Quand on me demande ce que je préfère dans mon métier, j’ai du mal à répondre. Mais je crois que l’imprévu est une des choses que je préfère. On ne sait pas en partant le matin de quoi la journée va être faite. Certains jours, on a de mauvaises surprises (heureusement, c’est assez rare) et d’autres, au contraire, on découvre à chaque heure un nouveau petit bonheur. Et c’est encore plus vrai quand on s’adresse à des enfants porteurs de handicaps !
Aujourd’hui, ce fut une de ses journées mémorables, dans le bon sens du terme. Une de ses journées qui pourtant ne s’annonçait pas forcément très bien. Le vendredi matin est souvent compliqué : les élèves sont au bout du rouleau et l’un d’eux, très envahissant, qui part les autres jours en inclusion pendant 1h, est là toute la matinée, ce qui crée une certaine tension.
La nuit avait été assez courte et je n’étais pas très en forme. Quand on a entendu les loulous débouler dans les escaliers, on s’est regardées avec l’AESH (qui était presque dans le même état que moi) et on s’est dit : « Waouw !!! Ils commencent fort !!! La journée va être longue !!! »
Et là, un je ne sais quoi s’est déclenché : le rire communicatif d’un élève habituellement très calme et discret, les pointes d’humour d’un élève autiste. Et en fait, on a passé une merveilleuse journée !!! Allant de surprise en surprise, avec des loulous qui réussissaient des choses pour lesquelles on s’arrachait les cheveux avec eux depuis 2 ou 3 semaines.
L’apothéose, cet après-midi, quand l’élève autiste a voulu faire une carte pour l’anniversaire de sa petite soeur ! Lui qui tient rarement plus de 5 minutes sur une activité (à l’exception d’un jeu de construction bien précis), qui se promène beaucoup dans la classe, il a passé près de 45 minutes assis tranquillement à sa table à s’appliquer comme jamais !!! Il était tellement dans son travail que j’ai décidé de proposer aux autres de faire des productions libres en arts plastiques en attendant qu’il termine, pour ne pas briser la magie ! Et ils se sont tous mis à faire des choses pour leurs frères, leurs soeurs. Ils ont découpé, collé, dessiné, décoré tout en coopérant, en se donnant des conseils ! Il y en a même une qui a fait une carte pour l’anniversaire de son grand-père qui était le 26 janvier, et qu’elle « emmènera au cimetière parce qu’il est mort ». Bref, une maitresse et une AESH allant d’émotion en émotion et qui ont eu bien du mal à ne pas verser leur petite larme à l’une ou l’autre reprise.
Donc, on n’a pas fait de géographie cet après-midi. On n’a pas fait le plan de travail non plus. Mais une chose est certaine, tout le monde est reparti grandi ce soir !
Vanessa Muller-Pillet
Pour aller plus loin
1) Psychologie, éducation et enseignement spécialisé (Daniel Calin)
Une question
Le rire peut-il être un moteur d’apprentissage ?