Quand les citoyens construisent l’Ecole du Futur… Oui l’Ecole peut changer. Oui NOUS pouvons la changer ! Plus que jamais la réforme de l’Ecole et le débat sur l’Ecole est nécessaire. Le Café vous invite à y participer. Vos contributions seront publiées sur le blog du Café et une synthèse sera éditée à la rentrée prochaine. Nous pouvons relancer le débat politique sur l’Ecole. Nous le devons à nos élèves. Contribuez !
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Quelques contributions sur le thème du collège : « Quelles finalités, quels objectifs, quels principes de fonctionnement, quels modes de regroupement des élèves, quelle organisation ?
Marie Marquilly, Assistante Sociale Scolaire, 4 établissements en Flandre Intérieure
Ce que je constate:
Dès l’entrée en 6ème, les élèves de collège sont confrontés à l’idée du résultat à tout prix. L’objectif de la majorité des parents et des enseignants est que l’enfant obtienne de bonnes notes en vue de l’orientation en fin de 3 ème. C’est un voeu qui, bien sûr, se respecte: quel parent ne souhaite pas un parcours sans faute pour son enfant? Quel enseignant ou chef d’établissement ne désire pas que « son » collège ait les meilleurs résultats possibles?
Cette vision de le Réussite Scolaire ne prend malheureusement pas en compte le fait que les élèves n’aient pas le même rythme de travail et que certains, de ce fait, resteront à la « traîne »
Certains collèges ont essayé de résoudre en partie ces difficultés en privilégiant au maximum des travaux de groupe dans certaines disciplines. Les moyens mis à leur disposition ne leur permettent plus de le faire. Supprimées depuis quelques années, les classes de 4ème et 3ème technologiques permettaient à certains jeunes d’appréhender le monde professionnel, tout en continuant à fréquenter le collège.
Dans mon suivi individuel aux élèves, lorsque je discute avec un élève en « échec scolaire », je lui demande s’il y a une matière dans laquelle il se sent mieux. La plupart des élèves en grande difficulté répondent invariablement le sport , la musique, l’art plastique, et le plus souvent « la technologie ». Or, la place laissée à cette discipline s’amenuise d’année en année.
J’ai pourtant le sentiment que se sentir « bon » dans une matière, même s’il ne s’agit du français ou des mathématiques, peut permettre à un élève de retrouver une certaine confiance en lui.
De même, si je suis convaincue qu’un bon parcours scolaire est facilitateur pour l’avenir, la réussite ne passe pas forcément par les études en lycée général.
Ce que je propose:
Appréhender l’élève dans sa globalité, en tenant compte d’autres éléments que les seuls résultats scolaires.
Savoir détecter chez l’élève des talents, même si ces talents ne s’exercent pas forcémént dans des matières dites « nobles »
Respecter les choix d’orientation de l’élève même s’ils ne correspondent pas à « notre » propre échelle de valeur.
Donner à tous les collèges publics les moyens suffisants pour privilégier au maximum les travaux de groupe.
Etendre les expériences réussies de certains collèges telles que l’étude « encadrée » des élèves volontaires après les cours.
Redonner leurs lettres de noblesse aux formations dites « manuelles » et qui requièrent, pour un grand nombre, art et talent.
Proposer l’apprentissage à 14 ans me paraît « précipité ».
Créer ou remettre en place en collège des classes « passerelles » entre le collège et le lycée pour les élèves les plus en difficultés.
Jean-Paul JOURDAN PE 34 ans de cycle III – Ardèche
Depuis plus de 30 ans, des CM2 quittent ma classe pour aller au collège … Nombreux sont ceux, surtout ces dernières années, qui reviennent souvent à l’école.
Ce que je constate:
Au fil des années, ma pratique de classe a profondément évolué. D’un enseignement frontal où tout le monde fait la même chose en même temps, je suis passé à une organisation différente du temps en aménageant des temps de travail individuel ou chaque enfant (ou groupe spontané) décide de ce qu’il va faire (je propose un plan de travail sur plusieurs jours) et de combien de temps il va consacrer à ce travail . Le découpage horaire au collège n’a pas changé.
Ce que je propose:
Que le collège prenne en compte la réalité que la gestion de la temporalité intervient souvent dans l’échec des élèves en difficultés et que l’on y cherche d’autres solutions d’organisation du temps que le saussissonnage en séquences de 5O minutes.
Ce que je constate:
Au fil des années, les nouvelles technologies ont envahi ma classe comme outils d’accès au savoir mais aussi de production.. (Nous avons en classe auourd’hui 8 PC connectés en permanence à Internet en plus de l’encyclopédie Larousse et d’un fond documentaire important). Magnétoscope dans les années 80, puis calcullette, micro-informatique … mais aussi journal quotidien en classe, revues … Rien de tout cela au collège que des manuels scolaires … et un accès incertain au CDI peu souvent doté de vrais moyens e communication
…
Ce que je propose:
Que le collège cherche un mode d’organisation qui permette d’intégrer les nouvelles technologies au sein des classes pour toutes les matières comme outil de recherche (cela paraît évident) mais aussi de production assistée (expression multi média ).
Très récemment, avec l’arrivée de l’ADSL, je constate une explosion du phénomène. Le savoir est partout et accessible d’un coup de click.
