Par François Jarraud
« La période qui va suivre la crise économique sera caractérisée par une demande sans précédent en enseignement supérieur » a annoncé Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, le 8 septembre à Paris. Il présentait à la presse l’édition 2009 des Regards sur l’éducation, un ouvrage qui synthétise les travaux et les données de l’OCDE sur l’éducation.
Les études sont rentables. L’OCDE s’est attaché à calculer ce que peuvent rapporter des études supérieures au diplômé et à la société. Selon l’OCDE, un homme diplômé de l’enseignement supérieur bénéficiera d’un avantage salarial cumulé tout au long de sa vie de 186 000 $ par rapport à celui d’un diplômé du secondaire. Pour les femmes, le salaire cumulé est de 134 000 $ seulement. Le salaire masculin varie de 74 000 en Turquie à 367 000 aux Etats-Unis. Dans certains pays l’écart entre hommes et femmes est minime , comme en Australie ou en Turquie, dans d’autres il va du simple au double, relevant l’absence de parité, comme en Italie. Compte tenu du coût des études, le bénéfice cumulé est de 82 000 $ pour les hommes et 52 000 $ pour les femmes. Mais les diplômés du supérieur apportent aussi plus de contributions à la société. Le gain est de 51 000 $ pour un homme (et 27 000$ pour une femme) c’est-à-dire le double des dépenses d’enseignement supérieur. C’est en effet un retour sur investissement intéressant !
Les études construisent une société meilleure. Les experts de l’OCDE mettent en évidence d’autres avantages pour la société. Les diplômés du secondaire sont en meilleure santé que les non-diplômés. Les diplômés du supérieur sont de meilleurs citoyens : ils s’intéressent plus à la politique et ont davantage confiance en leurs concitoyens.
Mais elles perturbent les sociétés. Selon l’OCDE, le nombre de diplômés du supérieur augmente dans les pays de l’OCDE d’environ 4,5% par an. En période de crise, alors que l’emploi rétrécit, l’oCDE a pu constater que les salaires des diplômés du supérieur se maintiennent, ce qui est rarement le cas des diplômés du secondaire. L’organisation ne partage pas l’idée de « l’inflation scolaire » chère à des sociologues français. La durée de chômage est nettement plus faible pour les diplômés du supérieur. Du coup l’accès au travail des sans diplôme et des salariés âgés moins diplômés devrait devenir plus difficile.
Le rapport s’est aussi penché sur les dépenses éducatives. Comme la moitié des pays de l’OCDE, la France a diminué sa dépense. Elle se situe maintenant légèrement en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE avec 5,9% du PIB (moyenne OCDE 6,1%). En France ce qui fait baisser la dépense c’est à la fois le niveau de salaire des enseignants et le nombre d’élèves par classe. Puisqu’il faut y investir, comment faire face à la progression du supérieur ? L’OCDE appelle à trouver des financements dans le secteur privé.
Interrogé sur des caractéristiques du système éducatif français, Bernard Hugonnier rappelle les inégalités sociales à l’eouvre dans l’Ecole française. Par exemple les forts écarts de niveau entre autochtones et allochtones. « Pourtant Pisa bous apprend que l’Ecole n’a pas à choisir entre équité et qualité de l’éducation ». L’enquête PISA a montré que les systèmes éducatifs les plus performants sont aussi ceux où les inégalités sont les plus faibles. Un niveau lui semble faible dans l’Ecole française : l’école élémentaire. Alors que la maternelle est un des points forts du système, l’école élémentaire n’arrive pas à lutter contre l’échec scolaire. « A l’entrée en 6ème « , ajoute B Hugonnier, « 15% des élèves sont en difficultés. C’est beaucoup , ça fait à peu près 120 000 jeunes. Ils maitrisent mal la langue et accumulent les difficultés.
Regards sur l’éducation
http://www.oecd.org/document/62/0,3343,fr_2649_39263238_435[…]
Rapport France
http://www.oecd.org/dataoecd/41/13/43633742.pdf
Inflation scolaire : le débat
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007[…]
L’Internationale de l’éducation rebondit sur le rapport OCDE
« L’investissement public dans l’enseignement doit être augmenté de façon significative afin de répondre aux demandes croissantes d’inscription et de faire face à la crise économique qui sévit au plan mondial » affirme l’Internationale de l’Education, la fédération syndicale internationale représentant 30 millions d’enseignants et de travailleurs de l’éducation dans 172 pays.
