Annoncé pour le 15 avril, le rapport sur les rythmes scolaires va probablement proposer des modifications d’ampleur des rythmes scolaires. Selon un pré-rapport précurseur, que le Café s’est procuré, il modifiera en profondeur les rythmes de vie quotidiens des établissements.
Rappelons-nous : en juin 2010, Luc Chatel a installé la conférence nationale sur les rythmes scolaires. Elle a fourni le 25 janvier un « rapport de synthèse » dont le Café a rendu compte. Le 15 avril la conférence fera connaître des « orientations » qui alimenteront les préconisations ministérielles.
Selon le document de travail que nous nous sommes procuré, l’organisation des journées de l’élève est en passe d’être profondément modifiée. La Conférence s’inspire de deux réalités qui finalement se sont imposées. La première c’est le mode de gestion que Luc Chatel a favorisé dans l’Education nationale. Loin d’imposer un rythme uniforme, la Conférence devrait proposer des rythmes scolaires quotidiens différents selon les académies. Chacune s’adapterait au second fil directeur de la réforme. « Partout en France, les rythmes de vie subissent les effets du réchauffement climatique », affirme le document. Il propose donc de varier les temps scolaires du nord au sud. Une première mesure serait l’adoption dans les académies du sud de la France de la journée espagnole.
Expérimentée dans plusieurs lycées de la Région Aquitaine avant d’être généralisée à l’ensemble des régions du Sud de la France dès la rentrée prochaine (Corse, PACA, Languedoc-Roussillon, Midi Pyrénées), la journée espagnole pourrait être étendue par la suite à tous les établissements scolaires selon l’avancée du réchauffement climatique. Mais dès la rentrée 2011, un cap symbolique dans la lutte contre l’effet de serre sera fait en France.
« Les conditions climatiques de ces derniers jours le confirment », écrit le rapport, « le réchauffement est déjà une réalité et, devant la difficulté des élèves à rester à flots lors des fortes chaleurs, une décision s’imposait. La solution qui apparaissait la plus simple était la généralisation de la climatisation des locaux ou encore leur brumisation. Cette solution n’a pas été retenue pour ne pas entrer en contradiction avec les efforts pour contribuer au développement durable ». Le rapport s’est donc tourné vers les expérimentations.
La journée espagnole expérimentée. Véritable figure de proue, Madame Sole principale du collège Frederic Merlu à Meuil/mer a organisé la semaine espagnole dans son établissement suite à une décision du conseil d’administration en juin dernier. « Nous démarrons les cours à 6 heures pour les terminer à 11 heures… Une légère collation est proposée à 9 heures. L’après-midi, les élèves reviennent de 16 heures à 18 heures. Pour ceux qui ne peuvent rentrer chez eux, des dortoirs ont été aménagés pour faire la sieste et des activités calmes sont proposées dans le collège avec l’appui d’associations périscolaires. Ce dispositif a été adopté suite à de nombreux incidents liés à la chaleur : évanouissements fréquents, absentéisme… Des élèves avaient même installé en catimini des filets en guise de hamacs dans le parc pour pouvoir faire la sieste ». Cette réorganisation a demandé aussi des efforts au Conseil Général pour modifier les horaires des transports scolaires notamment. Ce dernier point pourrait constituer une pierre d’achoppement car les chauffeurs travaillant avant six heures du matin perçoivent une rémunération supplémentaire. Le Président du Conseil Général, Paul Grondin, souhaite que le Code du Travail soit révisé afin de ne pas écailler davantage le budget des collectivités territoriales impliquées dans l’action.
Côté parents, on est plutôt satisfait. La Fcpe s’est appuyée sur les travaux du chronobiologiste Piotr Saint-Pierre pour soutenir le projet au conseil d’administration du collège. La Peep s’est jointe à la motion.
Un rapport approfondi sur l’adoption de la semaine espagnole doit paraître dans la journée. L’expérience du collège Frederic Merlu a alimenté les réflexions des chercheurs et des cadres de l’éducation Nationale. Ils ont décidé d’adapter l’expérimentation aux conditions locales. « Nous allons appliquer les mêmes principes que pour les suppressions de postes », nous a déclaré Gilles Tramail, chef du bureau de Temps scolaire au ministère. « Chaque établissement pourra adapter son horaire à la situation de réchauffement climatique locale ». Ainsi les établissements pourraient prendre en compte l’heure naturelle au lieu de l’heure officielle. « On attend de cette réforme un véritable effort pour réduire la production de Co2 dans l’éducation nationale ». Luc Chatel a d’ailleurs demandé un calcul du bilan carbone net des établissements et une évaluation de la plus value ajoutée carbone (PVC) par chaque établissement qui appliquera la réforme.