Présidentielle
Macron de rattrapage en repentir…
Le repentir c’est quand le peintre retouche son tableau. Après une très mauvaise toile sur l’Ecole le 17 mars, Emmanuel Macron ne cesse, avec son équipe, d’apporter des retouches à ses propos sur l’éducation pour en changer la perception, sinon le sens. Le 4 avril, sur France Inter, il s’est lancé dans une nouvelle tentative de séduction envers les enseignants et il a nié avoir voulu orienter les élèves dès la 5ème.
Les enseignants et le premier tour
Alors que certains s’interrogent sur le maintien d’un vote à gauche des enseignants et annoncent leur « grand reclassement politique », des éléments sérieux montrent que le vote enseignant existe encore. Et qu’il reste à gauche. En 2002, l’éparpillement de leur vote a assuré la présence de M Le Pen au second tour. Dans un contexte bien différent, vingt ans plus tard, ils peuvent éviter la présence de l’extrême droite au second tour. Encore faut-il qu’ils privilégient cet objectif et regroupent leurs votes.
Paye au mérite : Histoire d’une obsession
« On va payer mieux ceux qui sont prêts à faire plus d’efforts ». L’annonce par Emmanuel Macron, le 17 mars, d’une paye au mérite pour les enseignants, dans le cadre du « nouveau pacte » qu’il envisage s’il est réélu, n’est pas vraiment une surprise. De N Sarkozy à E Macron, de nombreux gouvernements ancrés à droite ont tenté de lier les résultats des élèves à la rémunération des professeurs. Ils n’ont fait que reprendre une idée inventée aux Eats-Unis. Dans tous les pays développés où elle a été mise en oeuvre, à commencer par les Etats-Unis, elle n’a donné aucun résultat. Pour une raison très simple donnée au Café pédagogique dès 2008 par Bruno Suchaut (IREDU): « pour le métier d’enseignant, la définition même du concept de mérite ne va pas de soi ». Alors pourquoi s’obstinent -ils ?
Emmanuel Macron maintient son programme
« Nous ferons en nous appuyant sur les enseignants à qui nous devons tant… nous leur avons tant demandé », a déclaré Emmanuel Macron lors de son meeting de campagne du 2 avril. Le candidat n’a pas tapé sur les enseignants comme il l’avait fait le 17 mars. Il a tenté de faire oublier cet épisode en les faisant applaudir. Mais son programme reste le même : individualisation des rémunérations et des carrières, renforcement des pouvoirs de chefs d’établissement, mise à mal du mouvement des mutations. « Trop de professeurs sont découragés c’est pourquoi nous renforcerons les fondamentaux « , affirme E Macron. « Nos professeurs seront mieux rémunérés et libres d’innover, libres de choisir un établissement et de s abstraire d’un mouvement.. Cette révolution nous la ferons avec des chefs d’établissement plus libres ». Il s’est intéressé au collège. « Nous ferons du collège le lieu où on connaît les métiers. Nous ferons une révolution complète du lycée professionnel ». Juste après il a redit sa volonté de repousser ‘lâge de la retraite à 65 ans. « »Il n’y a pas d’état social s’il n’y a pas une France qui travaille.. J assume de vous dire qu’il faudra travailler plus et d’abord plus longtemps. Il faudra passer l’âge de nos retraites à 65 ans ».
Professionnel : « Nouvelles attaques » selon le Snuep Fsu
Après une nouvelle rencontre avec l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, le Snuep Fsu annonce de « nouvelles attaques » contre les lycées professionnels et les PLP. » Les PFMP (formations en entreprises) seront doublées pour tous les élèves de terminale CAP et bac pro impliquant le transfert de la responsabilité de la formation professionnelle aux entreprises aux dépens des enseignements professionnels dispensés par les professeur·es de lycée professionnel (PLP) », écrit le Snuep. « Cette première confirmation signe une diminution drastique voire une disparition des heures d’enseignement professionnel en terminale. Le statut des élèves de terminale n’est pas complètement arbitré : les un·es, apprenti·es (donc salarié·es) les autres, élèves ou stagiaires ? Ces dernier·es se verront attribuer une allocation financière de 200 euros pour les mineurs et 500 euros pour les majeurs. Soit une main-d’œuvre à mi-temps payée entièrement par l’État, une véritable aubaine pour les entreprises. La revalorisation salariale des PLP ne concernera que celles et ceux qui, volontaires, s’engageront dans un pacte PLP – une sorte d’avenant au statut, sur la base de quatre missions annualisées : suivi individualisé des élèves, formation continue des enseignant·es sur le temps de vacances scolaires, devoirs faits et remplacement ». Le syndicat appelle les PLP à « se mobiliser par le vote le 10 avril ». Un récent sondage Harris montre le rejet de la réforme envisagée par les enseignants.
