Le bruit d’un nouveau confinement général court. Selon le Journal du Dimanche (JDD) c’est chose acquise et E Macron devrait l’annoncer mercredi. Le JDD publie également un entretien avec JM Blanquer où le ministre de l’éducation nationale défend le maintien des écoles ouvertes. Mais peut-on confiner sans fermer les écoles ?
Confiner sans fermer
« Je préfère les modalités qui ont prévalu en novembre avec les établissements ouverts, d’autant que nous constatons que notre stratégie a fonctionné », déclare JM BLanquer dans le JDD. Il espère que la campagne de tests « va nous aider » à contrôler l’épidémie. Et il rappelle que le variant anglais « a une contagiosité beaucoup plus forte, qui touche tout le monde et pas spécifiquement les jeunes ».
En effet le variant anglais a une contagiosité presque double de celle du virus de l’an dernier. Et il touche tout le monde, enfants comme adultes. Ajoutons que selon le gouvernement britannique il aurait aussi un taux de létalité plus important que le virus ancien : 1% ce qui est énorme.
Et c’est bien ces caractéristiques qui changent tout. La FAQ ministérielle, même avec le protocole « renforcé » n’a toujours pas réellement prise en compte la diffusion très rapide du variant anglais. Elle continue à afficher que « les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du SARS-CoV-2 ». Et en même temps elle précise que « compte tenu de l’apparition de variants du SARS-CoV-2 potentiellement plus transmissibles, il est fortement déconseillé de porter des masques « faits maison » ou des masques « grand public » de catégorie 2 moins filtrants que les masques tissu et réutilisables de catégorie 1″.
L’arrivée du variant anglais change tout
L’arrivée du variant anglais dont on peut penser qu’il sera majoritaire en 1 ou 2 mois, comme cela c’est passé en Grande Bretagne, change totalement la donne. Jusque là l’École a eu à faire face à un virus qui touchait les adolescents mais semblait se diffuser plus lentement chez les écoliers et collégiens.
Le nouveau variant change cela et doit imposer un nouveau protocole. Il est possible que sa diffusion explique la hausse très rapide des contamination chez les 0 à 9 ans que l’on constate depuis le début de l’année. En une semaine, du 11 au 18 janvier, selon le ministère de la santé , le nombre d’enfants contaminés a augmenté de 50%.
Retour à un coronavirus « normal »
On se retrouve dans le cas classique des épidémies de grippe telles qu’elles sont décrites dans le rapport du Haut Conseil de la Santé publique rédigé en 2012. « Les enfants jouent un rôle particulièrement important dans la transmission de la grippe ; ils sont plus réceptifs à l’infection que les adultes, sont responsables de plus de cas secondaires dans les foyers que les adultes, ont un portage viral plus important et prolongé, « maîtrisent » beaucoup moins leurs sécrétions respiratoires, et sont en contact étroit avec les autres enfants à l’école, favorisant ainsi les transmission », écrit le HCSP. « L’école constitue une zone d’amplification de la grippe », écrivait le HCSP.
Pour le HCSP la fermeture des écoles s’impose si l’on veut maitriser l’épidémie mais elle n’est efficace qu’au début de l’épidémie, ce qui est le cas actuel pour le variant anglais . « Les stratégies reposant sur des mesures (de fermeture) autour des cas identifiées sont intéressantes en début de pandémie pour retarder la diffusion du virus sur le territoire mais deviennent insuffisantes quand cette circulation est avérée », écrivait le HCSP. Ce que montre l’étude du HCSP c’est que « l’impact de la fermeture des écoles ne concerne pas que les enfants d’âge scolaire : 66 % des cas évités sont hors du groupe d’âge scolaire (qui représente 20 % de la population) ». Fermer les écoles c’est diminuer le risque de propagation dans l’ensemble de la population. Du moins si cette fermeture est bien menée.
Quand faut-il fermer ? Le HCSP ne donne pas de recette mais il est clair que trop tard cela ne sert à rien. Il est clair aussi que la fermeture doit être préparée. Il faut occuper les enfants avec des travaux scolaires pour éviter qu’ils ne sortent si leur temps est libéré. Comme nous l’écrivions en mars 2020, il est urgent de préparer l’éventuelle fermeture en recensant l’équipement et les conditions de travail des élèves et en prévoyant avec les élèves et les parents les outils qui permettront d’assurer la continuité.
Vacciner les professeurs
A partir du moment où le virus frappe aussi bien les enfants que les adultes, les mesures les plus strictes doivent s’imposer dès maintenant dans les écoles et les collèges. On peut peut-être éviter la fermeture en généralisant l’alternance comme cela a été le cas après le 1er confinement. Si l’on pense que le variant anglais va s’imposer, et on ne voit pas comment il pourrait en être autrement, il faut aussi protéger les enseignants. Il est urgent de les doter de masques FFP2 et non de masques de fortune. Ils doivent aussi être vaccinés en priorité et non « au printemps » comme le dit JM Blanquer dans le JDD. Si l’on fait ces petites économies on risque de voir les enseignants devenir des vecteurs actifs de contamination dans les écoles et par ricochet dans les foyers.
François Jarraud