» L’omerta est révolue ». S’exprimant le 19 février sur l’affaire de pédophilie de Villemoisson, la ministre a mis en cause ses services et la commission disciplinaire. Une accusation qui a réussi à faire la quasi unanimité syndicale contre elle.
Poursuivi pour des faits de pédophilie, un professeur de Villemoisson (91) avait déjà été condamné en 2006 au Royaume-Uni pour des faits similaires. Mais la commission disciplinaire de l’académie de Versailles l’avait réintégré dans ses fonctions le 7 mars 2007.
« Cet aveuglement devant des faits si graves ne peut rester sans suite », a déclaré la ministre le 19 février. « C’est pourquoi j’ai pris la décision de diligenter immédiatement une enquête administrative qui devra faire toute la lumière sur les responsabilités de chacun. Je prendrai, bien évidemment, le cas échéant, les sanctions qui s’imposent ».
Les propos ministériels ont immédiatement déclenché des réactions chez les syndicats membres de la CAP de l’académie de Versailles. Pour le Snes académique, » dans une affaire aussi grave, la réaction de la Ministre de l’Education Nationale témoigne d’une méconnaissance grave du fonctionnement de l’institution qu’elle dirige, ainsi que d’une volonté de jeter l’opprobre sur les représentants des personnels pour mieux se défausser des responsabilités qui lui incombent ». Le syndicat rappelle qu’une » CAP n’a qu’un rôle consultatif, et in fine, la décision disciplinaire, tout comme l’affectation et la réintégration, appartiennent au Recteur et au Ministre… La Ministre fait porter le soupçon, de manière injustifiée et indigne, sur des personnels qui, dans leur rôle d’élus, se font les garants des valeurs citoyennes, éthiques et républicaines dans le fonctionnement du service public d’éducation ».
Pour le Sgen Cfdt national, » cette communication précipitée et sans nuance sur un dossier douloureux et complexe est une erreur grave. Elle porte préjudice aux personnels engagés dans la représentation de leurs collègues sans répondre à une problématique de fond… Le Sgen-CFDT trouve regrettable que soit porté préjudice aux représentants des personnels en laissant croire qu’ils n’agiraient que par corporatisme étriqué et sans souci de l’intérêt des élèves et du service public ».
Le Snalc va plus loin, mettant en cause nommément le recteur à la tête de l’académie. Selon le syndicat, la ministre » n’a pas donné au public le moyen de se faire une idée de la chaîne des responsabilités, qui alors commençait au recteur Boissinot et s’achevait au recteur Boissinot ».