R Goigoux : L’échec des dédoublements
» Il nous semble indispensable d’ouvrir un débat démocratique sur l’efficience du dispositif, c’est-à-dire sur son rapport coût-efficacité », écrit R Goigoux sur son blog. « L’amélioration au CP est deux fois plus faible qu’à l’étranger, elle est éphémère et le CE1 est un fiasco. Dès lors, est-il raisonnable de poursuivre les dédoublements et de les généraliser au CE2 et au CM sans analyser les causes de ces échecs ? » Pour R Goigoux l’échec des dédoublements tient au management de JM Blanquer. « Évoquant les recherches internationales sur le changement en éducation, nous concluions : « le changement ne se décrète pas, il nécessite l’adhésion des enseignants traités comme des professionnels compétents et responsables. La France a fait un choix diamétralement opposé : préoccupée par les élèves, elle a maltraité les maîtres. Elle a suivi naïvement les sciences cognitives et oublié les sciences humaines. Le ministère de l’Éducation nationale a appliqué une méthode autoritaire et brutale de conduite du changement, imposant une pédagogie officielle unique, discréditant et démobilisant les praticiens efficaces mais non conformes, dénoncés au motif de leur manque de « loyauté ». Une méthode qui ne marche dans aucun pays au monde »
Primaire : Les réponses des candidats
Interrogés par le Snuipp Fsu sur 5 points précis, les candidats à l’élection présidentielle ont répondu au Snuipp Fsu. Enfin seulement 7 d’entre eux: N Arthaud, A Hidalgo, Y Jadot, JL Mélenchon, V Pécresse, P Poutou et F Roussel. Ils apportent des précisions sur le recrutement des enseignants, la revalorisation,une école non hiérarchique, l’inclusion scolaire et la gestion des carrière.
Election : Pourquoi aller voter ?
Le Cevipof (Sciences Po) publie la neuvième vague de son sondage électoral qui porte sur plus de 10 000 personnes. Il montre que seulement 69% des électeurs sont certains d’aller voter. Ce sont prioritairement des personnes âgées et des retraités ou des cadres. Les autres catégories sociales sont moins engagées dans l’élection. Ce sont donc surtout des électeurs de E Macron ou JM Le Pen qui vont se déplacer. Le sondage dresse aussi le portrait de l’électorat des candidats. E Macron est surreprésenté chez les cadres , les retraités et les personnes âgées. L’électorat de M Le Pen est plus ouvrier et employé. L’électorat de JL Mélenchon se distingue par davantage de jeunes, de professions intermédiaires et d’employés. Le sondage montre ausi l’évolution des scores des candidats. Si E Macron reste en tête avec 26% des intentions de vote il a perdu 4 points depuis le 22 mars. Au contraire Le Pen a progressé de 7 points avec 21% d’intentions de vote. JL Mélenchon progresse aussi de 4 points avec 16% d’intentions de vote. Des données surprenantes si on se réfère aux espoirs des électeurs. La majorité des électeurs pensent que leur situation personnelle se dégradera après l’élection. Les candidats ne recueillent que 10 à 20% d’espoir positif. A quoi bon aller voter ?
Anne Hidalgo : Le salaire enseignant à 2350 € en début de carrière
« L’école, c’est la base de tout. Elle doit revenir au cœur du village, au cœur de nos quartiers. On doit repartir de là pour reconstruire cette société qui va si mal et permettre à tous les enfants de la République de pouvoir réussir par l’école, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ». Anne Hidalgo a présenté son programme pour l’éducation le 5 avril sur France info. Elle propose une revalorisation importante des enseignants. « »Ce sont des cadres et je veux les mettre au niveau de rémunération des cadres, à 2 350 euros par mois dès leur entrée dans la carrière ». Elle n’a pas manqué de tacler E Macron, empêtré dans les suites de son discours du 17 mars. « Cette façon d’attaquer les enseignants… Avec Emmanuel Macron, dans cinq ans, il n’y a plus d’école publique. Quand il dit que dans chaque école on pourra recruter, rémunérer, les enseignants comme on veut, ça veut dire qu’il y aura des écoles pour les riches et des écoles pour les pauvres ».