Elle n’hésite pas à reprendre à son compte le leitmotiv de l’OCDE mais y apporte des nuances. « Des données récentes collectées par l’Internationale de l’Education montrent que les budgets de l’éducation et les salaires des enseignants souffrent de coupes sévères dans nombre de pays de l’OCDE, tout particulièrement en Europe centrale et orientale. Les plus importantes se sont produites en Lettonie, où les salaires des enseignants ont été réduits de plus de 50%. Face à la pénurie d’enseignants grandissante, les gouvernements devraient faire tout leur possible pour recruter et maintenir des professionnels qualifiés ».
L’internationale
L’OCDE propose d’instituer un bagage scolaire minimum obligatoire
« La performance du marché du travail des jeunes en France est médiocre comparativement à celle de nombreux autres pays de l’OCDE » estime l’OCDE. « Les jeunes Français, qui sont parmi les plus pessimistes quant à leur avenir professionnel, sont confrontés à un taux de chômage qui se situait, en 2007, 7 points de pourcentage au-dessus de la moyenne de l’OCDE ». Dans l’ouvrage « Des emplois pour les jeunes », l’organisation invite la France à changer de politique pour lutter contre le chômage des jeunes et particulièrement des jeunes peu qualifiés et issus de l’immigration.
Rappelant que « en définitive en 2008, 18 % d’une génération sort de l’école sans le baccalauréat qui est considéré comme le bagage scolaire minimum pour intégrer aujourd’hui le marché du travail et continuer à se former », l’organisation invite le gouvernement à « veiller à ce que chacun quitte le système d’enseignement en possession de compétences requises sur le marché du travail ; rendre la transition de l’école à l’emploi moins abrupte ; s’attaquer aux barrières à l’emploi des jeunes du côté de la demande et ; rendre plus efficaces les mesures actives pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi et renforcer la protection sociale des jeunes les plus démunis ».
Une des mesures significatives consisterait à maintenir l’obligation scolaire à 16 ans mais en ajoutant une clause de résultats minimums. « A 16 ans, 3 % des jeunes ne sont plus scolarisés et cette proportion atteint 9 % à l’âge de 17 ans » note l’OCDE. « Le code de l’éducation prévoit la poursuite de l’obligation scolaire entre 16 et 18 ans si l’âge de fin de scolarité obligatoire (16 ans) est atteint sans formation. La fin de scolarité obligatoire pourrait au minimum être appliquée de façon plus souple en se basant non sur l’âge en tant que tel, mais plutôt sur l’année scolaire où le jeune atteint ses 16 ans. Cela permettrait déjà que des jeunes ne quittent pas l’école le jour même de leurs 16 ans mais finissent l’année en cours qui peut être celle du diplôme. Au-delà, l’obligation pourrait porter sur l’acquisition d’un bagage scolaire minimum à 18 ans. C’est le cas par exemple aux Pays-Bas où une loi oblige depuis 2007 les jeunes de 18 ans n’ayant pas obtenu un diplôme de deux ans du 2e cycle de l’enseignement secondaire professionnel (startkwalificatie) à suivre une formation professionnelle en alternance ».
L’OCDE invite également à créer « un droit différé à la formation pour les jeunes sortis du système scolaire sans maîtriser les savoirs de base, sans qualification et/ou sans diplôme. Les 12 % des jeunes de 17 ans identifiés à la JAPD en difficulté de lecture doivent pouvoir acquérir au minimum les savoirs de base au cours de leur vie professionnelle par l’instauration d’un droit différé à la formation ».
Une autre clé lui semble se trouver dans le lien entre emploi et études. « Les « années de retard » à la sortie du système scolaire étant pénalisées sur le marché du travail, les étudiants français ne sont, en effet, pas incités à cumuler études et emploi (hors apprentissage) car cela pourrait se traduire par une sortie tardive. Si la part de jeunes qui cumulent études et emploi est en augmentation en France depuis le début des années 90, elle reste néanmoins modeste comparée à la plupart des autres pays de l’OCDE (25 % des 20-24 ans, soit 9 points de pourcentage en dessous de la moyenne de l’OCDE) ». L’OCDE demande de subventionner le travail étudiant pour le faire décoller.
La solution pour les jeunes issus de l’immigration ressemble étrangement à l’appel aux bonnes âmes. « Encourager activement le parrainage des jeunes issus de l’immigration par des cadres du secteur privé. Le parrainage peut fournir aux jeunes issus de l’immigration des informations sur les « règles du jeu » ainsi que sur les comportements à adopter lors des entretiens et sur le lieu de travail, à même de rassurer les employeurs ».
Enfin l’OCDE estime qu’il faut développer l’apprentissage et appelle à « limiter aux jeunes non qualifiés les aides publiques à l’apprentissage. Pour maintenir au moins 50 % de jeunes sans qualification entrant en apprentissage contre 40 % aujourd’hui, les incitations pour les entreprises à former et embaucher un apprenti devraient se limiter aux jeunes non qualifiés ».
