Grande fête sportive, la 4ème Journée du sport scolaire, le 18 septembre, mobilisera les ministres de l’éducation nationale, de la réussite éducative et de la jeunesse et du sport. Après des années difficiles, au-delà de la fête, les professeurs d’EPS attendent des réponses officielles à trois enjeux principaux.
Des événements ont lieu dans tout le pays avec par exemple un gigantesque relais dans l’académie de Nancy Metz ou une journée de découverte du football féminin dans celle de Bordeaux. A Paris, ce sont du hip-hop, de l’aviron, du tennis de table, de la gymnastique acrobatique, de l’escrime, de la bonne vieille savate, du basket , des arts du cirque, 19 ateliers découvertes, 150 professeurs d’EPS, 1300 élèves qui attendent à Paris les ministres le 18 septembre pour la 4ème Journée du sport scolaire organisée par l’UNSS. Et en prime trois grandes questions.
Le sport scolaire contribue à promouvoir le respect de l’éthique et des valeurs éducatives et humanistes du sport chez les jeunes de l’enseignement secondaire. « Il donne sens à l’apprentissage de la vie associative, notamment avec la formation des Jeunes Officiels », souligne l’UNSS, l’association qui gère les associations sportives obligatoires des établissements scolaires. Rassemblant des jeunes de milieux sociaux et d’origines différents, le sport scolaire ne vise pas que la performance sportive mais a une forte portée éducative. Il représente un instrument privilégié pour lutter contre l’intolérance, le racisme, le sexisme et la violence sous toutes ses formes. L’UNSS compte plus d’un million de licenciés avec une progression sensible. Un collégien sur quatre participe aux activités sportives organisées par l’A.S. de son établissement. C’est le cas de 15% des lycéens généraux et technologiques et 14% des lycéens professionnels. L’UNSS cherche la parité en développant des activités qui tiennent compte des genres. 40% des licenciés sont des filles, avec un pourcentage plus important chez les benjamins que les séniors.
Le sport scolaire a été doublement touché ces dernières années. D’abord par les restrictions budgétaires. La subvention de fonctionnement versée par l’Etat a été réduite. Résultat, aujourd’hui l’UNSS doit prélever 36% de ses recettes chez les familles. Son avenir a été attaqué par les suppressions de postes d’EPS ces dernières années. Enfin deux rapports de la Cour des comptes ont vivement critiqué son organisation. Le dernier invitait à fondre le sport scolaire dans les clubs sportifs. » En proposant que les enseignants d’EPS effectuent leur forfait indifféremment en club sportif ou dans le cadre d’une association sportive scolaire, la Cour des comptes confirme sa méconnaissance profonde de ce que représente le sport scolaire de second degré », nous avait dit, début 2013, le SNEP Fsu, syndicat ultra majoritaire des professeurs d’EPS. « Cela avait déjà été le cas dans un précédent rapport où elle pointait de soi-disant « modestes résultats » du sport scolaire ! Le sport scolaire c’est chaque mercredi des milliers de rencontres sportives, dans de très nombreuses activités, c’est la formation chaque année de milliers de jeunes officiels. Quand la Cour des comptes affirme que « le sport scolaire pourrait être le principal vecteur d’une politique de développement du sport pour tous, en raison de l’importance de la population qui pratique le sport dans ce cadre, de la diversité de l’offre sportive proposée, (…) enfin de la modicité des tarifs pour les pratiquants », elle ne fait que confirmer que le sport scolaire joue déjà un rôle essentiel dans le développement du sport pour tous. C’est le sport scolaire qu’il faut encore développer ». Le Snep souligne la différence entre les objectifs de développement des fédérations sportives et la démarche éducative du sport scolaire.
Le premier enjeu de la journée c’est l’avenir du forfait de trois heures accordé aux professeurs d’EPS pour faire fonctionner les associations sportives. L’enjeu c’est de revenir officiellement par un nouveau décret aux 3 heures. Car un texte , jamais abrogé, de 1978 a ramené à 2 heures ce forfait horaire. Il y adonc un fort décalage entre la pratique et les textes que le Snep veut résoudre. Des négociations ont eu lieu cet été entre le syndicat et le ministère pour préparer le nouveau décret qui remplacerait celui de 1978. Il serait prêt. Le ministre annoncera-t-il un nouveau texte ? C’est la première interrogation de la Journée.
La seconde concerne le fonctionnement immédiat des associations. Le principal syndicat des personnels de direction, le SNPDEN, invite les chefs d’établissement à ne plus présider les associations sportives. Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden, dénonce le « statut scabreux » des associations sportives. « On ne veut pas entraver le fonctionnement des associations », nous a dit P. Tournier. « Les associations pourront toujours déléguer au secrétaire les mesures courantes de fonctionnement. Il s’agit pour nous d’appliquer le principe de précaution ». Le Snpden craint que les chefs d’établissement se retrouvent du fait de statuts inadaptés personnellement responsables. « Ca peut se régler très rapidement si le ministère veut avancer », rassure P. Tournier. Pour le SNEP Fsu, c’est « une initiative dommageable ». « De fait, comme les présidents ont la signature pour être affilié a UNSS, avec cette initiative le sport scolaire n’existerait plus… Le ministère nous a assuré que pour lui il n’y a pas de problème juridique. Ils doivent être rassurés », nous confie Jean Fayemendy, responsable national du Snep.
Le troisième enjeu de la journée c’est le fonctionnement de l’UNSS. « Le sport scolaire va-t-il disposer des moyens pour son fonctionnement ? », interroge J. Fayemendy. « Les aides financières ont été réduites depuis 3 ans. On a des inquiétudes. On veut éviter que les familles portent tous les couts. Aujourd’hui elles payent 78% du budget de l’UNSS (hors salaires des professeurs d’EPS). Il y a 25 ans c’était 50% ». Le ministre va-t-il se prononcer sur cette question ?
Enfin il y a la question du statut des professeurs d’EPS qui oppose le Snep et le Se-Unsa. Alors que le ministère lance le chantier du métier d’enseignant, le Se-Unsa lance une pétition demandant l’intégration du corps des professeurs d’EPS dans celui des certifiés avec le passage à 16 heures de cours et 2 heures d’association sportive. Le Snep est attaché aux 3 heures d’association et à la spécificité du corps des professeurs d’EPS qui sont tous passés par une formation commune.
Professeur d’EPS dans une banlieue difficile, Jean Fayemendy est particulièrement fier de son association sportive qui licencie 45% des élèves de son collège. « Sans les associations sportives, les enfants n’iraient nulle part. On joue un rôle considérable. Sans les A.S. des établissements scolaires, les enfants n’auraient aucune pratique sportive. Dans les quartiers on est les seuls présents. Les fédérations sportives sont totalement absentes et le montant de leurs droits d’inscription les rendent inaccessibles aux familles populaires. Avec nous, pour quelque seuros pour l’année, les enfants voyagent, rencontrent des jeunes d’autres milieux ». Le gouvernement précédent avait tenté de remplacer les associations scolaires par les fédérations sportives. L’inquiétude est toujours présente. » Le mouvement sportif n ‘a pas les mêmes finalités que l’école. Il a toujours eu la volonté de rentrer dans l’école car c’est une population captive et il a du mal à aller chercher les jeunes surtout à l’âge du collège. Mais le mouvement sportif n’a pas de finalité éducative ».
Lutte contre les inégalités, gestion des moyens, valeurs républicaines : la Journée du sport scolaire adresse au ministre des questions qui lui sont chères. On attend les réponses.
François Jarraud
PS : Vous pourrez suivre sur notre fil Twitter cette journée à partir de 11h30