Avec l’arrivée du traitement numérique de l’image et du son la production audio-visuelle devient extrêmement facile et à la portée des enfants. (Mes CM2 présentent leurs textes mis en page …, leurs exposés en présentations numériques etc …) . Le choc est de plus en plus dur au collège qu’ils sentent décallé …
Ce que je constate:
Depuis des années, j’ai intégré un apprentissage à ce que j’appelle le « métier d’élève au collège » … avec ce que cela implique de gestion de l’agenda, de gestion du travail personnel, d’apprentissage de l’écoute d’un cours magistral, d’apprentissage de la gestion des croix et des colles … pour une réussite optimale de mes élèves … mais si la réussite est au rendez vous, je constate en dépit des bonnes notes un désenchantement et une perte d’enthousiasme que l’adolescence ne suffit à expliquer.
Ce que je propose:
La mise en place au collège de projets transversaux (fêtes, spectacles, sorties … productions audio-visuelles) pour redonner un peu de sens et de cohérence à un enseignement diciplinaire éclaté et créer des conditions d’une communication réelle entre pairs.
Maryvonne PIQUET, professeur en collège à Bordeaux
Ce qµe je constate
Les parents et les enseignants stigmatisent le mot « orientation », en oubliant que la classe de troisième étant une classe d’orientation, TOUS les élèves sont donc orientés.
Certains élèves sont mal à l’aise dans l’enseignement tel que le dispense le collège qui ressemble à un « petit lycée ».
A l’issue de ce collège, à cause de la pression sociale et des représentations superficielles de voie de réussite unique, du manque de respect des différentes catégories de professions, ils perçoivent comme un échec le fait de choisir une voie professionnelle ou même technologique…
J’ ai pourtant la profonde conviction de leur proposer une autre voie de réussite, en leur faisant découvrir le lycée professionnel dans lesquels les collègues font un travail formidable (pour ceux que je connais).
D’abord en leur faisant reprendre une confiance en eux que le passage en collège leur a fait perdre (et même parfois cela a commencé au primaire voire à la maternelle).
Parfois en leur permettant de modifier leur choix d’orientation (choix baclé au collège par manque d’ambition pour ces élèves).
Ce que je propose
En vrac
Changer le regard de tous sur les différentes formations
Respecter les formes d’intelligence
Ne plus stigmatiser les voies professionnelles ; découvrir ce que les élèves y vivent de profondément culturel et enrichissant..
Accepter que les élèves développent des compétences différentes
Adapter notre système à cette variété de talents ; ne pas classer, ne pas hiérarchiser ces talents……
Exiger de nos élèves qu’ils donnent tous le meilleur d’eux-mêmes sans regard de pitié sur certains défauts d’apprentissage…
Créer de véritables passerelles entre les diférentes voies (générales, technologiques, professionnelles)
Anne Ibanez enseignante maternelle
Ce que je constate : les écarts se creusent au collège entre les élèves. D’un côté, ceux qui passeront au lycée, d’un autre ceux qui seront orientés. Très vite certains élèves perdent pied malgré les différents dispositifs de soutien mis en place.
Ce que je propose :
Le soutien tel qu’el est souvent conçu (plus d’heures) n’est pas toujours efficace : un élève en échec dans une matière ne souhaite pas vraiment faire une voire deux heures de plus.
Il vaudrait mieux axer l’aide sur la méthodologie. Les élèves en échec ont plus besoin d’apprendre à apprendre. Les élèves qui réussissent sont souvent ceux qui bénéficient d’une aide méthodologique à la maison.
Ce travail pourrait être individualisé et prendre comme point de départ, les évaluations des élèves dans les matières où ils sont en échec. Apprendre à analyser ses erreurs, chercher une remédiation, effectuer ainsi un suivi et surtout valoriser les progrès me semblent être des axes de travail intéressants.
David Chevalier (enseignant)
Ce que je constate
Le collège ne répond pas aux attentes d’une bonne partie de ses usagers. Il n’assume toujours pas la massification qui a suivi l’élaboration du collège unique et ne parvient pas à considérer les élèves dans leur individualité. Il reproduit, voire accroît, les inégalités sociales. Nous savons en outre que le fonctionnement du collège est décrypté par une partie des familles et largement utilisé à son avantage. L’autre partie se contente de limiter les dégâts quand elle ne démissionne pas purement et simplement de son métier de parent. Nous savons donc bien qu’il serait nécessaire d’équilibrer l’ensemble et d’aider les élèves qui naviguent dans le brouillard sans espoir de se réaliser comme citoyen.
Ce que je propose
La sixième ne pourrait-elle pas être un cycle d’observation réciproque ? L’élève est observé, bien sûr, et les difficultés décelées et combattues. Ne pourrait-il pas à son tour vraiment observer le fonctionnement du collège ? Observer les types de formation proposés par le collège. Il constituerait « à la carte », autour d’un socle commun, un corpus d’apprentissages choisis selon ses goûts et sa curiosité. Observer différents métiers et les pratiques d’orientation dans lequel il devra s’insérer durant les trois années suivantes.
Cette prise en compte de la personne de l’élève ne pourrait se faire qu’avec une modification du métier de professeur. Une partie des heures de présence des enseignants serait reconvertie en travail éducatif à multiples facettes envers l’élève. Ce changement statutaire pourrait prendre en compte une diminution des heures d’enseignement à proprement parler en faveur :
– d’une aide individualisée axée sur les savoirs ;
– d’une relation vraiment engagée avec les parents ;
– d’une aide au choix des matières agrégées au socle commun ;
– d’un développement du projet professionnel ;
a suivre !