Les inégalités sociale en éducation peuvent avoir plusieurs origines, rappelle cette étude de M Ichou et LA Vallet, publiée par la revue Education Formations du ministère de l’éducation nationale. Il y a « d’une part, l’écart des performances scolaires moyennes entre enfants des différents milieux sociaux ; d’autre part, la variation des décisions d’orientation, à performance scolaire similaire, entre milieux sociaux ». L’étude montre sur40 ans , de 1960 à 2000, l’évolution de ces deux facteurs.
« Les résultats convergent pour montrer, à la fin du collège comme à la fin du lycée, une augmentation historique de l’importance des performances scolaires dans la production des inégalités sociales de parcours. Cette augmentation est à mettre en lien avec le report intervenu dans la première sélection scolaire, de la fin de l’école élémentaire hier à la fin du collège aujourd’hui », écrivent les auteurs. Alors qu’en 1960 une majorité de jeuens des milieux populaires avaient un destin scolaire différent des enfanst de milieu défavorisé, aujourd’hui tous les enfants vont au moins jusqu’à la fin du collège.
Résultat, « À la fin du collège, l’écart des performances moyennes des enfants des classes supérieures et des enfants des classes populaires est nettement plus fort aujourd’hui (presque 0,7 écarttype) qu’il ne l’était hier (un peu plus de 0,1 écart-type). Il en va de même à la fin du lycée (presque 0,4 écart-type aujourd’hui contre moins de 0,1 écarttype hier). En d’autres termes et pour un même stade de la scolarité, l’écart de performance entre enfants de cadres et enfants d’ouvriers est plus ample dans la cohorte récente que dans la cohorte ancienne. ».
« En quatre décennies », poursuivent les auteurs, « l’inégalité devant l’école a partiellement changé de nature et est devenue apparemment davantage « méritocratique », ce qu’exprimait déjà Antoine Prost « Avant la réforme, les victimes de la sélection pouvaient en rendre responsable le système, qui ne leur avait pas donné leur chance. En leur donnant apparemment leur chance, sans pour autant combattre efficacement les pesanteurs sociologiques, la réforme des collèges a rendu les élèves responsables de leur échec ou de leur succès. Elle a transformé en mérite ou en incapacité personnelle ce qu’on aurait auparavant imputé aux hasards de la naissance. La charge des inégalités devant l’école n’incombe plus à la société mais aux individus. »