C’est un prêté pour un rendu. Quelques jours après la manifestation du 5 mars soutenue notamment par des organisations proches des écoles hors contrat réactionnaires, François Fillon annonce le 9 mars à Besançon qu’il veut que l’Etat les finance. C’est un élément du nouveau programme éducatif de François Fillon en nette rupture avec les politiques menées depuis plusieurs quinquennats. Un programme qui se présente comme traditionaliste mais qui en fait applique les recettes du New Public Management : paye au mérite, autonomie, responsabilisation allant jusqu’au tri précoce des élèves.
Stop and go
« Les programmes de l’enseignement obligatoire ont été « allégés » et leur simple lecture est incompréhensible pour les parents, et même parfois pour les professeurs. Les nouveaux programmes d’histoire négligent la chronologie et font l’impasse sur le « récit national »… Professeurs, chefs d’établissement, inspecteurs qui ont choisi leur métier parce qu’il incarnait une haute idée du savoir sont découragés. Découragés de recevoir des instructions fabriquées par une caste de pédagogues déconnectés. Découragés de voir que les objectifs de mérite et d’excellence sont bannis de l’école ».
A Besançon le 9 mars, le candidat des Républicains n’a eu de mots assez durs sur les réformes menées depuis 2012. Réformes pour lesquelles il veut le grand soir : l’abrogation des rythmes scolaires, chaque collectivité territoriale décidant du temps scolaire ,et abrogation de la réforme du collège, chaque établissement devenant autonome.
Financement du privé hors contrat
F Fillon annonce un large financement du privé. Il veut « faire commencer la scolarité obligatoire à cinq ans au lieu de six ». Cette mesure vise surtout à faire financer par l’Etat une année de maternelle du privé sous contrat. Le candidat veut même aller plus loin et gommer encore davantage la séparation entre public et privé en prenant en compte les écoles hors contrat ,proches il est vrai de ses soutiens. » Dans les zones de revitalisation rurale et les zones urbaines sensibles, l’Etat soutiendra la création d’établissements publics ou privés indépendants et innovants ». Evoquant les écoles Espérances banlieue, proches de la droite extrême, F Fillon annonce qu’il subventionnera les écoles hors contrat. » L’Etat ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider ».
Autonomie des établissements
Au primaire, Filon déroule un programme traditionaliste tout en confiant l’organisation du temps scolaire à chaque commune. « Je veux concentrer les trois quarts du temps de l’enseignement élémentaire sur le socle de connaissances : lecture, calcul, écriture, grandes dates et grands personnages de l’histoire de la Nation, géographie de la France et de ses régions.. Je veux laisser aux collectivités territoriales la liberté de décider de l’organisation du temps scolaire. »
Dans le secondaire c’est l’autonomie des établissements qu’il revendique en précisant que c’est le role du chef d’établissement et le statut des enseignants qui doivent changer. » Je revaloriserai les traitements des enseignants en tenant compte de leur mérite et en leur demandant d’être plus présents dans l’établissement. Je confierai progressivement aux chefs d’établissement du second degré le choix de leurs personnels… Pour le collège, je veux abroger la réforme de Mme Vallaud-Belkacem « .
Suppressions de postes
Les suppressions massives de postes de fonctionnaires passeraient par le lycée. F Fillon envisage de réduire à 4 disciplines l’enseignement qui y sera donné. » Il faut permettre à chaque élève de première et de terminale de se concentrer davantage sur les matières qui le prépareront le mieux à la suite de son parcours. Je veux revaloriser le baccalauréat en réduisant à 4 le nombre d’épreuves ». Pou r le post bac il instaurerait la sélection à l’entrée dans le supérieur. « Les universités devront faire connaître aux lycéens, pour leurs différents parcours de licence, les épreuves qu’elles recommandent de choisir au baccalauréat ». Les suppressions de postes passeront aussi par l’enseignement professionnel qui passera aux régions. Le personnel deviendrait fonctionnaires territoriaux.
Tri des élèves
Reste la pédagogie. F Filon veut rétablir l’uniforme. Mais il a surtout la solution aux difficultés des élèves en créant une filière poubelle. « Je veux que les élèves qui sont exclus définitivement par le conseil de discipline, soient inscrits dans des établissements adaptés afin qu’ils modifient leur comportement et se remettent sur la voie des apprentissages scolaires fondamentaux ». Leurs parents seront sanctionnés par la suppression des allocations de rentrée, des allocations familiales et des bourses.
Petite touche finale, F Fillon supprimera « le Conseil supérieur des programmes créé par la gauche, parce que ses choix et son idéologie ont contribué à l’affaiblissement de notre système éducatif ». Et surtout parce que dans des établissements autonomes, voire ouvertement anti républicains, il n’est plus besoin de programmes nationaux
L’échec du New Public Management