Par Christophe Jaeglin
Les termes de ‘classe inversée’ ou de ‘flipped classroom’ en langue anglaise reviennent de plus souvent, parfois en lien avec la Khan Academy. De quoi s’agit-il et cette façon innovante de ‘faire cours’ va-t-elle bouleverser nos habitudes ?
Le principe de la classe inversée est assez simple : mettre à disposition de l’élève le ‘cours’ pour qu’il puisse le consulter avant la rencontre dans la salle de classe, de façon à ce qu’en classe, il puisse vraiment mettre en pratique la théorie. Le professeur, libéré de cours magistraux, est alors plus disponible en classe pour aider les élèves à s’entraîner, à appliquer et à assimiler les savoirs théoriques dont ils ont pu s’imprégner. La méthode n’est pas à ce point révolutionnaire mais présente l’avantage de permettre à l’élève d’apprendre à sa manière, et quand il le veut. Encore faut-il qu’il le veuille, direz-vous, et voici la question la plus fréquemment posée de cette foire aux questions (FAQ) concernant la classe inversée :
http://www.classeinversee.com/faq/
Il est vrai qu’aucune méthode ne peut garantir le travail à la maison et que l’on peut par exemple demander à l’élève de montrer les notes prises lors du visionnage des ressources mises à sa disposition, pour s’assurer que le travail préalable a été fourni. Pour en apprendre un peu plus sur le fonctionnement d’une telle pédagogie inversée, l’on pourra visionner avec intérêt les expérimentations en cours à Erstein pendant l’année scolaire 2103-2014, très bien documentées par un ‘Webdocumentaire’ de l’ESPE de Strasbourg, disponible sur l’espace de formation au numérique :
http://espe-formation.unistra.fr/webdocs/ci/
Avant de se lancer, regarder également les sages conseils de notre collègue Mélanie Auriel qui a exposé pendant un webinar du LPM de la Sarre, intitulé « Des applis iPad pour une pédagogie ’classe inversée’ », comment une telle classe inversée peut fonctionner en langues :
https://webconf.vc.dfn.de/p1k08qa07gv/?launcher=false&fcsContent=true&pbMode=normal
Alors, si l’on veut tenter le coup et expérimenter cette nouvelle méthode sans pour autant fonder sa propre ‘Khan Academy’, que faudrait-il faire ? Pour mettre à disposition des élèves des ressources assez facilement : faire des screencasts (copie d’écran vidéo avec ‘Screenr’), notamment lors de l’utilisation de son ordinateur ou d’un TNI, proposer des contenus vidéos à travers son propre canal sur YouTube (ou TeacherTube), mettre à disposition des contenus avec l’aide d’une ‘dropbox’ (ou de GoogleDrive). Les fichiers son peuvent être podcastés ou envoyés sur ‘Soundcloud’. On peut également flipper des diaporamas et les mettre à disposition avec ‘Authorstream’ ou encore ‘Slideshare’. De tels contenus peuvent également être mis en ligne à travers un blog ou un site internet, évidemment. Un article d’Infobourg donne également de très bonnes idées sur les outils qui rendent possible de ‘flipper’ sa classe :
http://www.infobourg.com/2013/05/09/les-outils-qui-rendent-possible-la-classe-inversee/
C’est effectivement surtout grâce à l’apparition et la démocratisation de nouveaux outils vidéo que cette inversion est devenue possible. Quels sont-ils ? Tout d’abord ‘Movenote’. Pour ceux et celles qui auraient envie de travailler selon le principe de la classe inversée, sachez que ‘Movenote’ permet d’enregistrer et de partager très facilement des vidéos en ligne. Si vous disposez d’une webcam et d’un micro, vous commencez par mettre en ligne les documents (GoogleDrive et autres) qui apparaitront sur la plateforme comme autant de diapositives. Dans un deuxième temps, il vous suffit d’appuyer sur le bouton d’enregistrement pour accompagner vos diapositives d’un commentaire audio et vidéo. A la fin de l’enregistrement, la vidéo est mise en ligne et peut être partagée via un lien et/ou les réseaux sociaux. C’est aussi simple que cela :
Un autre service en ligne permet de mixer du contenu. Avec ‘Metta’ vous pouvez insérer toutes sortes de contenus (vidéos, audio, texte, …) et en plus, Metta vous permet d’insérer facilement de petits sondages entre les contenus que vous préparez, de façon à rendre le contenu plus interactif et à vérifier si vos étudiants suivent bien. Une fois réalisé, votre présentation interactive est diffusable sur les réseaux sociaux en mode public ou semi-privé (avec lien privé). Le compte de base est gratuit, mais ne dispose que de 0.01 Méga d’espace de stockage. Les comptes premium sont moitié moins chers pour les enseignants (de l’ordre de 2.5 dollars par mois quand même). A tester, donc:
Dans le même ordre d’idée, il existe également ‘EduCanon’ qui permet d’insérer des QCMs dans des vidéos YouTube, TeacherTube et Viméo. La vidéo s’interrompt à chaque balise insérée par le professeur pour permettre à l’élève de répondre à la question du QCM, ce qui permet de donner à l’apprenant un feedback sur ce qu’il est en train de visionner ou de poser des questions sur la compréhension d’une vidéo en langue étrangère :
Mais comment mettre en ligne un scénario de cours, une ‘leçon’, que les élèves peuvent suivre point par point ? La solution gratuite et facile à prendre en main existe et s’appelle ‘Blendspace » (anciennement ‘EdCanvas’)
Ce site permet en effet de regrouper sous forme de blocs, divers contenus multimédia que vous souhaitez rassembler sur une même page, afin de la mettre à disposition de vos élèves. Quand le ‘cours’ est prêt, on peut le visionner (chaque bloc est alors présenté sur un page et se lit comme un livre). On peut par exemple insérer une photo tirée de Flickr, suivie de deux ‘cases’ de vidéos sur l’Allemagne (issues de YouTube), puis une quatrième case contenant une consigne , un tutoriel ou un devoir à faire pour le prochain présentiel. L’ajout est simple et se fait par ‘glisser-déposer’ de la colonne de recherche située à droite, vers le bloc (situé à gauche). Les contenus sont directement intégrés à partir des principaux moteurs de recherche: ‘Flickr’ pour les photos, ‘YouTube’ pour les vidéos, et ‘Google’ pour le reste. Mais son originalité vient du fait qu’il propose également d’intégrer vos propres contenus. On peut pour ce faire, télécharger un document de façon classique, mais l’on peut également associer son compte Dropbox et GoogleDrive pour intégrer directement vos documents qui apparaissent dans une liste du côté droit. De même pour vos favoris. Vous pouvez exporter et diffuser votre ‘cours blendspace’ (public ou privé) sur les principaux réseaux sociaux, et, cerise sur le gâteau, un QR code est fourni pour être scanné par un smartphone. Le lien traditionnel de partage est fourni dans une version raccourcie:
Maintenant que vous avez toutes les cartes en main, il ne vous reste plus qu’à tester votre classe inversée !
Sur le site du Café
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