Elève perturbateurs : serrer la vis ou changer d’outil ?
C’est sous ce titre évocateur que le mouvement « socio-pédagogique » belge « Changements pour l’Egalité » publie un recueil plein de pistes pour agir sur la question de la sanction à l’Ecole, sous la direction de Benoît Galand. Les différents chapitres, très accessibles, alternent les comptes-rendus issus de situation de formation d’enseignants, les témoignages et les points de vue plus distanciés sur la question. A une époque où les réponses institutionnelles tournent davantage autour du tout-sécuritaire, l’ouvrage est particulièrement bienvenu. « Entre la tentation de se débarrasser de ce(ux) qui dérange(nt) et la nécessité d’instaurer des limites, la frontière est souvent précaire ou à réinventer ».
Est-ce le rôle des enseignants de sanctionner ? Comment faire pour bien faire ? Pourquoi faut-il encore faire les mêmes remarques ? Comment adapter les sanctions au niveau de compréhension des enfants ? Autant de questions que se posent au quotidien les enseignants. Au fur et à mesure que les tensions sociales se renforcent, le sentiment d’échec ou d’impuissance est trop souvent le lot des équipes. On se sent seul, démuni, parfois peu soutenu par sa hiérarchie lorsqu’elle confond les signalements avec les indicateurs de performance. Dans un premier article, Annick Bonnefond propose une catégorisation en trois catégories, notamment pour le primaire : les manquements aux usages (politesse, impertinence), les écarts aux règles en vigueur dans le groupe d’appartenance (assiduité, travail, tricheries) et les manquements aux lois en vigueur dans la société (racisme, agression aux personnes, vols). Selon son expérience, les témoignages recueillis de la bouche des enseignants concernent très majoritairement les deux premières catégories, la dernière étant souvent traitée au niveau de l’école ou de l’établissement que dans l’intra de la classe. Pour celles-ci, donc, l’origine semble claire : vérifier les limites, attirer l’attention, s’opposer pour s’affirmer, exprimer des besoins qui ne sont pas entendus… L’auteure appelle donc l’attention sur les raisons de la punition : faire payer ? faire réparer ? rétablir l’ordre ? expliquer, faire comprendre ? Souvent, ces dimensions sont imbriquées, mélangées. Un travail de tri peut sans doute permettre de prendre du recul sur son action, et d’en assumer mieux, collectivement, les conséquences : qui assure le suivi de la sanction ? qui permet de résincrire l’enfant dans le groupe, le moment venu ? Telle lui semblent les variables à examiner pour que les moyens d’action choisis soient efficaces, et surtout conformes à l’image que les enseigants ont de leurs valeurs et de leurs idéaux, même dans les situations tendues.
Dans les chapitres suivants, les auteurs reviennent sur des situations concrètes, des séances de travail collectif d’explicitation, dégageant des « manières de faire » des enseignants. Ils sont le reflet des actions entreprises, mais aussi des doutes, des retours en arrière, des remises en question du réel. De nombreux témoignages concrets sont rassemblés, qui donnent à lire concrèrement les situations qui seront sans doute familières aux lecteurs… Et ce n’est pas la moindre qualité de ce court ouvrage, qui sera donc aussi précieux aux enseignants soumis à l’urgence du quotidien, qu’aux formateurs ayant la responsabilité de construire des cadres collectifs de travail pour renforcer le pouvoir d’agir des équipes.
L’ouvrage à commander sur le site de CGé
L’équipe de CGÉ publie aussi, dans la même collection, « Réinventer l’autorité à l’école »
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