L’Unsa publie un guide contre l’extrême droite
« À deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, l’UNSA Éducation considère que le péril de l’extrême droite est réel et qu’il faut dire avec détermination pourquoi ce courant politique est dangereux pour notre démocratie s’il arrive à accéder au pouvoir », affiche le guide syndical. Il s’attache à décrypter l’idéologie d’extrême droite, ses thèmes récurrents (grand remplacement, immigration etc.) et son programme sur l’école. « L’extrême droite ne propose aucune bonne solution pour l’ensemble de la société française. Au contraire, elle ne ferait que renforcer les inégalités et les fractures dans notre pays. De plus, elle projette aussi de diminuer les fonctions des syndicats, ce qui affaiblirait encore notre démocratie sociale… Toutes les mesures proposées iront dans le sens d’une fragmentation de l’école publique et dans le creusement des inégalités. Face à cela, comment le monde de l’éducation peut réagir ? Il faut avant tout dire que dans l’électorat de l’extrême droite, les professionnels de l’éducation sont peu nombreux, autour de 10% dans les dernières estimations, ce qui est très peu comparativement à la moyenne nationale. Mais ce pourcentage augmente, et c’est pourquoi plusieurs organisations syndicales ont souhaité proposer des outils pour combattre les idées de l’extrême droite dans l’éducation ». Par exemple l’Unsa éducation propose un escape game contre l’extrême droite.
Voie professionnelle : L’analyse de Paul Devin
« La prise en compte de la réalité de l’emploi est une nécessité évidente et personne n’a jamais défendu que l’offre de formation puisse ignorer la question des débouchés. Pour autant, livrer la formation professionnelle à l’entreprise ne constitue pas, en soi, un facteur d’amélioration de l’accès à l’emploi. Les demandes des entreprises obéissent à des besoins particuliers et changeants », écrit Paul Devin qui analyse les programmes d’ E Macron et V Pécresse. » Le retour des conceptions de la formation par l’activité professionnelle elle-même, ce qu’on appelait « la formation sur le tas », s’associe avec le projet de rémunération des stages des élèves de terminale en lycée professionnel. Ce sera, tout d’abord, par l’augmentation du temps en entreprise, une réduction du temps de formation générale. Mais au-delà, on imagine bien qu’en faisant ainsi glisser le statut de l’élève vers le salariat, la tentation sera de considérer qu’il ne s’agit plus d’une mission relevant du ministère de l’éducation nationale. Agissant ainsi, c’est l’ensemble de l’édifice qui s’écroulera, tant sur le plan des diplômes nationaux qui céderont le pas à des certifications patronales que sur le plan du développement des formations qui s’organiseront dans un marché privé concurrentiel ».
Voie professionnelle : L’appel du Snuep FSU
» Les annonces récentes concernant la fin des diplômes professionnels et le possible transfert des lycées professionnels scolaires au ministère du travail sont des projets profondément réactionnaires et dangereux », déclare le Snuep Fsu dans un texte de cloture des Ateliers de la voie professionnelle qui se sont tenus les 31 mars et 1er avril. Le Snuep demande la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, rémunérée en lycée pro, et la fin de l’apprentissage « qui sacrifie trop de jeunes victimes de ruptures de contrats. L’apprentissage ». Il demande le dédoublement des classes de 2de pro et le rétablissement de 34 heures de cours par semaine avec des horaires disciplinaires fléchés.
Terra Nova pour la libéralisation totale de la formation professionnelle
« Ces analyses convergent sur un point central : la nécessité de rompre avec l’élitisme et l’académisme qui ont longtemps inspiré notre culture éducative. Ces postures ont conduit à une survalorisation du diplôme initial ». Le rapport de MF Mignot Mahon (président de Galiléo Global Education, un grand groupe de formation privé) et M Lemoine va droit au but. Il propose d’ne finir avec la formation professionnelle scolaire et avec les diplômes. A la place des certifications de compétences et des titres certifiés et de l’apprentissage avec l’universalisation du contrat emploi formation pour les 17-25 ans. Pour généraliser cela il suffit d’élargir les conditions de l’alternance : l’alternance pourra se faire chez plusieurs employeurs y compris sans rapport avec la formation principale. Le think tank Terra Nova est très proche d’E Macron. Il faut sans doute rapprocher ce rapport des propos tenus par le candidat.
