Paris, Marseille, Nantes, Bordeaux, Lille, Lyon, Nancy … Dans toutes ces villes, on a vu samedi 18 mars des groupes se promener dans différents quartiers, guidés par des professeurs de SES, et tenter par exemple de comprendre, si , à Paris « le 3ème arrondissement s’est embourgeoisé? », à Strasbourg, comment a évolué « la petite France entre histoire et modernité», « quelle réalité ont les clivages sociaux » à Nantes, « ce que recouvre la notion de renouvellement urbain « à Nancy, ou bien « comment la ville se réinvente à travers les migrations à Marseille ». Un épisode qui laissera des traces dans les mémoires et une façon, pour l’Apses (association des professeurs de SES) de fêter les 50 ans de leur gambillante discipline…
Balades accompagnées de sociologues
Le public était composé de professeurs de SES et de leurs proches, mais aussi de parents d’élèves, de passionnés de sciences sociales, de curieux, d’amoureux de la ville, et d’étudiants. Devant le succès de l’opération, il a fallu refuser de nombreuses demandes, mais l’opération se continuera à travers les sorties pédagogiques de ce type prévues pour les élèves de la section ES sur toute la France. Pour le public non scolaire, les kits de balades sociologiques conçus par l’Apses, avec le concours des Editions la Découverte consacrés à la sociologie de différentes villes, permettront de tenter à nouveau cette expérience.
A Paris par exemple, pour un parcours à travers le troisième arrondissement, du métro Rambuteau jusqu’au métro Arts et Métiers, 70 personnes réparties en deux groupes ont observé les habitants, mais aussi les bâtiments, les commerces, et les prix pratiqués dans le quartier. Elles sont entrées poser des questions dans certains lieux et ont rencontré des personnes ressources, tout cela en compagnie des sociologues Nicolas Jounin et de Monique et Michel Pinçon-Charlot.
L’objectif est d’apprendre à poser un oeil neuf sur les réalités économiques et sociales d’un lieu donné. On transmet ainsi des savoirs de sociologie urbaine, en donnant de nouvelles clés de lecture sur le monde, et en particulier sur l’environnement immédiat de nos élèves – à savoir le quartier et la ville. On entendait beaucoup de « Ah oui? Je ne savais pas cela ! », ou encore « C’est drôle, je n’y avais jamais pensé et pourtant je passe par là tous les jours ! ». Grâce à ces échanges, les enjeux sociaux et économiques du partage du territoire ont pris corps. Ainsi il fut par exemple question de la défense des logements, et du marché, contre des projets de parking. Certains ont appris l’existence d’un projet de potager dans le quartier, une dame âgée a proposé d’y participer en y encadrant des jeunes … Le lien social se tisse aussi grâce aux savoirs et aux rencontres, loin des stéréotypes et de la peur de l’autre.
Café débat en récompense
Les balades urbaines se sont généralement terminées par un café-débat, où les participants ont pu échanger avec , par exemple, François Dubet à Bordeaux, Nicolas Jounin et les Pinçon-Charlot à Paris, ou encore Samia Chabani et Michel Peraldi à Marseille. Il est rare, dans la vie quotidienne, de pouvoir échanger en toute simplicité avec des universitaires renommés.
Café-débat, avec Nicolas Jounin et Monique et Michel Pinçon-Charlot.
Cet évènement est une belle façon de fêter les 50 ans des SES, en provoquant des échanges entre des spécialistes en sciences humaines et des néophytes, pour leur permettre de poser un autre regard sur un lieu, et d’en comprendre autrement les évolutions.
La fête n’est pas finie : rendez-vous à présent le 22 mars à 17h au CNAM, pour célébrer les 50 ans des Sciences Economiques et Sociales en présence de la ministre de l’Education nationale. A cette occasion vous pourrez voir une petite pièce de théâtre de Gérard Pouettre célébrant l’anniversaire des SES, entendre Pierre Rosenvallon puis assister à un débat entre Philippe Askenazy (Economiste au CNRS), Fabien Truong (Sociologue, Université de Paris 8) et Jean-François Copé (Député-Maire de Meaux et bachelier B en 1981). Les élèves ayant conçu les vidéos lauréates du concours organisé par l’Apses « 3 minutes pour comprendre » recevront leur prix à cette occasion.
Florence Aulanier, avec le concours d’Atika Labat et de Stéphane Carré.