Méritocratie ou inégalité sociale ? Les classes préparatoires ont ces deux stigmates rappellent Eric Maurin (Paris School of Economics) et Fanny Landaud (Norvegian School of Economics). Dans une étude sur les passages de 1ère à la 2de année de classe préparatoire, ils montrent comment s’accentue le tri social dans ces classes et dans la fabrication des élites.
« Certes, l’élimination des élèves modestes des filières académiques commence dès l’entrée au lycée, et il serait injuste de blâmer les seules classes préparatoires pour la sous-représentation massive des enfants d’origine modeste à l’entrée des écoles les plus prestigieuses. Dans cet article, nous montrons que le fonctionnement du système des classes préparatoires est néanmoins également, en lui-même, une partie du problème », écrivent-ils. » Les lycéens issus de milieux modestes s’adaptent moins vite à l’univers très particulier des classes préparatoires et tombent plus fréquemment au-dessous qu’au-dessus des seuils d’admission dans les classes étoilées en fin de première année. Par la suite, ils réussissent beaucoup moins souvent les concours les plus prestigieux, mais l’essentiel du fossé qui les sépare des non boursiers apparaît comme la conséquence de leur moindre accès aux classes étoilées en fin de première année… Partout, l’ambition méritocratique des concours se heurte au problème que seules les familles les plus aisées et les mieux informées finissent par avoir la capacité d’y préparer efficacement leurs enfants. L’existence de classes de niveau n’est qu’une des particularités susceptibles d’être tournées à leur avantage par ces familles et de distordre les conditions de préparation aux concours entre élèves aux compétences fondamentalement comparables. L’existence d’énormes différences dans le type de préparation susceptible d’être reçue dans les prépas les plus et les moins prestigieuses en est une autre ».