Par François Jarraud
Alors que la « concertation nationale » pour la refondation de l’Ecole, étudie l’avenir du système éducatif français, un rapport interne de la Dgesco, que le Café pédagogique s’est procuré, montre le lien entre climat scolaire et formation citoyenne pour une école et une société démocratiques. Ce rapport est le résultat d’une demande faite par la Dgesco pour son conseil scientifique en 2012. Il a été réalisé sous la responsabilité d’Eric Debarbieux par une équipe internationale de chercheurs. Il fait le point des recherches internationales sur le climat scolaire. Surtout il montre, en termes décapants, qu’il n’y a pas de réponse miracle pour améliorer le climat scolaire. La réponse est collective et renvoie à la démocratisation de la vie scolaire.
Climat scolaire et démocratie
Pourquoi s’intéresser au climat scolaire ? Parce que le lien entre résultats scolaires et climat scolaire est établi. Mais aussi pace que « le climat scolaire possède une valeur en soi : une des fonctions de l’école est la création de valeurs démocratiques et civiques. Un climat scolaire positif peut créer un cercle vertueux par l’enseignement de compétences sociales, de coopération entre pairs et enseignants, en promouvant une stabilité émotionnelle ; tout ceci constitue des expériences de socialisation indispensables pour une société harmonieuse… Promouvoir une formation citoyenne n’entre pas en conflit avec les autres buts éducatifs, mais au contraire les soutient ».
Il critique une école « enfermée sur ce qui est mesurable et standardisé (les résultats scolaires) », et une éducation civique qui « a tendance à se focaliser sur les connaissances plus que sur les compétences nécessaires au développement de la citoyenneté… L’éducation à la citoyenneté est globalement en panne faute de conviction et d’accompagnement : quelle place réelle est laissée aux conseils de vie lycéenne ? Combien d’initiatives ont été prises pour développer et maintenir dans la durée des conseils de vie collégienne? Quelles évaluations ont été conduites dans les EPLE sur les effets des actions mises en place dans le cadre des CESC ? ».
Refondre le fonctionnement des établissements
Pour les auteurs, « le climat scolaire est un processus d’engagement, non une simple conversion des élèves par l’effet magique d’une « leçon de démocratie ». Ecartant l’idée d’un programme supplémentaire, le rapport montre qu’améliorer le climat des établissements passe par une refonte globale de leur fonctionnement. Il faut à la fois « améliorer l’environnement physique », par exemple en dotant les enseignants de bureaux, et inclure des temps de réception pour les enseignants. Il insiste sur la nécessité d’une vie d’équipe dans l’établissement et à leur gouvernance démocratique. Il interroge aussi la formation des enseignants. « Il est nécessaire de donner une place beaucoup plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui dans la formation initiale des enseignants, à la relation à entretenir avec l’élève et avec les autres partenaires ».
Et la composition des classes
La composition des classes est aussi critiquée. « La constitution de classes regroupant les élèves les plus difficiles n’a aucun avantage pédagogique. Elle est un facteur majeur dans la constitution de « noyaux durs » impactant négativement le climat général de l’établissement ». L’évaluation et la justice scolaire aussi.
Mais les auteurs montrent aussi que tout changement passe par un autre pilotage du système. « Les réformes ministérielles et la manière de les implanter ont un impact sur le climat scolaire. Notamment, leur fréquence, leur impréparation, le manque de concertation, d’approche globale… conduisent à l’immobilisme d’un corps enseignant qui n’en peut plus. Il faut changer la manière de changer ».
Alors que la « concertation » reprend, la sortie de ce rapport invite les acteurs de l’Ecole à réfléchir au lien entre démocratisation de l’Ecole, résultats scolaires et pilotage du système.
François Jarraud
Le rapport
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Documents/docsjoints/climat-scolaire2012.pdf
Des enseignants obtiennent une indemnisation pour insécurité
18 enseignants du lycée A Chérioux de Vitry (94) ont obtenu du tribunal administratif de Melun, le 18 juillet, la condamnation de l’Etat parce qu’il n’arrive pas à garantir la sécurité des enseignants dans les locaux scolaires.
Le lycée Chérioux a été le cadre de nombreuses intrusions violentes depuis plusieurs années. Ce fait a été constaté lors d’audits diligentés par le recteur. En février 2012 cela devait entraîner 15 jours de « retrait » des enseignants.
Le tribunal administratif a confirmé la décision rectorale de ne pas reconnaître la validité du droit de retrait dans ce cas mais condamne l’Etat à 500 euros pour ne pas avoir mis en oeuvre « les mesures propres à assurer la protection des membres ».
Sur le site du Café
|