Jean Paul Delahaye contre le séparatisme social
« Certains propos tenus dans cette campagne électorale indiquent qu’une partie de la classe politique de droite prépare la mise à mal d’une démocratisation du second degré pourtant largement inachevée », écrit JP Delahaye dans une tribune publiée par Le Monde. « En 2022, on assiste avec consternation au retour de la pensée des conservateurs du XIXe siècle qui voulaient, déjà, protéger le second degré de la présence des enfants du peuple au moyen d’une « digue ». Le nouveau monde a un air de déjà-vu. Car ce sont bien les enfants du peuple qui sont visés avec le retour d’un examen d’entrée en 6e ou avec une orientation précoce en fin de 5e. Les conservateurs d’aujourd’hui pensent que le collège unique était une erreur. Au lieu de déployer les moyens – postes d’enseignants, certes, mais aussi réflexion sur les savoirs enseignés et formation des personnels – qui permettaient de faire vivre un collège pour tous, ils préfèrent rassurer les classes moyennes et favorisées et mettre fin à un prétendu nivellement « par le bas », le « bas » c’est-à-dire le peuple, ceux qui « ne sont rien ». Quel mépris ! »
Politique ministérielle
Des enseignants attaqués par l’extrême droite, sanctionnés par l’Education nationale
A quoi joue le Dasen de Seine Saint-Denis ? Traités de « terroristes » et trainés dans la boue par un magazine d’extrême droite, des enseignants de l’école Pasteur de Saint Denis espéraient la protection fonctionnelle de l’Education nationale. Ils récoltent des mutations « dans l’intérêt du service ». L’éducation nationale valide ainsi la campagne d’extrême droite contre l’école et contre le syndicat Sud 93, auquel appartiennent seulement quelques uns des déplacés. Une intersyndicale crie au scandale et appelle à la grève le 12 avril pour soutenir ces 6 enseignants.
La famille de Samuel Paty porte plainte contre l’éducation nationale
Selon Libération, la famille de S. Paty a porté plainte le 6 avril pour non assistance à personne en péril et non empêchement de crime contre G Darmanin et JM Blanquer. L’avocate de la famille, Virginie Le Roy, met en évidence des fautes dans le traitement de cette affaire qui vont aboutir à laisser Samuel Paty sans protection le 16 octobre 2020. Elle demande également une enquête parlementaire. Ces plaintes démontrent que le rapport de l’Inspection générale, où l’administration s’est rapidement auto blanchie, est insuffisant. La culture du pas de vague a bien laissé tomber S Paty.
Lycée : Les co pilotes se retirent
« Les co-pilotes du comité de suivi de la réforme du lycée GT ont annoncé, par courriel, se désengager de cette instance, en annulant la dernière réunion programmée le 30 mars… Ils ne poursuivront pas leur mission, quel que soit le prochain gouvernement ». Nommés par le ministre les deux co pilotes, P Mathiot et Jean Charles Ringard montrent une certaine conception du dialogue social et de l’action publique. « S’il est vrai qu’il appartiendra au prochain ou à la prochaine ministre de proroger l’activité des comités de suivi, l’UNSA Éducation affirme qu’il est indispensable de le faire. Un comité de suivi est une instance utile pour parvenir à un bilan informé et partagé, pour co-construire les évolutions et modifications d’une réforme éprouvée sur le terrain, hors de l’urgence des calendriers électoraux », estime le Se Unsa.
Matthieu Lahaye : Le programme réac d’un proche de JM Blanquer
Longtemps conseiller en charge des affaires pédagogiques au cabinet de JM Blanquer, Matthieu Lahaye est inspecteur général. Agrégé, ancien professeur de CPGE, il expose sur le site chevènementiste de la Fondation Res Publica les principes d’une réforme de l’éducation nationale particulièrement pour l’école primaire et le collège, des situations éducatives assez éloignées des CPGE. Un programme qui n’est pas sans rapports avec celui d’E Macron. On trouve dans les propositions de ce proche de JM BLanquer l’idée de « faire converger les traitements des professeurs et les résultats des élèves », autrement dit la paye au mérite. De même la mobilité des enseignants sera liée au mérite, le professeur « méritant » recevant plus de points pour bouger. Ce qui n’exclut pas la multiplication des postes à profil. M Lahaye , qui est à l’origine des parcours préparatoires pour les maitres du 1er degré demande leur extension alors même que les PPPE ne font pas le plein. Revenant au modèle anglo saxon, M Lahaye recommande de distribuer des amendes aux familles « les plus récalcitrantes et dont les enfants ne se conforment pas au règlement de manière réitérée ». Voilà une mesure qui créerait un climat agréable dans les écoles et étéablissements. Et dont on connait déjà l’issue. En Angleterre où depuis des années des amendes et même des peines de prison sont données aux parents dont les enfants sèchent les cours, on n’a pas vu l’absentéisme baisser. Dernière idée; étendre au collège le principe de la réforme du lycée :le libre choix des disciplines par els élèves. Au lycée cela s’est traduit par une aggravation des inégalités sociales. Autant l’importer au collège pour détruire le collège unique et mettre le plus tôt possible les élève des familles populaires sur les voies sans issue.
