Le calendrier serré de la « concertation pour la refondation de l’Ecole » se marie difficilement avec les vacances. Aussi, dès le 20 août, les groupes de travail de la concertation nationale sur la refondation de l’Ecole reprennent leurs débats. Il reste deux mois à la concertation pour fournir son rapport.
Sous la houlette de Nathalie Mons, Christian Forestier, François Bonneau, Marie-Françoise Colombani, la concertation vise à préparer la loi d’orientation et de programmation pour l’Ecole qui sera proposée à l’automne au Parlement. Avec plus de 400 participants, elle réfléchit sur des thèmes de travail. Un rapport remis début octobre par les 4 experts tiendra compte de ces réflexions.
Des thèmes délicats
La concertation comprend quatre groupes de travail sur « la réussite scolaire pour tous », « Les élèves au cœur de la refondation », « Un système éducatif juste et efficace » et « Des personnels formés et reconnus ». Certains sujets sont plus délicats que d’autres. Ainsi les rythmes scolaires suscitent des inquiétudes. Philippe Tournier , du syndicat des personnels de direction SNPDEN craint des mouvements dans les collèges. De nombreux participants voient difficilement comment financer une réforme profonde des rythmes. La redéfinition du socle commun a valu des passes d’armes entre organisations syndicales puisque la question continue à diviser.
Accords en vue
Certains sujets avancent plus vite. Ainsi un consensus semble se créer sur la « grande ambition pour le numérique ». On sait que le ministre est attentif à ce sujet et a des projets. La concertation semble prête à mettre un terme au conflit entre collectivités locales et Etat sur la maintenance des matériels, une question restée sans solution depuis la première décentralisation. La « vraie formation initiale et continue » ne devrait pas davantage poser de problèmes. Un consensus assez large se fait sur l’idée d’une revalorisation de la formation professionnelle des enseignants.
Quelle portée ?
Mais la concertation tranchera-t-elle les différents entre acteurs de l’Ecole ? Sans doute pas. Entre elle et la loi d’orientation d’autres acteurs vont s’intercaler. D’abord les 4 directeurs de la concertation. Ce sont eux, et eux seuls, qui rédigeront le rapport final. On nous promet que « ce ne sera pas de l’eau tiède ». Mais ce ne sera probablement pas une synthèse des échanges. Parmi les responsables de la concertation, plusieurs sont de parfaits connaisseurs de l’Ecole et des idées à faire passer.
Dès la rentrée, le ministre devrait entrer en négociation avec les syndicats sur les thèmes travaillés par la concertation. La plupart ont des incidences sur le travail enseignant. Et il faudra bien trouver les compromis nécessaires sous peine de bloquer le processus. Enfin la loi d’orientation va avoir à affronter les parlementaires. La majorité n’est pas unanime sur les questions d’éducation. Le président a pris des engagements envers les Français. Encore faut-il qu’ils se traduisent en loi… Ajoutons un quatrième acteur, imprévu mais dont on voit bien qu’il aura le dernier mot. La crise économique exerce une pression croissante et incontournable sur les projets gouvernementaux. Bien des projets pourraient être revus à la baisse d’ici la fin de l’automne aussi bien sur les rythmes scolaires que sur la formation des enseignants par exemple.
Et les enseignants ?
Le ministère annonce des réunions régionales de concertation à la rentrée. Le Snuipp fin juillet a demandé « une journée banalisée de consultation des enseignants sur les orientations qui engageront l’école pour l’avenir ». La mesure serait-elle un frein ou un accélérateur de la dynamique de la concertation ?
François Jarraud
Le site de la concertation
http://www.refondonslecole.gouv.fr/
23 juillet : Où en est-on ?
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/07/23072012[…]