De l’école au lycée, le récit occupe une place essentielle comme objet d’étude ou comme outil d’apprentissage : la revue « Recherches », revue de didactique et de pédagogie du français, lui consacre son plus récent numéro. Au menu, divers articles proposés par des enseignants qui témoignent de leurs usages et réflexions en la matière, qui questionnent nos évidences pour enrichir nos pratiques : « Travailler sur les récits, c’est interroger les savoirs sur le monde qu’ils véhiculent et construisent. »
Christophe Charlet, par exemple, rend compte d’expériences d’écriture de récits à partir d’images, en binômes, via traitement de textes ou via pad, pour interroger la notion même de récit : « Il me semble qu’écrire à deux est une étape, un palier intéressant à proposer aux élèves pour les amener vers une autonomie dans leurs productions écrites. » Véronique Boiron analyse une activité narrative dans une classe de maternelle : « L’activité narrative de l’adulte, qui raconte une histoire de fiction, dit le monde, construit des significations que les discours des jeunes élèves reprennent, modifient, commentent et interrogent. Ce faisant, les jeunes élèves s’approprient différentes manières de raconter une même expérience.» Stéphanie Michilietto raconte comment, professeure de français, elle s’est invitée en cours de mathématiques pour susciter chez les élèves des « narrations de recherche », autrement dit les faire noter le plus précisément et sincèrement possible tout le cheminement de leur pensée, tâtonnements et réussites : « le récit a été, pour eux, un outil et non un objet d’apprentissage comme dans le cours de français. » Jean-François Inisan développe analyses et propositions pour l’apprentissage du récit au collège : « Les déclencheurs de récits qui produisent des effets chez les élèves s’inscrivent dans des constellations imaginaires fortes » (personnages suscitant l’adhésion, transgressions variées) et font « une place très importante à la personne de l’élève. » Bertrand Daunay et Michèle Lusetti rendent compte d’une expérience d’écriture en collège à partir du dévoilement progressif d’une image. Ils souhaitent ainsi éclairer les données de production d’un récit et les difficultés éventuelles des élèves : il s’agit de les amener à percevoir que « tisser le texte procède à la fois d’une intention et d’une technique », qu’il « résulte de la nécessité d’écrire pour un récepteur », qu’il faut « dominer l’ensemble des étapes et faire du texte un tout. »
Jean-Michel Lebaut