Du 29 au 31 mars, Vichy accueille les 9èmes NetJournées, organisées par Itop. A cette occasion, l’école élémentaire vichyssoise Georges Méchin présente des usages et pratiques pédagogiques développés dans le cadre du plan numérique. Du tableau numérique interactif aux tablettes, dans la classe de CP de Ghislaine Chazeau, institutrice et directrice l’établissement, la technique est au service de l’intention.
Les outils numériques dans les habitudes de l’école
Khalil, élève en CP à l’école Georges Méchin à Vichy, est au tableau numérique, stylet en main. Une photo y est projetée où l’on aperçoit uniquement des jambes. Sa maîtresse lui demande de faire parler son imagination et de dessiner ce qui pourrait se trouver hors-champ. Pendant ce temps, cinq de ses camarades tiennent une tablette numérique dans une main, l’autre main prête à appuyer sur le bouton virtuel de l’appareil photo. Leur mission ? Réaliser des photos de leurs camarades avec cinq cadrages différents et raconter une histoire.
Pendant que la maîtresse analyse leurs photos, Khalil utilise la palette du tableau pour modifier l’épaisseur de son trait et la couleur du stylet. Photos annotées, dessin terminé, c’est au tour de Louise, également élève en CP, de présenter le film « Les gestes du photographe », où elle a réalisé différents types de plans.
Les élèves semblent très à l’aise avec les différents outils numériques, ce que confirme l’institutrice : « Le numérique est parmi nous à l’école sans que l’on ait l’impression qu’il le soit, tant il fait maintenant partie de nos habitudes ». En effet, tout au long de l’année scolaire, les élèves alimentent le blog de l’école en textes, photos, vidéos, dessins, etc. Lors de la semaine de la presse, des élèves ont interviewé en vidéo un journaliste local pour connaître son métier. Ils ont pu voir en temps réel sur Internet comment travaillaient les journalistes de l’Agence France Presse. Lors de la semaine de la persévérance scolaire, un concours d’affiche a été réalisé avec des photos numériques.
Un usage non codifié
Si le numérique est partout, Nabila, la maman de Khalil, venue pour l’occasion, émet quelques craintes, vite dissipées : « En tant que parent, je suis attentive à l’environnement de mon enfant, à sa capacité à développer sa pensée et son esprit critique. Et quand tout à l’heure, j’ai vu comment il arrivait à développer sa créativité hors-champ, je suis ravie de voir que son imagination est intacte. Finalement l’usage qui est fait du numérique dans cette classe me rassure ».
Selon Patrick Roumagnac, délégué académique au numérique au rectorat de Clermont-Ferrand, ce qui apaise cette mère de famille, c’est le fait que l’usage du numérique n’est pas codifié. Il ajoute qu’à aucun moment, quelqu’un a dit à l’enseignant « voilà ce que vous devez faire avec le numérique », mais plutôt « voilà ce que vous pouvez faire ». Finalement, les seules limites du numérique sont dans la tête de chacun d’eux.
Des enseignants malléables
Comme Ghislaine Chazeau, chaque enseignant devra s’appuyer intelligemment sur le numérique pour provoquer de nouvelles situations d’apprentissage. Patrick Roumagnac explique : « Le numérique appelle à revoir l’acte d’enseignement, avec un enjeu beaucoup plus ambitieux qu’une simple transformation des pratiques. Marc Neiss, délégué académique au numérique pour l’éducation à l’académie de Strasbourg, rebondit : « En formant les élèves au numérique à l’école élémentaire, vous mettez la pression aux collègues du collège. Vos élèves qui sortiront d’ici en voudront plus, vous y avez songé ? ».
François Martin, instituteur auprès des CM2 à l’école Georges Méchin, intervient et précise que l’école Georges Méchin est en collaboration avec des classes de 6ème du collège Jules Ferry de Vichy, travaillant également avec des tableaux numériques interactifs. Certains instituteurs de l’école y seront d’ailleurs prochainement en stage pour confronter, avec les professeurs du collège, leurs méthodes de travail et voir ce qu’ils peuvent harmoniser au niveau des programmes.
Au final, l’outil numérique ne fait pas peur aux enseignants, il nécessite juste du temps pour explorer de nouvelles applications, de nouvelles pédagogies et maîtriser l’ensemble. Ghislaine Chazeau, directrice de l’école, confirme « Il y a de vraies réflexions en amont et on passe du temps en réunion avec nos collègues instituteurs pour tout valider. Une fois que tout est en place, dès qu’il y a un problème matériel ou logiciel, le conseiller pédagogique nous est indispensable. Mais il n’y a pas de raison que cela se passe mal, puisque depuis très longtemps, on sait tous que l’enseignant est malléable, qu’il passe son temps à s’adapter ».
Durant trois jours, les Netjournées présentent à Vichy de nombreux projets réalisés par des enseignants du premier et du second degré.
Denis Chervaux