Par François Jarraud
Le Conseil supérieur de l’éducation a rejeté le 11 avril à l’unanimité le projet de cahier des charges de la formation des enseignants présenté par le ministre à l’unanimité. Il a également repoussé le texte sur la fraude au bac.
De la vingtaine de textes présentés au CSE le 11 avril, celui du cahier des charges de la formation des enseignants était le plus attendu. En février 2012, la Cour des Comptes a épinglé la formation des enseignants recommandant une véritable formation professionnelle et des changements dans le calendrier des épreuves. En 2011, le Conseil d’Etat a annulé les textes sur la formation des enseignants. Le projet d’arrêté présenté au CSE doit donc remplacer les textes annulés. On pourrait penser qu’il reprenne les recommandations de la Cour des comptes. Il n’en est rien.
Le projet d’arrêté maintient le calendrier du concours qui voit se chevaucher la préparation du Master 2, celle du concours avec des stages en école. Il n’apporte pas de réponse réelle à la formation professionnelle des enseignants. Il n’en donne pas plus à l’encombrement de l’année de M2. Enfin il n’allège pas non plus l’année de stage. Durant cette année, le jeune maître doit faire cours et en même temps suivre une formation. Sur aucun point le ministère n’a tenu compte des avis des experts dans la rédaction de cet arrêté. Le texte a donc été rejeté à l’unanimité par les membres du CSE. A l’issue du CSE, la FCPE, CGT éducation, UNL, Sud éducation, CFE-CGC, SGEN-CFDT, FEP- CFDT, SNEP-FSU, SNES-FSU, SNUIPP-FSU, SE-Unsa, SNPDEN-Unsa, Unsa-Education ont signé une déclaration commune où ils « appellent les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à ne pas publier cet arrêté et à respecter les avis du CSE et du CNESER ».
L’autre sujet important de ce CSE est la circulaire sur la fraude au bac. Le projet ministériel crée des commissions administratives pour juger les candidats prévenus de fraude. Ces commissions ne comportent pas de représentants des parents. Le CSE a rejeté par 42 voix contre 5 le texte ministériel. Parmi les votes positifs celui du Snpden, premier syndicat de chefs d’établissement, qui estime que ce texte permet de lutter efficacement contre la fraude. Présentée comme un élément de « sécurisation » du bac, le ministère a publié le 11 avril une circulaire qui reprend les consignes habituelles sur l’organisation du baccalauréat.
Le texte apporte-il des réponses à la fraude réelle au bac ? La fin de l’année scolaire 2010-2011 a été marquée par deux cas de fraude. Une partie d’un exercice de maths du bac S a circulé sur Internet. L’enquête a mis en cause un employé d’une entreprise sous traitante d’impression des sujets. Plus grave a été un incident concernant un BTS en Ile-de-France. L’examen a été organisé avec un nombre insuffisant de surveillants au point que l’utilisation des manuels et l’échange de brouillons ont été possibles. Cette fraude massive a obligé le ministère à organiser à deux reprises de nouvelles épreuves. Si le projet de circulaire prévoit la surveillance de l’épreuve et la sécurité lors de l’impression des copies, il ne répond pas vraiment à ces deux incidents. La sous-traitance et le manque de surveillants renvoient directement à un impératif de la RGPP qui chapeaute tout : l’obligation de faire des économies sur l’organisation des examens. Coute que coute…
François Jarraud
Liens :
La formation épinglée par la Cour des comptes