Pour le Snes, premier syndicat de l’enseignement secondaire, la rentrée est « impatiente », a prévenu Frédérique Rolet, co-secrétaire générale le 30 août. Le syndicat constate peu de changements. Il n’est pas prêt à faire des concessions sur le métier d’enseignant, le collège ou les programmes. Déjà il mobilise pour la grève du 10 septembre contre les retraites.
Peu de changements
Malgré la loi d’orientation, les recrutements massifs, le Snes voit peu de changements à cette rentrée. Pour F. Rolet, la croissance démographique absorbe l’essentiel des nouveaux moyens créés par V. Peillon. Et malgré le rebonds des inscriptions aux concours, 14% des postes du second concours de 2013 ne sont pas pourvus. Le syndicat dénonce aussi les suppressions de postes d’assistants d’éducation (2 000) qui vont peser sur la vie scolaire dans les établissements.
Blocages sur le métier
La réforme du métier d’enseignant, un des importants dossiers que le ministère va engager de septembre à février, semble mal partie. Le Snes refusera tout alourdissement du temps de travail par exemple à travers une annualisation des services. Le syndicat rappelle que le métier s’est déjà considérablement alourdi ces dernières années avec l’augmentation du nombre de classes pour chaque professeur et l’obligation du travail en équipe. « Quand on négocie et qu’on n’a pas un euro ça devient complexe », note avec malice D. Robin, co-secrétaire général. Il estime que le ministre ne devrait disposer que de 130 millions de crédits pour mesures catégorielles au budget 2014 la moitié au moins étant pris par la nouvelle prime des professeurs des écoles. 60 millions pour les 442 000 enseignants du second degré amènerait une revalorisation de 10 euros par mois pour chacun…
Un sondage réalisé par le syndicat montre un niveau de mécontentement élevé. 73% des enseignants du second degré estiment que leur métier s’est dégradé, un pourcentage qui va croissant avec l’ancienneté. 81% d’entre eux refusent la réforme du lycée qui a donc très généralement déçue. Trois professeurs sur quatre demandent une amélioration de leurs conditions de travail : moins d’élèves par classe par exemple. Neuf sur dix veulent une réforme de l’enseignement prioritaire et trois sur quatre des modes d’évaluation. Mais pas pour le bac pour lequel 76% demande le maintien des épreuves nationales.
Collège : Basta avec le LPC et les compétences
Le collège, autre dossier brûlant que V Peillon va ouvrir cette année, sera un autre point conflictuel. 68% des enseignants demandent la suppression du livret personnel de compétences. Le syndicat va « peser » sur ce dossier. Il estime que le nouveau cycle cm1-6ème « isole la 6ème du reste du collège » et que la logique des cycles ne fait plus du collège « un tremplin » mais une fin de la scolarité obligatoire. Or pour le Snes, il y aurait lieu de rendre la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans.
Autant dire que le Snes surveillera aussi la refonte des programmes, troisième grand dossier de V. Peillon. Le syndicat veut un enseignement centré sur la transmission des savoirs. Et il sera « très attentif » aux nominations au CSP. En clair, il verrait probablement d’un mauvais oeil tout glissement des programmes vers une approche par compétences ou tout amoindrissement des horaires. Pour le Snes, le président du CSP et son vice président devraient être Antoine Compagnon et Alain Boissinot.
La grève du 10 septembre
Reste la question des retraites. Le Snes appelle à faire grève le 10 septembre contre la réforme. Il constate qu’avec une entrée dans le métier à 27 ans, les 43 annuités souhaitée spar le gouvernement amènerait les enseignants à travailler jusqu’à 70 ans pour toucher une pension complète. En clair, la réforme se traduirait par une baisse des pensions ce qui ne lui semble pas acceptable.
Fort de son poids dans le second degré, le Snes est prêt à discuter avec Vincent Peillon. Mais il exige des contreparties que, pour lui, Matignon refusera. Pour le Snes, la rentrée est impatiente mais aussi sereine…
François Jarraud