[…]
Article de Rémi Boyer
Le Syndicat SUD-Education est très préoccupé par la santé des personnels de l’Education nationale dans le cadre de la mise en place des CHSCT et trouve que (citation) le document adopté au CHSCTMEN du 10 octobre 2012 est une longue litanie de déclarations de bonnes intentions, frisant parfois l’auto-satisfecit, et où le ministère s’exonère à bon compte de ses responsabilités en renvoyant quasi-systématiquement sur les académies et les acteurs santé, sécurité au travail (assistant-es et conseiller-es de prévention, inspecteurs/trices SST).
Que ce document soit ramassé sur 5 pages – ce qui est peu pour un document concernant près d’un million de salarié-es, soit la moitié des effectifs de la fonction publique – témoigne en soi d’une démarche a minima.
Pour en savoir plus :
http://www.sudeducation.org/Les-des-orientations.html
http://cache.media.education.gouv.fr/file/Securite_et_sante_au_tr[…]
http://cache.media.education.gouv.fr/file/Securite_et_sante_au_tr[…]
CHSCTMEN du 10 octobre 2012 :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/Securite_et_sante_au_tr[…]
Sur le site du Café
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