En campagne à Marseille le 16 avril, Emmanuel Macron a mis l’éducation au futur dans un discours sur l’écologie. Tout en promettant ce qui existe déjà. La veille, son ministre de l’éducation avait promis d’aller plus loin dans les réformes. Après un premier discours désastreux sur l’éducation, le président semble ne plus savoir que faire de ce sujet.
L’EDD de la maternelle au lycée
Pendant plus d’une heure, le 16 avril, à Marseille, Emmanuel Macron a parlé d’écologie. Il a invité à le rejoindre pour « bâtir une grande nation écologique » et promis « une nouvelle époque… celle du climat ». Au programme, une « fête de la nature », la fin des grandes décharges, qui sont un vrai problème à Marseille, la sortie des énergies fossiles et la transition environnementale dans les territoires.
Une partie du discours concernait l’éducation. « Nous mettrons en oeuvre l’éducation au développement durable pour tous depuis la maternelle jusqu’au lycée », a déclaré Emmanuel Macron. « Comme le professeur Jouzel le propose tous nos étudiants seront sensibilisés aux enjeux environnementaux et alimentaires dorénavant ». Il a aussi annoncé « un effort massif de purification de l’air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraites et dans tous les bâtiments publics.. Vous en verrez les premiers résultats avant la fin de cette année ».
Cette dernière annonce devrait ravir les enseignants qui demandent depuis 2 ans des purificateurs d’air dans les classes ou une aération mécanique filtrée. Une annonce plus sérieuse aurait été d’obliger au moins les nouveaux batiments à être équipés. Le président candidat aurait pu aussi annoncer la mise en application de la loi Grenelle II qui rend obligatoire la surveillance de la qualité de l’air des écoles et établissements scolaires, loi toujours inappliquée.
Une fausse annonce
Mais le message que voulait faire passer E Macron c’était cette généralisation de l’éducation au développement durable. Une annonce elle aussi surprenante. L’éducation au développement durable (EDD) a fait son apparition dans une circulaire de 2004. En 2007, une autre circulaire l’a généralisée.
» Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin en lançant la deuxième phase de généralisation », dit la circulaire de 2007. « Le nouveau plan triennal en faveur de l’éducation au développement durable (EDD) couvrira la période 2007-2010 et s’articulera autour de trois axes prioritaires : Inscrire plus largement l’éducation au développement durable dans les programmes d’enseignement. Multiplier les démarches globales d’éducation au développement durable dans les établissements et les écoles. Former les professeurs et les autres personnels impliqués dans cette éducation… Grâce au socle commun de connaissances et de compétences, le développement durable est désormais solidement ancré dans la base des savoirs fondamentaux… Sur l’ensemble des niveaux d’enseignement, l’approche codisciplinaire permet la nécessaire prise en compte de la complexité des situations et des problématiques liées au développement durable… Chaque discipline contribue, par ses contenus et ses méthodes, à construire les bases permettant de mettre en place les concepts liés au développement durable dans ses différents volets, environnemental, économique, social et culturel ; le croisement de ces apports disciplinaires permet d’en construire une approche globale ». On ne saurait généraliser davantage que ce qu’énonce ce texte. Il est signé de G de Robien dont le directeur de cabinet adjoint était JM Blanquer.
Mais la généralisation a ensuite été renforcée par l’introduction de l’EDD dans la code de l’éducation lors de la loi de refondation. La loi sur l’école de la confiance, signée par JM Blanquer en 2019, y consacre un article : « L’éducation à l’environnement et au développement durable débute dès l’école primaire. Elle a pour objectif de sensibiliser les enfants aux enjeux environnementaux et à la transition écologique. Elle permet la transmission et l’acquisition des connaissances et des savoirs relatifs à la nature, à la nécessité de préserver la biodiversité, à la compréhension et à l’évaluation de l’impact des activités humaines sur les ressources naturelles et à la lutte contre le réchauffement climatique ».
L’éducation au développement durable « de la maternelle au lycée » a ainsi été annoncée en 2007, inscrite dans le Code de l’éducation en 2013 puis encore en 2019 avant d’être promise par E Macron en 2022. Sur les deux points évoqués, le candidat utilise l’éducation. Il n’apporte rien de neuf ou de sérieux. Et il ne défend pas son bilan.
Blanquer dans la continuité
Attitude opposée, la veille, pour JM Blanquer. Sur France Inter, il vante les 250 000 éco délégués mis en place pendant le quinquennat. Et il défend son bilan. « On peut difficilement dire que les enseignants pensent cela », répond-il au journaliste qui lui rappelle son impopularité chez les enseignants ». Il « approuve l’attente des professeurs » sur la revalorisation. « On a amélioré le taux d’encadrement dans le primaire. On n’a pas pu dans le second degré. C’est ce qui arrivera dans ce quinquennat », promet -il.
« Il faut 10 ans pour réformer le système éducatif. On a fait la moitié du chemin », poursuit-il. JM Blanquer a raison. Tout ce qu’E Macron a promis dans son discours du 17 mars a été annoncé par JM Blanquer dès 2017 et conforté par E Philippe en 2019. JM Blanquer ne se limite pas à faire son bilan. Il situe le second quinquennat dans la continuité. Quand E Macron tente plutot le changement.
François Jarraud