Edouard Gentaz critique le CSEN
« Si un fonctionnement hypercentralisé et vertical peut avoir des effets positifs pour répondre à des situations de crise, il a souvent des effets négatifs bien documentés. Le fonctionnement hypercentralisé et pyramidal d’un système a souvent des effets négatifs qui sont bien documentés (déconnexions avec les contraintes locales, faible implémentation et implication des acteurs locaux, instrumentalisation politique, etc.). Ces effets négatifs sont particulièrement présents pour répondre à un objectif de favoriser les interactions vertueuses entre les mondes de la recherche et de l’éducation. L’atteinte de cet objectif implique un fonctionnement décentralisé et horizontal. « , écrit Edouard Gentaz dans un éditorial de la revue ANAE. Ce fonctionnement pyramidal c’est celui du Conseil supérieur de l’éducation nationale créé par JM Blanquer et dont E Gentaz propose la suppression. « il serait plus efficace de remplacer le CSEN par la création dans chacune des 30 académies d’un conseil scientifique de l’éducation au sens large, indépendant (structurellement et financièrement), composé des différents acteurs locaux disponibles (enseignants, chercheurs, cadres, éducateurs, parents, etc.) avec des mandats explicites, publics et limités dans le temps. Le travail en parallèle de ces conseils permettrait de créer un grand nombre de dynamiques vertueuses sur l’ensemble du territoire. »
Métier enseignant
Mutations : C’est presque la panne dans le premier degré
Un seul chiffre : le taux de satisfaction des demandes de mutation interdépartementales dans le premier degré a été divisé par deux en 10 ans. En 2022, seulement une demande sur cinq a été satisfaite. Derrière ce nombre, des drames humains. E Macron promet d’en finir avec les règles du mouvement. Les syndicats aimeraient que le ministère prenne vraiment les choses à coeur.
Classe exceptionnelle : Hausse de la proportion du second vivier
Un décret publié ce matin relève la proportion de promotions dévolues au second vivier pour l’accès à la classe exceptionnelle des corps des conseillers principaux d’éducation, des professeurs agrégés, des professeurs certifiés, des professeurs d’éducation physique et sportive, des professeurs des écoles, des professeurs de lycée professionnel et des psychologues de l’éducation nationale. Le taux passe à 30%. Il prévoit également pour ces mêmes corps l’abaissement de la durée des fonctions devant être exercées pour prétendre à une promotion à la classe exceptionnelle au titre du premier vivier. On passe de 8 à 6 années.
Répartition des postes aux concours de professeurs des écoles
Le Journal officiel du 1er avril publie la répartition des 8323 postes offerts ay concours externe des PE 2022, des 183 postes du concours externe spécial, des 930 postes du 3ème concours, des 424 postes du concours interne et des 28 postes du concours interne spécial. Un autre arrêté fixe la répartition des 777 postes du concours externe des PE du privé ainsi que les postes au concours spécial et au 3ème concours.
Devoir de réserve : des circulaires abusives selon le Snalc
‘Via les recteurs, DASEN, IEN et chefs d’établissement des instructions arrivent dans les casiers et boites mail des collègues, générant un fort émoi. En effet, elles obligent «de s’abstenir de participer à toute manifestation publique susceptible de présenter un caractère pré-électoral » en raison « des discussions qui pourraient s’y engager » ou «de la personnalité des organisateurs ou de leurs invités » », rapporte le Snalc. « Ces circulaires dépassent largement le cadre de leurs attributions. Elles bafouent des droits constitutionnels, civiques et statutaires élémentaires comme les libertés de réunion, d’opinion, d’expression et oublient que le devoir de neutralité s’applique au cours de l’exercice des fonctions. Rien n’empêche donc à un enseignant de participer à un meeting politique, à des discussions ou de rencontrer qui il souhaite durant cette période. »
Belgique : Après la réforme des rythmes annuels, celle du quotidien ?