Des emplois pour les jeunes
http://www.oecd.org/document/39/0,3343,fr_2649_33927_42[…]
International : Afrique : Le défi enseignant
» A mi-parcours de l’objectif fixé à Dakar pour l’atteinte de la scolarisation primaire universelle (SPU), la question enseignante en Afrique subsaharienne devient l’enjeu clé. D’une part, les besoins restent importants : pour atteindre l’objectif de la SPU, on estime que deux millions et demi d’enseignants supplémentaires devront encore être recrutés d’ici 2020. D’autre part, au regard des préoccupations grandissantes pour la qualité et l’équité de l’enseignement, les analyses révèlent que deux aspects pourtant fondamentaux du défi enseignant restent dans l’ombre : soutenir la motivation et améliorer la gestion du personnel enseignant ». Pour « PôleMag », la revue du bureau de l’Unesco à Dakar, le principal défi de la scolarisation en Afrique c’est le doublement du nombre d’enseignant d’ici 2020. D’autant qu’il est lié à la question de la qualité des enseignants, souvent précaires, recrutés.
Pôle Mag
http://www.poledakar.org/IMG/pdf/Pole_Mag_14FR.pdf
Sénégal et Finlande : une même problématique scolaire ?
Comme la Finlande hier, le Sénégal doit imposer l’enseignement en langue maternelle. Peut-on comparer les systèmes éducatifs sénégalais et finlandais ? On sait que ce dernier se situe au sommet des évaluations internationales PISA. Et que, malgré beaucoup d’efforts et de progrès, celui du Sénégal souffre des maux des pays pauvres. Pourtant, selon Louise Marie Maes Diop, géographe et veuve de Chekh Anta Diop, dans le quotidien Wal Fadjiri, les deux pays se sont heurtés à une difficulté identique : l’enseignement fait en langue étrangère. Car, en Finlande, l’école était faite en suédois, une langue radicalement différente du finlandais. Il faudra atendre1858 pour que la première école secondaire finnoise ouvre et 1865 pour le primaire. « Le cas de la Finlande est donc tout à fait analogue à celui de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne » écrit LM Maes Diop.
Pour elle, « on le sait depuis longtemps, l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement et l’administration est une nécessité, mais la manière d’y parvenir n’est pas évidente. Or, des exemples significatifs de réussite existent ». Elle invite à suivre l’exemple finlandais et à instaurer l’enseignement en wolof d’abord au secondaire puis au primaire. Mais, à coté du wolof, le pays connaît 5 autres langues nationales.
Article de Wal Fadjiri
http://www.walf.sn/contributions/suite.php?rub=[…]
Sénégal : Pourquoi des résultats aussi décevants ?
Au Sénégal, on s’attend à moins de 50% de reçus au baccalauréat. Comment s’explique ce mauvais résultat ? Daouda Mané présente les maux qui frappent le système éducatif sénégalais. Malgré les efforts importants du pays (l’éducation nationale absorbe près de 40% du budget), « la baisse du quantum horaire, la mauvaise utilisation du temps de présence en classe, l’environnement scolaire peu favorable et le faible niveau de la plupart des enseignants influent négativement sur le niveau des élèves ». Et cela commence dès le primaire où des milliers d’enfants quittent l’école sans terminer le cycle primaire et sans avoir consolidé la lecture et l’écriture.
Article du Soleil
http://fr.allafrica.com/stories/200907080546.html
Vénézuéla : Chavez met Chavez au programme
Après avoir mis au pas les médias, le président vénézuélien s’attaque à l’éducation. Une nouvelle loi impose, selon RFI, son idéologie dans les programmes scolaires. La loi interdit aussi, sous peine d’interdiction d’enseigner, aux enseignants d’utiliser les médias qui critiquent le gouvernement en classe.
Article RFI
http://www.rfi.fr/actufr/articles/116/article_83856.asp
Obama s’est adressé aux écoliers
« Personne n’a écrit votre destin. Ici en Amérique, vous écrivez votre propre futur ». Le jour de la rentrée, le 8 septembre, le président Obama s’est adressé aux élèves américains. Il a défendu les valeurs américaines. « Je vous invite à remplir vos responsabilité » a-t-il dit. « Vous n’avez pas d’excuses quand vous répondez à un professeur ou séchez. Il les a invités à ne pas avoir peur d el’échec. « Vous ne pouvez pas laisser vos échecs vous définir ».
Le discours
http://www.whitehouse.gov/blog/Streaming-at-Noon-The-Pres[…]
Obama : Une nouvelle vision pour l’Ecole
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Page[…]
Obama selon Obama
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/02/0[…]