Par François Jarraud
A quelques semaines du 20ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, qu’elle est chargée de faire respecter, la Défenseure des enfants apprend que son institution va être supprimée. Du 23 au 25 septembre, Dominique Versini accueille à Paris les 35 défenseurs des enfants européens. Elle invite le gouvernement à venir s’expliquer. En effet, elle vient de découvrir que deux projets de loi créant un Défenseur des droits suppriment le Défenseur des enfants. « Ni consultée, ni auditionnée, déclare-t-elle, elle exprime « son total désaccord ».
Le Défenseur des droits aura une mission générale par rapport aux lois françaises. Il n’aura pas la spécificité du Défenseur des enfants qui a aussi pour mission de veiller au respect de la CIDE. Or c’est au nom de celle-ci que le Défsneur a pu intervenir pour des mineurs retenus en camp de transit ou menacés d’expulsion.
Communiqué
http://www.defenseurdesenfants.fr/communiquePresseA[…]
Des défenseurs pour le Défenseur des enfants
Levée de boucliers après l’annonce, le 15 septembre, de la suppression du Défenseur des enfants, une institution indépendante qui veille à la défense les droits des mineurs et au respect de la Convention internationale des droits des enfants (CIDE). A la place serait créé un « Défenseur des droits » avec une mission plus générale de respect des lois françaises.
Inacceptable. Pour l’Unsa Education, la décision gouvernementale est « inacceptable ». « L’autorité indépendante qu’est le Défenseur des enfants remplit une fonction unique et essentielle. Unanimement salué à sa création, le Défenseur des enfants a montré depuis 9 ans qu’il est un progrès démocratique. Le Défenseur des enfants donne la parole à ceux qui ne l’ont pas souvent. L’aide apportée à des enfants et à des familles est réelle. Au-delà, l’existence même du Défenseur des enfants est le symbole de la reconnaissance par l’Etat de la place des enfants dans la société ». Même sentiment au Snuipp qui rappelle que « l’action du Défenseur des enfants recoupe nombre des préoccupations des enseignants des écoles, que ce soit sur la scolarisation des élèves en situation de handicap, celle des enfants roms ou sur tout ce qui touche aux situations de maltraitance et de protection de l’enfance ». Le Snuipp considère cette suppression « comme une atteinte directe au respect des droits des enfants ». Le Sgen Cfdt estime que la suppression du Défenseur est « contraire à l’esprit de la convention internationale des droits de l’enfant dont on s’apprête à célébrer le 20è anniversaire en novembre. De plus, la mission spécifique de promotion des droits de l’enfant disparaît complètement ».
Une pétition ? L’Unicef éclaire un peu la décision en rappelant que le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a dénoncé de nombreux points noirs dans l’application de la CIDE. Bertrand Delanoë voit dans cette décision « un recul des droits dans notre pays ». Enfin l’auteur et éditeur d’ouvrages pour l’enfance Alain Serres annonce la rédaction d’une grande lettre pétition adressée au président de la République.
Une pétition est ouverte sur le site du Défenseur.
Communiqué
http://www.snuipp.fr/spip.php?article6588
Signez la pétition
http://www.defenseuredesenfants.fr/pourundefenseurdes[…]
23 organisations pour le Défenseur
23 organisations et mouvements pédagogiques protestent contre la suppression du Défenseur des enfants. « Le défenseur des enfants a, depuis sa création, fait la démonstration de son utilité et de son efficacité dans la défense et la promotion de tous les droits fondamentaux des enfants vivant dans notre pays » affirment 23 organisations (AGEEM – ANACEJ – CEMEA – CRAP-Cahiers pédagogiques – DEI-France – EEDF – FCPE – FG PEP – FOEVEN – FRANCAS – FSU – GFEN – ICEM – JPA – Ligue de l’Enseignement – OCCE – SE-UNSA – SGEN-CFDT – SNES – SNUipp – Solidarité Laïque – UNSA-Education).
« Alors que partout en Europe, on s’attache à rendre plus visibles le rôle et les missions des structures en charge de la défense spécifique des droits des enfants, alors même que le Comité des droits de l’enfant de l’ONU recommande à la France, dans son rapport du 22 juin dernier, de « continuer à renforcer le rôle du défenseur des enfants », nous ne pouvons accepter une mesure qui marquerait un grave recul en ce domaine ».
Sur son blog, Jean-Pierre Rosencveig interpelle aussi le pouvoir. « Il est ainsi démontré ce qu’il en vaut en France du caractère autonome d’une institution créée et dépendant de la puissance d’Etat. Un trait de plume peut la rayer… Le rôle de gratte-poil est indispensable pour éviter les réveils douloureux après l’anesthésie de l’autosatisfaction. Une institution comme le défenseur des enfants interpelle régulièrement les institutions de la République. Elle les titille plus ou moins vertement, mais au final elle les protège ».
Blog Rosenczveig