Alors que la Belgique francophone vient tout juste d’adopter la réforme du calendrier scolaire annuel (avec une stricte alternance des semaines de classe et de repos), des voix se font entendre pour entamer une réforme des rythmes quotidiens. Ainsi Bernard de Commer dans Le Vif. « Ce qui pourrait coincer et coincera sans doute, c’est l’horaire-type d’une journée avec un accueil débutant vers 8h30 et une journée finissant vers 17h30 pour les plus âgés et , en ce cas, en y incluant des activités « après la classe ». Ce « après la classe », pour le Rapport, ce sont des temps d’activités libres, de jeux, de projets de recherche, de valorisation des apprentissages selon « une nouvelle conception des devoirs », et pas une simple garderie… Quant aux rythmes hebdomadaires, le rapport remarquait – et je cite – que « le maintien du congé du samedi est davantage expliqué par le contexte économique et social que par la chronobiologie. Les effets négatifs de la rupture du week-end devraient donc être compensés par l’amélioration des rythmes scolaires durant la semaine mais aussi par le souci de proposer des activités stimulantes et équilibrées sur les plans culturels, artistiques et sportifs durant le week-end tout en tenant compte des rythmes biologiques des enfants ».
Sans enseignants, des lycéens demandent l’annulation d’épreuves au bac
Pas de cours, pas d’épreuves. Ils n’ont pas de cours de philosophie mais de la logique. Près de 200 élèves de terminale du lycée Martin Luther King de Bussy Saint Georges (77) sont sans professeur de philosophie et de SES depuis plus d’un trimestre. Ils demandent l’annulation des épreuves du bac pour ces deux disciplines.
Accord sur le télétravail dans la fonction publique
Le Journal officiel du 3 avril publie le texte de l’accord sur le télétravail dans la fonction publique, signé par les syndicats, les collectivités territoriales et le gouvernement. Il fixe des règles pour le télétravail comme le volontariat, la fourniture des outils numériques par l’employeur, le droit à la déconnexion, la participation aux frais, etc. Toutes règles qui ne concernent pas les cas de circonstances exceptionnelles comme une épidémie.
Epreuves des spécialités : Une avancée sur l’indemnisation
Lors du Conseil supérieur de l’éducation du 7 avril, l’administration a répondu favorablement à une demande du Snes Fsu. Il indemnisera au taux normal les enseignants corrigeant les épreuves de spécialité mixtes, engageant plusieurs enseignants. Par exemple pour l’épreuve de HLP, corrigée par un professeur de lettres et un professeur de philosophie, chaque professeurs touchera 5€ par copie. Dans certaines académies, les 5 € étaient divisés entre les deux enseignants. « Une circulaire va partir vers les recteurs », nous adit Gwenaël Le Paih, secrétaire général adjoint du Snes. Par contre le ministère ne donne pas suite à la demande de temps banalisé de correction.
Maths : Le prochain ministre tranchera
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé que les maths rejoindront le tronc commun et que le comité d’experts présidé par Pierre Mathiot chargé par JM Blanquer de modifier la place des maths dans le cycle terminal du lycée a rendu son verdict, le ministère a fait savoir au CSE du 7 avril qu’il attendra l’avis du prochain ministre pour changer les choses. JM Blanquer a saisi le conseil supérieur des programmes pour rédiger des programmes de maths pour le tronc commun à raison d’une heure trente hebdomadaire. Le ministère va préparer la décision du prochain ministre en terme de programme et aussi de moyens. Mais il ne décidera pas avant cette nomination. On sait que les associations mathématiques et savantes ne sont pas satisfaites par l’avis des experts. Cette annonce peut les encourager à persévérer.
1er mai : Des syndicats préparent le troisième tour
« Plus que jamais mobilisés pour nos revendications », c’est ce qu’annoncent la Cgt, l’Unsa, Solidaires et la FSU qui présentent des revendications communes pour le 1er mai. « Avec un taux d’inflation qui s’emballe, la situation faite aux agent-es du public comme aux salarié-es, aux retraité-es, aux privé-es d’emploi comme aux étudiant-es n’est plus tolérable », écrivent ils. Ils demandent l’augmentation des salaires. Ils « s’opposeront à tout projet visant à reporter l’âge légal de départ en retraite… Pour toutes ces raisons, la CGT, l’UNSA, Solidaires, la FSU, l’UNEF, la VL, le MNL et la FIDL appellent salarié-es, agent-es public-ques, jeunes, retraité-es ou encore les privé-es d’emploi à participer aux rassemblements et aux manifestations le plus massivement possible le 1er mai. »