La loi d’orientation prend l’eau
Combien d’amendements pour la loi d’orientation sur l’école ? Le Monde du 3 février annonce que certains d’entre eux seraient déposés par l’UMP afin d’améliorer la constitutionnalité du texte. Plusieurs articles, qui relèvent du domaine réglementaire, pourraient être censurés par le Conseil constitutionnel. Déjà rejetée par les syndicats enseignants, refusée par les associations de parents et par les lycéens, la loi Fillon semble techniquement aventurée.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-396526,0.html
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-396708,0.html
SES : Fillon revoit son projet
Le ministre modifie la loi d’orientation pour permettre le maintien de l’option SES en seconde. Le projet de loi limite le choix des élèves à une seule option ce qui implique qu’ils choisissent entre SES et langue vivante 2. Résultat prévisible : l’enseignement des SES en seconde est menacé de disparaître et l’économie de la filière ES perturbé. Plutôt que donner la possibilité, comme elle existe aujourd’hui, aux lycéens de choisir deux options, F. Fillon a préféré intégrer la LV2 dans le tronc commun des enseignements. Cela donne donc la possibilité aux élèves de choisir l’option SES ou l’IGC en seconde. Les enseignants de SES ont eu raison de se mobiliser. Cela pourrait être entendu des autres adversaires de la loi…
http://info.france2.fr/education/8010118-fr.php
Pédagogie différenciée : avis de décès
» Fausse «nouveauté» mais véritable régression pédagogique, la pédagogie de soutien fait sortir du quotidien de la classe la question de la prise en compte des différences entre les élèves. A ce titre, elle justifie la pédagogie traditionnelle, l’encourage, lui donne bonne conscience. La loi Fillon sur l’école signe la mort de la pédagogie différenciée, le retour de la pédagogie de soutien et la restauration de la pédagogie traditionnelle. Il restera aux acteurs de l’éducation à se prévaloir de leur prétendue nouvelle «liberté pédagogique d’enseignant» (qui a toujours été leur lot !) pour prendre en compte, au quotidien et autrement, les différences entre les élèves… Une remarquable tribune de Jean Houssaye, Université de Rouen, dans Libération du 25 janvier.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=270370
Loi d’orientation : le cactus et sa fleur ?
« Assisterons-nous à la création d’une école très diverse suivant les établissements avec les avantages (adaptation plus grande à divers types d’élèves) et les inconvénients (augmentation des inégalités) ? Le système scolaire va-t-il être détruit comme le laisse penser Antoine Prost dans Le Monde (12/2/05)? Je pense, pour ma part, que les tendances homéostatiques du système scolaire le maintiendront encore pour un bon bout de temps dans une forme semblable à l’actuelle, les changement culturels demandant beaucoup de temps (plus que la durée d’un ministre) ! » Jacques Nimier fait une lecture optimiste de la loi d’orientation. Il y décèle « l’amorce d’une révolution culturelle dans la gestion de l’Education nationale… On passerait à un pilotage systémique ».
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/reflexions_loi_orientation.htm
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2005/edito_58_accueil.aspx
Table-ronde sur l’Ecole du SE-Unsa
« Optimisme délirant, non. Battu, non ». Luc Bérille, secrétaire général du SE-Unsa conclue sur ces mots la table-ronde consacrée au projet de loi d’orientation sur l’école. Elle réunit, à Paris, le 26 janvier, Antoine Prost, historien de l’éducation, Yves Durand, secrétaire national du PS pour l’éducation et Pierre-André Périssol, député UMP et membre de la commission Thélot. En ouverture, le SE-Unsa publie les premiers résultats d’un sondage sur la loi Fillon mené auprès de 3.000 enseignants. Si certains aspects de la loi séduisent, l’idée du socle commun, du « contrat individuel de réussite éducative »(CIRE), du conseil pédagogique dans les établissements, d’une partie de contrôle continu au bac; les enseignants jugent négativement le texte : seulement 3% pensent que les mesures contenues dans le projet de loi permettront d’atteindre les objectifs visés. Même condamnation (à 70%) de l’intégration des IUFM en université. Ils proposent la scolarisation obligatoire dès 3 ans et demandent une redéfinition des missions des enseignants englobant l’aide aux élèves. La ligne du SE-Unsa est ainsi posée : le syndicat souhaite amender la loi Fillon. Une position partagée par Antoine Prost. Pour lui, « le problème de l’Ecole c’est d’abord ce que doivent savoir les 20% d’élèves qui la quittent sans rien ». L’idée du « socle commun » lui semble positive. Jugement plus réservé sur le CIRE qui peut être « la meilleure des choses s’il veut dire pédagogie individualisée et différenciée » ou la pire s’il sert à exclure en le culpabilisant l’élève en échec. Antoine Prost estime que l’intégration des IUFM en université est possible à condition de sauvegarder leur autonomie de gestion. Pierre-André Périssol plaide pour l’amélioration de la loi en se basant sur le rapport Thélot. Yves Durand voit dans le projet de loi Fillon « une supercherie et un renoncement ». Supercherie car « derrière les objectifs annoncés il y a dans les faits l’inverse de ces ambitions ». Les moyens ne permettent pas l’individualisation annoncée, le projet ne prend pas en compte la dimension sociale des inégalités scolaires. Le projet rompt avec l’enseignement obligatoire jusqu’à 16 ans et la logique des cycles, voilà pour le renoncement. Que faire alors face au projet ? Pour Yves Durand la loi passera avec des amendements qui n’en altéreront pas l’esprit. Mais rejetée par les enseignants et les parents elle ne sera ni durable ni appliquée. Luc Bérille regrette que le ministre n’ait su saisir l’opportunité d’un véritable consensus sur l’Ecole.
http://www.se-unsa.org
Négatif ou sourdingue ?
» Les syndicats aujourd’hui sont d’accord pour l’union du non mais ils ne sont pas d’accord pour une union du oui. Ils ont une negative attitude, ils n’ont pas une positive proposition » a affirmé, dans un style « jeune », le premier ministre sur France Inter. Le SE-Unsa rétorque : » Le Premier ministre gagnerait à s’interroger sur les raisons pour lesquelles le projet de loi d’orientation ne déclenche que scepticisme ou rejet dans une communauté éducative dont les composantes sont pourtant, d’habitude, riches de leurs diversités d’approches. La « sourdingue attitude » du gouvernement peut confiner au mépris ».
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_050207075323.u51eg2yh.html
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=050207
Fillon et la note de conduite
Peut-on parler d’innovation ? La loi Fillon prévoit une note de comportement au brevet qui risque de secouer l’école. Bernard Gorce, dans un article de La Croix, montre que la profession rejette cette mesure. Pour le SNPDEN, » il ne faut surtout pas mélanger l’évaluation du travail scolaire et la discipline. Ce sont deux registres qui n’ont rien à voir. Les règlements intérieurs des établissements sont précisément là pour permettre de cadrer les comportements ». Pour Education & Devenir, » si c’est pour traquer les mauvais gestes de l’élève qui met le doigt dans son nez, on va retomber dans la note de conduite du XIXe siècle ». Mais si c’était l’objectif ?
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2190683&rubId=4076