Les attaques partent de toute part. un mois après la rentrée, la réforme des rythmes scolaires suscite manifestations, discours et pétitions. La contestation est alimentée aussi bien par l’UMP que par des syndicats ou des parents exaspérés par des applications défaillantes. A quelques mois des élections municipales, l’offensive sur la réforme des rythmes scolaires marque le vrai début de la campagne.
Une application difficile sur le terrain
Mise en place par seulement une commune sur quatre, la réforme des rythmes scolaires pose de vrais problèmes. C’est particulièrement net en maternelle. Paul Raoult, président de la FCPE, signalait le 26 septembre, les difficultés liées à la sieste. Elles sont confirmées par les témoignages d’enseignantes sur les réseaux sociaux. « Les enfants se réveillent de la sieste entre 14h30 et 15h. Ils sont complètement paumés et je dois quitter la classe à 15h tapantes pour laisser la place à l’ATSEM et à une animatrice après un au revoir en hâte et laissant 26 élèves complètement perdus derrière moi », raconte une enseignante parisienne. « Les animateurs changent sans cesse », explique une autre. A Ris Orangis, des parents d’élèves craignent pour la sécurité des enfants sur le trajet vers les activités. Le Snuipp parisien pose la question de l’utilisation des salles de classe pour les activités périscolaires (deux fois par semaine). En maternelle se pose aussi une question d’hygiène, les ATSEM faisant fonction d’animatrice. Des parents se plaignent de la qualité des activités proposées voire, à certains endroits, des horaires des activités.
L’UMP aux aguets
Ces inquiétudes sont relayées par l’UMP qui, par la plume de JM Fourgous, maire d’Elancourt, dénonce aussi la perte d’indépendance pour els communes. « Il n’est plus possible de désorganiser la vie des Français, de déséquilibrer les budgets des collectivités locales, uniquement pour des raisons politiques », écrit-il. La pétition de l’UMP aurait recueilli10 000 signatures selon lui, mais son site n’en affiche que 1500.
Pétitions syndicales
Pétitions aussi chez les syndicats. D’un coté le SNE revendique 37 000 signatures contre la semaine de 5 jours et la réforme. Il revendique le retour aux 4 jours de classe hebdomadaires. De l’autre le Snuipp qui lance une pétition pour exiger la réécriture du décret sur les rythmes. Pour le syndicat il ne s’agit pas de revenir aux 4 jours mais d’obtenir que l’avis des conseils d’école soient « obligatoirement pris en compte » et que des dérogations à la règle des 9 demi-journées soient données.
Peillon sur la défensive
Soumis à ce feu roulant, le ministre a défendu son projet à Toulouse le 27 septembre. » L’immense majorité des communes qui se sont engagées ont mis le paquet pour offrir des activités de qualité aux enfants. Bien sûr il faudra du temps pour que tout se mette en place. Mais je fais confiance aux maires pour répondre aux exigences légitimes des familles », a confié le ministre à l’AFP. « Avant la réforme, les inégalités concernant les activités périscolaires étaient criantes: 80% des enfants n’y avaient simplement pas accès. Pour la première fois, le gouvernement a mis des moyens financiers pour que toutes les communes puissent en proposer gratuitement à tous les enfants. C’est donc une lutte sans précédent contre les inégalités dans l’école et en dehors de l’école… » La fatigue des enfants après la rentrée est un phénomène bien connu et qui ne date pas de cette année », ajoute-il.
Un sujet qui va alimenter la campagne
Si sur bien des points la situation devrait s’améliorer avec le rodage des dispositifs, la question du financement de la réforme va rebondir. En effet, le fond d’amorçage qui permet d’aider les communes à rémunérer les animateurs n’a pas vocation à être pérennisé. Les électeurs pourraient bien avoir à arbitrer entre de meilleurs rythmes et la hausse des impots locaux.
François Jarraud