Par François Jarraud
La réduction de la fracture numérique suffira-t-elle à améliorer l’école ? En déplacement à Saint-Thierry (Marne), Xavier Darcos a signé une convention avec l’Association des maires ruraux (AMRF), lançant officiellement le « Plan Ecole Numérique Rurale », une offre d’équipement particulièrement intéressante. « L’école de la nation ne doit pas passer à coté des nouvelles technologies » a-t-il déclaré. « Le développement de l’outil informatique doit être équitable ».
Le principe de l’offre est simple. L’Etat met à disposition des communes rurales (moins de 2 000 habitants) un crédit de 9 000 euros représentant 80% des frais d’acquisition d’un ensemble informatique, les 20% restants étant à la charge de la commune. Fin avril 2009, les inspecteurs d’académie définiront les communes pouvant prétendre à cette offre, la répartition des 5 000 écoles retenues entre départements se faisant au prorata de la part de chaque département dans le nombre total de communes de moins de 2 000 habitants ayant au moins une école. Les contrats-types sont téléchargeables sur Educnet.
L’offre informatique, probablement pré-définie auprès des constructeurs, comprend une classe mobile de 8 ou 12 postes informatiques équipés d’une suite bureautique, un TBI (tableau blanc interactif), une imprimante laser et un réseau wifi. A cela s’ajoute un ordinateur pour l’enseignant. L’accès Internet haut débit fait partie des 20% à la charge de la commune. L’offre comprend également une formation au TBI (3 heures) et à la classe mobile (6 heures). Chaque école bénéficiera aussi d’un crédit logiciel de 1 000 euros à dépenser parmi des réalisations sélectionnées par le ministère. Au total c’est donc 10 000 euros qui est offert par l’Etat à chacune des 5 000 écoles.
Quel peut-être l’impact de cette offre sur l’équipement des écoles ? Une école sur dix va pouvoir en bénéficier. Actuellement 89% des écoles maternelles ont au moins un ordinateur et 99% des écoles élémentaires. Mais le nombre d’élèves par ordinateur reste nettement plus élevé que dans le secondaire : de 20 à 47 en maternelle, de 10 à 27 dans l’élémentaire. Si 91% des écoles élémentaires ont un accès Internet, ce n’est le cas que pour 66% des maternelles.
Une école plus efficace ? Sans doute poussé par la volonté de réaliser rapidement le plan de relance, le ministère a fortement encadré le dispositif. C’est l’inspecteur d’académie qui sélectionnera les écoles. C’est souvent le maire qui choisira le matériel. L’offre logicielle est elle aussi imposée par le ministère. Il s’agit donc d’un « arrosage » vertical avec les risques bien connus de sous-utilisation du matériel. L’Education nationale s’engage, dans la convention signée avec l’AMRF, à « former tous les enseignants des écoles bénéficiant d’une dotation en matériels » et à les accompagner. En est-il vraiment capable ?
Il est frappant d’observer que l’Etat impose et encadre ce qui aurait pu venir du terrain et, inversement, dans le domaine qui lui est propre, celui des programmes, n’agit pas pour donner toute sa part à la culture numérique. Si l’utilisation des TIC fait partie des compétences attendues au primaire, la lecture des programmes du primaire montre que c’est un parent pauvre. Ainsi en cycle des approfondissements, les programmes 2008 ne mentionnent à aucun moment l’ordinateur ou l’informatique. La démarche française peut être comparée à celle adoptée en Angleterre où l’équipement est piloté localement et où les nouveaux programmes nationaux accordent une importance première à la culture numérique.
Ces choix ne doivent pas faire oublier l’essentiel : l’Etat, souvent accusé de refuser des moyens à l’Ecole, y investit 50 millions. On ne peut qu’inviter les enseignants des communes rurales à prendre contact sans tarder avec leur maire.
Le Plan Ecole Numérique Rurale
http://www.educnet.education.fr/educnet/actualites/plan-de-dev[…]
Le nouveau curriculum anglais
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/03/2[…]