Alors que le Snpden a demandé, au nom de la sécurité, le retour des coins fumeurs dans les établissements scolaires, la Cour des Comptes rappelle le 10 février que le tabac tue surement et que les jeunes sont l’enjeu de la politique gouvernementale.
La consommation de tabac redémarre à la hausse
La Cour rappelle que le gouvernement s’est engagé à faire de la génération 2014 « la première génération d’adultes sans tabac ». Or le rapport de la Cour des Comptes remis le 10 février annonce en France la reprise à la hausse de la consommation de tabac, ce qui est une situation inique dans les pays développés. Selon la Cour » Après plusieurs années de baisse continue des mises en consommation sauf pour le tabac à rouler, qui, parce que moins taxé que les cigarettes, a notablement progressé, en particulier chez les jeunes, au point de représenter 15,5 % des ventes, la tendance s’est inversée. Toutes les consommations sont à nouveau à la hausse en 2015 (+ 1,6 % sur les huit premiers mois de l’année) », annonce la rapport annuel de la Cour. Résultat : en France un Français sur trois fume contre un sur cinq en Angleterre.
La Cour a aussi réestimé le coût public de la tabagie : 78 000 décès annuels et un coût pour les systèmes sociaux évalué à 120 milliards par an.
C’est donc à un renforcement des mesures qu’appelle la Cour et notamment à une hausse du coût des cigarettes et la mise en place du paquet anonyme.
Les lycées en première ligne
Or ces demandes prennent à rebours une campagne des personnels de direction du Snpden. « L’interdiction de fumer dans les espaces découverts des EPLE a, comme conséquence, que les élèves qui en ont le droit sortent durant les récréations de plus de deux milles lycées et restent devant les établissements par dizaines voire centaines. Le risque potentiel de cette situation n’a pas échappé aux personnels de direction », déclarait en novembre 2015, après les attentats, le SNPDEN, premier syndicat des personnels de direction. Pour sauver la vie des lycéens d’un éventuel attentat, il demandait l’installation de coins fumeurs dans les lycées. Ceux ci sont interdits par la loi Evin. Le 23 novembre la ministre lui donnait raison en décrétant que « en lycée, des zones spécifiques peuvent être aménagées dans les espaces extérieurs au sein des établissements scolaires pour éviter que les élèves sortent pendant la journée ».
Les arguments de la Cour des comptes ne vont pas renforcer la position ministérielle. Celle-ci s’est déjà attirée une remarque du ministère de la santé qui rappelle que le tabac tue. Surement.
François Jarraud
Le rapport de la Cour des comptes